Lors de son discours à l’Institut supérieur des Hadiths prophétiques et de leurs sciences dans la ville de Samarcande, le Mufti de la République affirme : Le savoir et la miséricorde sont les fondements de la construction de la véritable personnalité islamique.

Son Éminence le Professeur Dr. Nazir Mohamed ‘Ayyad, Mufti de la République et Président du Secrétariat général des institutions de fatwa dans le monde, a affirmé que le savoir, dans son essence et sa finalité, ne se résume pas à une accumulation d’informations ni à la mémorisation de textes. Il constitue plutôt un système intégré qui éclaire les esprits vers la justesse, purifie les âmes, et pousse l’être humain à discerner la vérité de l’erreur. Lorsque le savoir est privé de ses dimensions éthique et comportementale, il perd son essence et sa capacité à construire et à réformer.
Il a également souligné que la miséricorde n’est pas un élément accidentel ou secondaire dans le parcours du savoir, mais bien un pilier fondamental, une mesure précise qui oriente sa trajectoire. C’est par elle que l’effet du savoir devient juste, que son objectif se réalise et que sa finalité s’élève. Il n’existe point de savoir utile, ni de jurisprudence éclairée, sans un cœur animé par la miséricorde.
Ces propos ont été tenus par Son Éminence lors de son intervention à l’Institut supérieur des hadiths prophétiques et de leurs sciences, dans la ville de Samarcande, en marge de la conférence intitulée : « L’école maturidite : école de tolérance, de modération et de connaissance », en République d’Ouzbékistan.
Le Mufti de la République a souligné que la noble biographie prophétique représente le modèle parfait de cette merveilleuse harmonie entre le savoir et la miséricorde. Cela s’est manifesté dans de nombreuses situations de la vie du Prophète ﷺ, parmi lesquelles le récit rapporté par les nobles compagnons à propos de l’homme venu lui demander la permission de commettre la fornication. Le Prophète ne le réprimanda ni ne le blâma, mais lui adressa la parole avec sagesse et douceur, éveillant en lui ses sentiments humains, au point qu’il renonça à sa demande, le cœur rempli de foi et de pureté. Cette miséricorde se manifeste également dans l’épisode du bédouin qui urina dans la mosquée : alors que certains compagnons s’apprêtaient à le réprimander, le Prophète ﷺ les en empêcha et géra la situation avec une sagesse remarquable, expliquant gentiment au bédouin le caractère sacré des lieux purs. Ainsi, il offrit une leçon éternelle sur l’éducation par la miséricorde et l’enseignement par la sagesse.
**Son Éminence le Mufti a également indiqué que le mensonge constitue l’un des fléaux les plus graves pouvant corrompre la religion et la raison de l’homme, détruisant les ponts de confiance entre lui et sa société. Il est l’une des pires maladies pouvant frapper les cœurs, et l’un des plus grands facteurs de corruption des paroles et des actes. Par le mensonge, les vérités sont dissimulées, les intentions déformées, et les droits anéantis. Le mensonge n’est pas seulement une déviation de la langue, mais un égarement de la compréhension et un dérèglement de la mesure morale. Il est la clé de tout mal, comme le souligne le hadith prophétique : « Le mensonge mène à la perversion, et la perversion mène à l’Enfer. »
Il a mis en garde contre la gravité de ce péché pour quiconque s’occupe de la Sunna prophétique, soulignant qu’il ne se limite pas à inventer des paroles et à les attribuer faussement au noble Prophète ﷺ, mais qu’il s’étend également à la falsification de la compréhension, à l’extraction des textes hors de leur contexte, à leur surcharge de sens qu’ils ne supportent pas, ou à leur instrumentalisation au service de passions ou de déviances intellectuelles ou morales. Le Mufti a précisé que celui qui travaille avec la Sunna porte une responsabilité immense, qui dépasse la simple transmission : elle inclut également la fidélité dans la compréhension, la justesse dans l’interprétation, la prise en compte du contexte, et la sincérité dans la transmission et les intentions. Toute erreur dans l’interprétation, toute invocation de textes hors de propos, ou toute instrumentalisation de ces textes à des fins qui leur sont étrangères, constitue en réalité une forme de mensonge — parfois encore plus dangereuse que le mensonge verbal, car ce dernier peut être découvert et corrigé, tandis que le mensonge dans le sens peut égarer les gens et bouleverser les équilibres.
À la fin de son discours, Son Éminence le Mufti de la République a exhorté les étudiants en sciences religieuses ainsi que ceux qui se consacrent à l’étude de la Sunna prophétique à multiplier les invocations et les demandes de pardon (dhikr et istighfâr), car elles sont source de sérénité pour les cœurs, d’illumination pour les esprits et de protection pour l’âme. Il a souligné que le rappel d’Allah est une arme qui préserve l’homme des troubles, et le dote d’une force spirituelle et intellectuelle lui permettant de préserver la rigueur scientifique dans la compréhension et l’application des textes. Il les a ainsi invités à faire du dhikr une forteresse les préservant des erreurs dans leurs paroles et leurs actes.
Son Éminence a exprimé, en conclusion, sa profonde gratitude et son estime envers les responsables de l’Institut supérieur des hadiths prophétiques et de leurs sciences, ainsi que sa joie d’avoir participé à cette rencontre scientifique bénie, en présence des étudiants, des membres du corps professoral de l’Institut, et de plusieurs invités du congrès. Ont également pris la parole lors de cette session : Son Éminence le Professeur Dr. ‘Alî Gomaa, membre du Conseil des Grands Savants d’al-Azhar, Son Éminence le Professeur Dr. Oussâma al-Azhari, Ministre des Affaires religieuses, et Son Éminence le Professeur Dr. Ahmad al-Hassanât, Mufti du Royaume Hachémite de Jordanie, qui ont tous prononcé des interventions enrichissantes, apportant des dimensions intellectuelles et scientifiques profondes sur le statut de la Sunna prophétique, et réaffirmant l’importance de la modération et de la miséricorde dans l’approche des textes et de leurs finalités.