Le Mufti de la République reçoit le nouvel ambassadeur du Canada au Caire et affirme : Ce qui se passe à Gaza est une honte et un déshonneur pour la communauté internationale.

Son éminence Dr. Nazir Mohamed ‘Ayyad, Mufti de la République et président du Secrétariat général des institutions de fatwa dans le monde, a reçu ce lundi, au siège de Dar al-Ifta d’Égypte au Caire, Son Excellence l’ambassadeur Ulric Shannon, nouveau représentant du Canada en Égypte, afin de discuter du renforcement de la coopération bilatérale.
Son Éminence le Mufti a souhaité la bienvenue à l’ambassadeur canadien dans son « second pays », l’Égypte, le félicitant pour sa prise de fonctions et lui souhaitant un parcours diplomatique couronné de succès et riche en accomplissements, contribuant à resserrer les liens d’amitié entre les deux pays et à promouvoir un partenariat accru dans les divers domaines d’action.
Le Mufti de la République a affirmé que Dar al-Ifta d’Égypte constitue un centre de référence dans le monde islamique en matière de fatwa et de pensée religieuse modérée, précisant qu’elle regroupe plusieurs départements spécialisés œuvrant à renforcer la conscience sociétale et à approfondir les concepts religieux équilibrés.
Son Éminence a également présenté les efforts du Centre Salam pour les études sur l’extrémisme et la lutte contre l’islamophobie, affilié à Dar al-Ifta, en expliquant qu’il s’agit d’un centre de recherche visant à comprendre les racines de l’extrémisme et à élaborer des stratégies scientifiques pour y faire face, à travers des études et des recherches spécialisées ciblant divers segments de la société.
Il a en outre mis en lumière le rôle de l’« Indice mondial de la fatwa », considéré comme un outil de recherche qui observe et analyse les tendances des fatwas à l’échelle mondiale, révélant les orientations dangereuses susceptibles d’entraîner désordre ou violence au nom de la religion. Il a souligné que cet indice est désormais devenu une référence internationale majeure dans le domaine de l’analyse du discours religieux.
Son Éminence a souligné le rôle majeur joué par le département de la formation, qui accueille des étudiants en sciences religieuses et des muftis venus des quatre coins du monde. Il a affirmé que les programmes de formation ne se limitent pas aux aspects juridiques et religieux, mais incluent également des disciplines liées à la vie quotidienne, dans le but de former un mufti conscient de la réalité et des données contemporaines. Il a insisté sur le fait que Dar al-Ifta veille constamment à faire appel à des spécialistes, notamment dans les domaines médical et social, afin de permettre au mufti d’émettre une fatwa fondée sur une compréhension globale et concrète des situations.
Il a également mis en évidence le rôle de l’institution dans le développement de la conscience sociétale, en indiquant que lui-même, ainsi que les savants de la Maison de la Fatwa, effectuent des tournées de terrain régulières pour rencontrer les jeunes dans les universités et les écoles à travers les différentes provinces de la République, dans le cadre de l’initiative nationale « Construction de la conscience » adoptée par l’État égyptien.
Son Éminence a aussi évoqué l’expansion considérable de Dar al-Ifta à travers l’ouverture de nouvelles antennes dans plusieurs gouvernorats d’Égypte, dans le cadre d’un plan visant à atteindre 27 branches, afin de faciliter l’accès à des avis juridiques éclairés pour l’ensemble des citoyens à l’échelle nationale.
Dans un autre registre, le Mufti de la République a abordé la place de la femme en islam, expliquant qu’il n’existe aucune contradiction entre la liberté de la femme et le principe de la qiwāmah (responsabilité de l’homme), qui consiste en réalité en un devoir pour l’homme de veiller sur la femme et de subvenir à ses besoins, et non en un droit de domination. Il a affirmé que l’islam considère la femme avec estime et respect, et lui garantit l’ensemble de ses droits, y compris son droit à l’héritage. Il a également souligné que Dar al-Ifta compte plusieurs muftiates qualifiées, et qu’une attention particulière est portée à leur formation académique et pratique.
Enfin, le Mufti a évoqué le Secrétariat général des institutions de fatwa dans le monde, qui regroupe 111 membres issus de plus de 80 pays, constituant une plateforme fédératrice pour les institutions de fatwa à l’échelle internationale, visant à coordonner les efforts et à unifier un discours religieux équilibré et éclairé.
Son Éminence le Mufti a exprimé à l’ambassadeur canadien sa ferme condamnation et sa profonde indignation face à la situation tragique que traverse la bande de Gaza, en raison de la poursuite de la guerre et de l’agression. Il a affirmé que ce qui se passe sur le sol de Gaza constitue une honte et une tache indélébile sur le front de l’humanité et de la communauté internationale, laquelle demeure impuissante face au drame d’un peuple sans défense, exterminé sous les yeux du monde.
Son Éminence a ajouté que le double standard flagrant adopté par les grandes puissances dans le traitement des crises humanitaires, et l’application de critères sélectifs dans la défense des opprimés, ne font qu’alimenter les foyers de tension, attiser les sentiments de colère et de haine, et nuire gravement à la stabilité et à la sécurité de la communauté internationale.
Le Mufti a également insisté sur le fait que la poursuite de cette catastrophe humanitaire ouvre la voie à l’émergence de courants et de mouvements extrémistes, qui exploitent ce tableau sanglant pour justifier leur discours et leurs actes, dans un climat général de désespoir et de perte de confiance dans la justice du système international et de ses institutions.
Pour sa part, l’ambassadeur du Canada a exprimé sa profonde reconnaissance pour le rôle important que joue Dar al-Ifta d’Égypte dans la diffusion des valeurs de tolérance et de modération, ainsi que dans la lutte contre l’extrémisme à travers un discours religieux équilibré, fondé sur la connaissance et l’ancrage dans la réalité. Il a également affirmé la volonté de son pays de renforcer la coopération avec les institutions religieuses et intellectuelles modérées en Égypte, en particulier Dar al-Ifta, en raison de son influence tangible dans la consolidation de la stabilité et la construction de passerelles avec les communautés musulmanes à travers le monde.