Dr Ibrahim Negm, lors de sa conférence aux oulémas des instances de fatwa malaisiennes : « La Maison de la Fatwa a accordé une grande importance au renforcement de sa présence médiatique afin de couper la voie aux personnes non qualifiées. »

Dr Ibrahim Negm, conseiller général du Grand Mufti de la République et secrétaire général des Conseils et Organismes de Fatwa dans le monde, a donné une conférence intitulée : « La fatwa et les médias : les défis de la relation et les voies de coopération », dans le cadre du programme de formation organisé par Dar al-Ifta d’Égypte au profit d’un groupe d’oulémas des instances de fatwa malaisiennes, d’universitaires et de représentants du Bureau de développement des affaires islamiques en Malaisie.
Au début de son intervention, Dr Negm a expliqué que la relation entre la fatwa et les médias a connu des transformations profondes au cours des dernières décennies. Il a souligné que la fatwa n’est plus confinée à un cadre local comme auparavant, mais qu’elle est désormais diffusée à l’échelle mondiale grâce aux avancées technologiques et médiatiques. Cela l’expose à de nouveaux défis tels que la diffusion anarchique, les interprétations erronées et parfois même la désinformation médiatique volontaire.
Il a également indiqué que les médias, sous toutes leurs formes, disposent aujourd’hui d’un pouvoir considérable dans la formation de la conscience des individus. Dès lors, la responsabilité qui incombe aux institutions religieuses et aux savants est double : ils doivent interagir avec les médias de manière lucide et présenter un discours religieux équilibré, exprimé dans une langue capable de toucher le public sans excès ni laxisme.
Dr Ibrahim Negm a affirmé que certains médias — qu’ils agissent de bonne ou de mauvaise foi — ont contribué à déformer l’image de la fatwa aux yeux de l’opinion publique mondiale. Il a souligné que le terme « Fatwa » est, pour beaucoup en Occident, associé à des sanctions ou à la violence, en raison d’un traitement médiatique erroné. Il a illustré ses propos par l’exemple de prétendues fatwas relayées par certains médias internationaux, telles que la soi-disant « fatwa autorisant à manger de la chair humaine en cas de famine », expliquant qu’il s’agit d’une histoire inventée de toutes pièces, sans aucun fondement, et que sa diffusion a nui gravement à l’image des institutions religieuses.
Le secrétaire général des Conseils et Organismes de Fatwa dans le monde a déclaré :
« La fatwa existe pour faciliter la vie des gens et non pour la compliquer. C’est un acte scientifique rigoureux qui obéit à des règles et relève de spécialistes ; elle ne doit pas être réduite à une matière de moquerie ou de polémique médiatique. »
Il a ajouté que Dar al-Ifta a accordé une importance majeure au renforcement de sa présence médiatique, consciente des risques liés à l’abandon du terrain et désireuse de fermer la porte aux personnes non qualifiées. À cette fin, elle a lancé un ensemble intégré de pages et de plateformes officielles sur les réseaux sociaux dans plusieurs langues, en plus de produire des supports audiovisuels destinés à contrer les idéologies extrémistes et à diffuser une compréhension correcte de la religion.
Dr Negm a précisé que les médias — traditionnels comme numériques — peuvent être des outils de construction ou de destruction, selon la manière dont ils sont utilisés. Il a insisté sur la nécessité d’une coopération étroite entre les savants et les professionnels des médias afin de protéger la société contre le désordre en matière de fatwa et contre les tentatives d’exploitation de la religion à des fins politiques ou extrémistes.
Il a également appelé à former les muftis et les savants aux compétences en communication et en médias, considérant que l’activité de fatwa à l’époque contemporaine ne peut être séparée de la compréhension des outils de communication, de la connaissance du public et de la diversité de ses plateformes.
« Le mufti moderne doit être conscient de l’évolution de la nature des médias et savoir qu’un seul mot peut atteindre des millions de personnes en quelques secondes. Ce qu’il dit doit donc reposer sur une science solide et une pleine responsabilité. »
Le secrétaire général a conclu sa conférence en affirmant que les médias sont des partenaires essentiels dans la rectification des concepts religieux et la lutte contre les fatwas déviantes. Il a averti que l’absence des savants des espaces médiatiques laisse le champ libre aux extrémistes.
« Lorsque des savants qualifiés s’expriment avec sagesse, dans la langue de leur époque et avec sincérité, ils participent à l’édification de la conscience et à la protection des esprits contre les dérives. C’est une responsabilité collective que nous devons tous assumer. »