L’affiliation de l’adultérin
Question
L’homme est-il religieusement permis de s’attribuer un enfant en absence de preuve attestant qu’il est son enfant biologique ? On m’a informé qu’Abu Hanifa et ach-Chaféi avaient interdit l’adoption de l’enfant illégitime ; car, selon eux, cet enfant n’est pas le sien. Cette opinion est-elle vraiment juste ?
Réponse
Oui, l’opinion qui prévoit l’illégitimité d’affilier un enfant adultérin au fornicateur est juste et fait l’unanimité de tous les savants musulmans qui considèrent que la fornication n’entraine pas l’affiliation de l’enfant adultérin au fornicateur. Mais il convient d’attirer l’attention sur la différence entre l’affiliation de l’enfant adultérin au fornicateur et l’octroi de la paternité à un enfant qui n’est pas le sien. Les savants sont unanimes pour considérer la paternité comme étant résulté d’une union légitime et non pas d’une relation biologique. Ainsi, le fornicateur n’a pas le droit de réclamer sa paternité de l’enfant, fruit de sa relation interdite avec sa mère ; car, en Islam, le sperme d’adultère est nul et sans effet conformément au Hadith : « L’enfant appartient au lit conjugal et le fornicateur n’aura rien. ». En revanche, la relation entre l’enfant et sa mère est une relation biologique.
En réponse à votre question relative à l’homme qui veut s’attribuer un enfant, nous indiquons qu’il est autorisé de le faire conformément à l’avis de certains jurisconsultes. Mais cette autorisation est conditionnée par ce qui suit :
_ La mère de l’enfant ne doit pas contester cette affiliation.
_ La femme ne doit pas être mariée durant sa conception de l’enfant ; car si elle était mariée pendant la conception, l’enfant sera, unanimement, affiliée au mari de la femme.
_ L’homme peut s’attribuer l’enfant sans déclarer qu’il s’agit de son enfant adultérin, et ce, en vue de protéger l’avenir de l’enfant et d’éviter la confusion de la filiation. Dans ce cas, la paternité accordée à l’enfant doit être considérée comme résultant d’un coït par erreur. Car si l’homme déclare solennellement qu’il accorde sa paternité à l’enfant en raison d’adultère, dans ce cas, sa paternité sera unanimement rejetée. En effet, la charia tolère la filiation de l’enfant au géniteur qui n’avoue pas avoir commis l’adultère avec la mère de l’enfant par souci de garder en secret son péché. Ainsi, personne n’a le droit de le poursuivre pour lui appliquer la peine d’adultère ; mais la charia lui ordonne plutôt de s’en repentir à Allah. En vérité, cette question figure parmi les questions critiques en matière de fiqh qui prend en compte les circonstances respectives de chacun.
Et Allah Seul le sait par excellence