Le Mufti de la République, lors de sa présidence d'une session scientifique au congrès du Conseil international de jurisprudence islamique à Doha : – La charia islamique est pionnière dans la prise en compte des situations humaines, sociales et psychologiques lorsqu'elle traite des questions de capacité juridique et de responsabilité religieuse.

Son Éminence le Professeur Dr. Nazir ‘Ayyad – Mufti de la République et Président du Secrétariat général des institutions de fatwa dans le monde – a affirmé que la charia islamique est pionnière dans la prise en considération des dimensions humaines, sociales et psychologiques lors de l’examen des questions de capacité juridique et de responsabilité religieuse. Il a souligné que les maladies psychologiques sont aujourd’hui devenues des questions complexes nécessitant un effort d’interprétation collectif, associant les savoirs juridiques, médicaux et psychologiques.
Cela a été déclaré lors de sa présidence de la sixième session scientifique des travaux de la 26ᵉ session du Conseil du Fiqh islamique international, tenue à Doha, capitale du Qatar. Cette session portait sur le thème : « L’impact des maladies psychologiques sur la capacité juridique en islam », et a vu la participation d’un groupe éminent de savants, parmi lesquels :
- Son Éminence Sheikh Dr. Salih ibn Ḥumayd, Président du Conseil du Fiqh islamique international et conseiller à la Cour royale d’Arabie Saoudite,
- S.E. Dr. Qutb Sano, Secrétaire général du Conseil du Fiqh islamique international affilié à l’Organisation de la coopération islamique,
- Dr. ‘Ajīl al-Nashmī, membre du Conseil du Fiqh islamique du Koweït,
- Dr. Thaqīl al-Shammari, membre du Conseil du Fiqh islamique et Vice-président de la Cour de cassation du Qatar.
Son Éminence le Mufti a déclaré dans son allocution :
Le développement considérable que nous observons aujourd’hui dans le domaine des sciences psychologiques nous pousse à reconsidérer de nombreuses règles juridiques qui sont directement liées à la question de la capacité juridique, en particulier celles concernant les actes financiers, les contrats, le mariage, le divorce, et d’autres transactions qui requièrent discernement et maturité. »
Il a ajouté :
« La charia islamique a toujours pris en compte la condition des personnes légalement responsables, distinguant entre ceux dont la capacité est complète et ceux dont elle est affectée par une déficience ou un trouble. Cela se manifeste clairement dans les dispositions relatives aux fous, aux prodigues, aux contraints, et autres. Aujourd’hui, les avancées scientifiques et les diagnostics précis des maladies psychologiques nous offrent de nouveaux outils pour mieux comprendre ces situations. Il nous faut en tirer profit pour appliquer les règles de la charia d’une manière qui réalise ses finalités et préserve des préjudices. »
Le Mufti de la République a précisé que Dar al-Iftâ d’Égypte œuvre selon cette méthodologie scientifique intégrée. Elle veille à bénéficier de l’expertise de spécialistes de différents domaines, notamment les médecins dans leurs disciplines précises, lors de l’étude de toute question religieuse à caractère technique. Ceci afin que les jugements religieux soient fondés sur une base scientifique solide, que la fatwa soit rigoureuse, en harmonie avec les évolutions de l’époque, et conforme aux finalités de la charia tout en préservant l’intérêt de l’être humain.
Dr. Nazir ‘Ayyad a affirmé qu’il est du devoir des jurisconsultes contemporains d’interagir sérieusement avec ces problématiques modernes, et de contribuer au développement d’un fiqh du réel qui soit en phase avec l’esprit et les objectifs supérieurs de la charia, en particulier à la lumière de l’augmentation des troubles psychologiques dans les sociétés musulmanes, en raison des défis économiques, sociaux et culturels croissants.
Son Éminence a conclu son discours en soulignant que la prise en compte de la dimension psychologique dans la législation islamique ne constitue pas une déviation des textes, mais bien une application fidèle de la philosophie législative fondée sur la miséricorde, la justice et la levée des contraintes. Il a appelé à la poursuite de la coopération entre les conseils de jurisprudence, les institutions médicales et les experts de tous les domaines, afin de proposer des visions juridiques contemporaines tenant compte de la réalité et de ses mutations, préservant la dignité humaine, l’intérêt général et la stabilité des sociétés.