Lors de son discours au Deuxième Forum Environnemental pour le Développement Durable à l’Université de Benha, le Mufti de la République affirme : « L’environnement n’est pas une affaire propre aux adeptes d’une seule religion. »

Le Professeur Dr. Nazir Mohamed ‘Ayyad, Mufti de la République et président du Secrétariat général des institutions de fatwa dans le monde, a déclaré que les plus grands fondements de la vie sur lesquels repose la civilisation humaine sont l’eau, la nourriture et l’énergie. Ce sont les trois piliers sans lesquels la vie ne peut se poursuivre ni l’urbanisation se construire.
Cette déclaration a été faite lors du discours qu’il a prononcé au Deuxième Forum Environnemental pour le Développement Durable organisé par l’Université de Benha, sous le thème : « De la rareté à la durabilité : défis et solutions », dans le cadre d’une table ronde animée par l’ingénieur Ayman ‘Atiyya, gouverneur de Qalyubiyya, et le Dr. Nasser Al-Gizawi, président de l’Université de Benha.
Son Éminence le Mufti a souligné que parler des énergies renouvelables et des ressources naturelles ravive en nous la conscience d’une réalité douloureuse : celle de peuples souffrant de pénurie d’eau et de sécheresse, en raison d’agressions flagrantes contre la terre et l’environnement. Cela appelle à une prise de conscience réelle de la valeur des bénédictions que nous possédons.
Il a expliqué que l’environnement n’est pas simplement un cadre dans lequel nous vivons, mais bien le fondement même de l’existence humaine. Dieu a créé l’homme, l’a honoré, et a mis à son service tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Cependant, l’homme agit trop souvent avec ingratitude à l’égard de cette bénédiction, en violant la loi divine de la soumission des éléments à son service, ce qui nécessite une compréhension saine de cette loi, fondée sur la préservation de l’environnement et sur la transmission des ressources d’une génération à l’autre sans gaspillage ni excès.
Il a cité à cet égard la parole d’Allah : « Mangez et buvez, mais ne commettez pas d’excès » (Sourate Al-A‘rāf, verset 31), ainsi que le hadith du Prophète ﷺ :
« Ne gaspille pas l’eau, même si tu te trouves sur un fleuve en crue. »
Son Éminence le Mufti a souligné que la responsabilité de préserver l’environnement ne relève pas des seuls adeptes d’une religion particulière, mais constitue un devoir humain universel, conformément à la parole divine :
{« Je vais établir un vicaire (calife) sur la terre »} [Sourate Al-Baqara, verset 30].
Il a ajouté que la crise environnementale actuelle reflète un profond décalage entre ce que Dieu a voulu pour l’homme — la mise en valeur de la terre — et le comportement destructeur et la consommation excessive qui en ont résulté.
Aujourd’hui, l’être humain fait face à deux grands défis : la continuité de l’action et la qualité de l’action, car la foi ne peut être dissociée de l’action, tout comme le culte ne peut être séparé de la protection des ressources naturelles et du respect des droits des générations futures.
Dans ce contexte, Son Éminence le Mufti a présenté les efforts de la Maison de la Fatwa égyptienne (Dār al-Iftā al-Miṣriyya) en faveur des questions environnementales et du développement durable. Il a affirmé que l’institution religieuse a joué un rôle de pionnier dans le renforcement de la conscience religieuse écologique, notamment à travers l’émission de fatwas variées portant sur :
- la pollution de l’eau,
- le gaspillage de l’eau lors des ablutions,
- le recyclage des déchets,
- les atteintes aux réseaux d’eau,
- et les aliments génétiquement modifiés.
Dār al-Iftā a cherché à traduire ces fatwas en initiatives communautaires et en collaborations institutionnelles concrètes. Des discussions ont ainsi été engagées pour lancer des campagnes nationales de sensibilisation à la rationalisation de la consommation d’eau.
Son Éminence a également mentionné la participation active de Dār al-Iftā à plusieurs événements environnementaux, notamment le colloque organisé par l’Université du Nil en partenariat avec l’association "Ingénieurs pour une Égypte durable" en juin 2025, où il a affirmé que les questions environnementales ne relèvent plus du luxe intellectuel ni d’un intérêt réservé aux élites, mais qu’elles font désormais partie intégrante des enjeux de sécurité humaine et d’existence cosmique.
Il a ainsi appelé à la modération dans la consommation et à la préservation des ressources, dans une optique de durabilité fondée sur la justice et la responsabilité.
À l’échelle internationale, Son Éminence le Mufti a souligné le rôle joué par le Secrétariat général des institutions de fatwa dans le monde, relevant de Dār al-Iftā al-Miṣriyya, dans l’appui au processus du développement durable.
En 2021, ce Secrétariat a publié plusieurs numéros de sa revue Jusour (Ponts) sous le thème : « La charia et le développement durable ». Il a également organisé en 2022 son septième congrès mondial, intitulé : « La fatwa et les objectifs du développement durable », avec la participation de savants et de muftis venus de 91 pays, et en présence de représentants des Nations Unies et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) — une initiative qui témoigne de l’engagement de l’institution religieuse à relier les valeurs religieuses aux objectifs environnementaux mondiaux.
À l’issue des travaux du forum, Son Éminence le Mufti a formulé plusieurs recommandations pratiques visant à intégrer la dimension religieuse dans les politiques environnementales, parmi lesquelles :
- Renforcer la conscience religieuse et nationale autour de la nécessité de rationaliser la consommation des ressources ;
- Lancer des programmes de sensibilisation communautaire, en partenariat avec les institutions religieuses, éducatives et médiatiques ;
- Soutenir les initiatives nationales et internationales visant à réaliser le développement durable, en particulier celles liées à la sécurité de l’eau, de la nourriture et aux énergies propres ;
- Intégrer les concepts de durabilité environnementale dans les programmes scolaires et les prêches religieux, afin de former une génération consciente, reconnaissante des bienfaits divins et soucieuse de les préserver ;
- Activer les fatwas de Dār al-Iftā al-Miṣriyya relatives aux questions environnementales, en les traduisant en initiatives concrètes et campagnes de terrain au service de la société et du développement ;
- Soutenir l’innovation dans les domaines des énergies propres et du recyclage ;
- Élargir l’usage de l’énergie solaire dans les institutions publiques et privées ;
- Adopter des politiques de gouvernance environnementale renforçant le partenariat entre les institutions religieuses et scientifiques.
Dans un geste de reconnaissance et de gratitude, le professeur Nasser El-Gizawy, président de l’université de Benha, a remis le bouclier d’honneur de l’université à Son Éminence le Mufti de la République, en hommage à ses efforts reconnus dans le développement de la conscience religieuse, culturelle et sociale des étudiants universitaires, ainsi qu’à son rôle dans l’ancrage de la complémentarité entre science et religion dans le traitement des problématiques contemporaines.
Le forum a vu la participation de nombreuses personnalités éminentes, parmi lesquelles :
Le professeur Nasser El-Gizawy, président de l’université de Benha ;
Le professeur Sayed Foda, vice-président chargé de l’environnement et du service à la communauté ;
L’ingénieur Ayman Atiya, gouverneur de Qalyubiyya ;
Le professeur Salama Daoud, président de l’université d’Al-Azhar ;
Le professeur Ayman Farid Abou Hadid, ancien ministre de l’Agriculture ;
Le professeur Ali Shams Eddin, ancien président de l’université de Benha ;
…ainsi qu’un grand nombre de vice-présidents d’université, doyens, vice-doyens, membres du corps professoral de l’université de Benha, des étudiants, ainsi qu’un groupe de cadres académiques, chercheurs et personnes intéressées par les questions environnementales.