Lors de son discours à l’Institut national de recherche en astronomie et géophysique, le grand mufti de la République a souligné que la science constitue un acte de foi et un comportement civilisé, favorisant l’épanouissement de l’être humain et le progrès de la société.

Le professeur Nazir Mohamed Ayyad, grand mufti de la République et président du Secrétariat général des institutions de fatwa dans le monde, a participé aux travaux de la neuvième conférence arabe sur l’astronomie et la géophysique, organisée à l’Institut national de recherche en astronomie et géophysique sous le thème : “La science au service de la société”. L’événement s’est tenu sous le patronage du professeur Ayman Ashour, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, en présence du professeur Taha Rabah, président de l’Institut, du professeur Khaled Zahran, président du comité d’organisation de la conférence, du Dr Mahmoud Sedqi Al-Hawari, secrétaire général adjoint de l’Académie des recherches islamiques, ainsi que du Dr Ali Omar Al-Farouk, directeur du secteur juridique à Dar al-Ifta, aux côtés de nombreux présidents d’université, chercheurs et scientifiques venus d’Égypte et de l’étranger.
Le grand mufti a souligné que cette conférence constitue un véritable point de départ scientifique pour tous les aspects de la vie. Aujourd’hui, parler de science est devenu une nécessité vitale imposée par la réalité : elle est à la fois le cœur de la foi et un moyen de se rapprocher de Dieu, mais aussi une démarche civilisée qui contribue au développement et à l’édification de l’être humain. Il a rappelé que Dieu a établi un lien étroit entre savoir et comportement, considérés comme une graine enracinée dans la conscience, qui fonde une science éclairée et une pensée lucide. L’islam a voulu que la connaissance soit le socle sur lequel repose la vie et grâce auquel les nations s’élèvent.
Il a ajouté que les catastrophes naturelles ont un impact direct sur les dynamiques de progrès et de développement économique et urbain, et que leur danger s’accroît avec la croissance démographique et l’expansion des zones habitées. Leurs effets peuvent paralyser les infrastructures vitales, provoquer le déplacement des populations et engendrer des problèmes environnementaux durables. Cela rend indispensable l’adoption de stratégies et de solutions préventives fondées sur la science et la réflexion éclairée, afin de préserver le développement et de garantir la continuité du progrès.
Le grand mufti a souligné que la mission confiée à l’être humain sur terre implique une gestion responsable et intelligente des ressources naturelles, afin de les utiliser au service du développement et de la prospérité. Dans cette perspective, la science constitue un pilier essentiel pour accomplir cette mission et en garantir l’équilibre. Il a insisté sur le fait que la relation entre religion et science est une relation d’harmonie et de complémentarité, et non d’opposition. Le Coran regorge de versets qui invitent à la réflexion, à la contemplation, à l’action et à la créativité. L’histoire de la civilisation islamique témoigne d’ailleurs de la grandeur de la pensée scientifique développée par les savants musulmans dans de nombreux domaines du savoir.
Il a ajouté que la raison humaine révèle l’importance de l’équilibre entre les différents aspects de la vie. Lorsque la science s’allie à la raison, de vastes horizons de progrès s’ouvrent à l’humanité sur des bases solides, associant foi, savoir et développement. À travers l’histoire, certaines communautés ont dévié de cette voie : certaines ont misé uniquement sur la science en négligeant la dimension morale, ce qui a conduit à l’effritement des sociétés et au déplacement des populations ; d’autres se sont limitées à la religion sans rechercher le savoir, s’éloignant ainsi du progrès civilisationnel. En revanche, les communautés qui ont su combiner religion et science sont celles qui portent les espoirs de la renaissance des nations.
Le mufti a également rappelé que la loi islamique appelle à s’approprier les savoirs utiles à la vie, qui contribuent à la prospérité de la terre et au bien-être de l’être humain. Il a ajouté que la raison saine est la compagne fidèle du texte religieux explicite, et que la fatwa ne se détache jamais de la réalité, mais interagit avec elle et répond à ses évolutions. Dar al-Ifta d’Égypte suit attentivement les avancées scientifiques et technologiques afin de distinguer ce qui est permis de ce qui ne l’est pas, à la lumière des objectifs de la charia et des exigences de l’époque.
Ainsi, elle s’appuie sur la médecine pour les questions de santé, sur les sciences de l’environnement et de l’économie pour les affaires sociales et matérielles, sur la sociologie pour les questions familiales, sur la géographie et l’astronomie pour la détermination de la direction de la prière, des horaires et des rites, et sur les observations spatiales ainsi que la génétique pour les questions liées aux embryons, à l’hérédité et à la filiation. Tout cela découle de la conviction que la fatwa exige de tenir compte du temps, du lieu et des évolutions de la science moderne.
Enfin, il a invité à s’inspirer de la méthode des savants anciens qui ont su concilier raison et révélation dans une approche équilibrée, porteuse d’un véritable renouveau intellectuel, scientifique et moral.
Le grand mufti a conclu en affirmant que la position de l’islam face aux avancées scientifiques et technologiques est une ouverture éclairée et réfléchie. L’islam considère l’intelligence artificielle et les autres formes de progrès scientifique avec une attitude d’acceptation raisonnée, fondée sur la compréhension et l’évaluation, et non sur le rejet systématique. La science et la religion sont comme les deux ailes d’un même oiseau : aucune ne peut s’élever sans l’autre. Leur relation repose sur la complémentarité et non sur l’exclusion.
Une science détachée des valeurs perd sa direction, tandis qu’une religion qui ignore les lois de la nature se coupe de la réalité. D’où l’importance de préserver cet équilibre entre science et foi, qui protège l’identité, oriente le cheminement et prépare l’avenir sur des bases solides. Le mufti a prié pour que Dieu accorde aux chercheurs le succès dans l’accomplissement de leur mission scientifique, au bénéfice de la société et de l’humanité.
De son côté, le professeur Taha Rabah, président de l’Institut national de recherche en astronomie et géophysique, a exprimé sa profonde joie et sa grande estime pour la présence du grand mufti, saluant l’importance de son soutien au développement de la recherche scientifique et au renforcement des passerelles entre savants et autorités religieuses. À cette occasion, il lui a remis le bouclier honorifique de l’Institut, en reconnaissance de son rôle majeur dans la promotion des valeurs de modération et dans la diffusion d’une pensée éclairée et responsable.