Lors de son allocution à l’Universi...

Dar al-Iftaa d'Égypte

Lors de son allocution à l’Université de Menoufia, le Mufti de la République affirme que l’islam est une religion de paix, de justice et de miséricorde… et que les actes et comportements des extrémistes n’ont aucun lien avec l’islam.

Lors de son allocution à l’Université de Menoufia, le Mufti de la République affirme que l’islam est une religion de paix, de justice et de miséricorde… et que les actes et comportements des extrémistes n’ont aucun lien avec l’islam.

Son Éminence le Professeur Dr. Nazir Mohamed ‘Ayyad, Mufti de la République et Président du Secrétariat général des institutions de Fatwa dans le monde, a affirmé que la société d’aujourd’hui fait face à un ensemble de défis complexes touchant les domaines de la pensée, du comportement et des valeurs. Ces derniers temps, des courants intellectuels ont émergé, cherchant à diffuser des notions erronées visant à perturber la conscience collective, à éloigner l’être humain de ses constantes religieuses et à déformer les vérités. La société est également confrontée à des défis sociaux croissants résultant de pratiques et de comportements qui affaiblissent les liens humains et corrompent les relations entre les individus. À cela s’ajoutent des défis technologiques, où certaines plateformes et applications numériques sont exploitées pour propager l’immoralité et porter atteinte au système des valeurs. Sans oublier les défis économiques que traverse la société et leurs pressions directes sur les familles. S’y ajoutent les défis religieux, qui se manifestent sous forme de laxisme, d’indiscipline, d’extrémisme et de rigorisme. Tout cela souligne l’impérieuse nécessité de renforcer une formation scientifique et religieuse équilibrée, et d’établir une méthodologie éclairée capable d’orienter la conscience publique et de préparer la société à affronter ces défis, assurant ainsi la protection intellectuelle et morale des individus et des familles.

Ces propos ont été tenus lors du discours que Son Éminence a prononcé à l’Université de Menoufia, intitulé « La famille à l’ère des défis », en présence du Professeur Dr. Ahmed Farag Al-Qassad, président de l’université, du Professeur Dr. Nasser Abdel Bari, vice-président chargé de l’enseignement et des affaires étudiantes, de la Professeure Dr. Ghada Ali Hassan, vice-présidente chargée des études supérieures et de la recherche, ainsi qu’un grand nombre de membres du corps professoral et d’étudiants.

Son Éminence le Mufti a expliqué que la famille représente le pilier fondamental de la stabilité de la société, soulignant que les lois révélées comme les doctrines philosophiques s’accordent toutes sur le fait que la famille constitue le premier rempart protégeant la société contre la désintégration et la décadence. Il a indiqué que ce principe est clairement établi dans les Textes sacrés ; le Coran l’affirme dans le verset : “Parmi Ses signes, Il a créé de vous, pour vous, des épouses afin que vous trouviez auprès d’elles tranquillité, et Il a placé entre vous affection et miséricorde” (Ar-Rûm, 21). Cela reflète le rôle essentiel de la famille dans la réalisation de la sérénité humaine et la préservation de la structure sociale.

Son Éminence a indiqué que traiter de la question de la famille n’est plus une simple affaire sociale, mais est devenu un « devoir religieux » imposé aussi bien par les textes juridiques islamiques que par la réalité contemporaine. Il a expliqué que l’évocation de ce dossier à l’époque de l’espace numérique et du développement technologique — où les voies du bien et du mal s’entremêlent — révèle clairement l’importance du rôle que la famille assume aujourd’hui, un rôle qui conjugue les enseignements des textes religieux et les exigences de la phase actuelle avec ses défis accélérés.

La lecture de l’histoire des nations montre clairement que les sociétés arabes et musulmanes, comme toutes les sociétés conservatrices, ont su préserver leur cohésion sociale grâce à la solidité de l’institution familiale, profondément enracinée dans leur structure culturelle et religieuse. Ce modèle diffère de celui en vigueur dans de nombreux pays européens, où la famille, dans la forme que nous valorisons dans le monde musulman, est rare, et où les liens familiaux sont souvent considérés comme des relations facilement dissolubles, parfois même en l’absence de cadres juridiques ou religieux comparables à ceux qui caractérisent notre système social.

Ainsi, les ennemis de la nation tentent de cibler la famille — cœur de la société — en cherchant à saper le mariage et à affaiblir l’institution familiale par la promotion de concepts tels que la liberté absolue, l’homosexualité et certains mouvements libéraux, dans le but d’attaquer la structure sociale cohérente. Cela passe par plus d’une vingtaine de notions visant à déconstruire les normes et règles qui protègent la société et régulent le comportement des individus.

Il a souligné que sacraliser la famille et en comprendre les dimensions demeure la voie la plus importante pour préserver la société de l’abandon des valeurs, de la morale et des enseignements religieux. Il a ajouté que l’attachement aux principes authentiques de la famille contribue à protéger la société, à renforcer sa stabilité et à prémunir ses membres contre les expériences destructrices qui visent à porter atteinte aux constantes et aux fondements religieux solidement établis.

Son Éminence le Mufti a indiqué que les termes séduisants, dont l’apparence est positive mais dont le fond est néfaste, et qui visent à diminuer ou à tourner en dérision la religion, les traditions et les coutumes, comptent parmi les plus grands défis intellectuels. Les négliger conduit à effacer la frontière qui distingue l’être humain des autres créatures. En effet, c’est la religion qui guide les gens vers la voie droite, comme le dit le Très-Haut : “Prenez ce que le Messager vous donne ; et ce qu’il vous interdit, abstenez-vous-en” (Al-Hashr, 7). À cela s’ajoute la coutume (‘urf), qui complète la religion et régule le comportement des gens selon ce qui est licite et illicite, tant qu’elle ne contredit aucun texte religieux.

Il a ajouté que le respect des coutumes et traditions constitue l’un des principaux garde-fous de la cohésion sociale, notamment dans les milieux ruraux qui préservent encore leur authenticité et leurs valeurs. Il a expliqué que la période actuelle connaît la diffusion de concepts erronés présentant la liberté comme une notion vague permettant à l’individu d’échapper aux règles et aux convenances sociales. Ainsi, Son Éminence a affirmé que la véritable liberté doit être encadrée par des limites claires qui s’arrêtent là où commencent les droits d’autrui et ne contredisent pas les normes et valeurs de la société. Dépasser ces limites transforme la société en un état de chaos comparable à une “vie sauvage”, où les interdits sont violés et les valeurs anéanties. L’être humain est libre dans ses actes, à condition de ne pas nuire aux autres.

Pour illustrer cela, Son Éminence a évoqué l’histoire du jeune homme qui s’était présenté au Prophète afin de demander une permission concernant la fornication. Le Prophète lui expliqua alors que cet acte n’est pas acceptable pour les gens, tout comme lui-même ne l’accepterait pas pour les siens.

Dans le même contexte, Son Éminence a signalé que parmi les défis intellectuels figure également l’association du radicalisme à la religion. Il a expliqué que la personne rigide et enfermée dans une vision étroite de la religion est un extrémiste, tout comme celui qui néglige les enseignements religieux et s’en écarte. Il a précisé que l’extrémisme peut se manifester à l’extrême droite comme à l’extrême gauche, et que toutes les formes d’excès ou de détournement de la religion constituent une menace pour la société. Il a ajouté que l’extrémisme religieux peut parfois naître de lectures sélectives adoptées par certains courants ou tendances intellectuelles, lesquelles s’éloignent de la modération et de la juste mesure. Or, le Prophète ﷺ nous a guidés vers la voie médiane lorsqu’il dit à celui qui jugeait sa propre adoration insuffisante : “Par Dieu, je suis celui d’entre vous qui éprouve le plus de crainte envers Dieu et qui Le craint le plus. Pourtant, je jeûne et je ne jeûne pas, je prie et je dors, j’épouse des femmes et je mange de la viande. Celui qui se détourne de ma Sunna ne fait pas partie des miens.”

Son Éminence a également mis en garde contre certaines idées erronées qui influencent les esprits simples, produisant une image incomplète et déformée de la religion. Parmi elles figure la question de l’héritage de la femme, souvent mal comprise sous prétexte que l’islam la léserait et qu’elle n’hérite que de la moitié de l’homme, alors que cela ne concerne que des cas limités. Dans d’autres situations, elle hérite à égalité avec l’homme, voire davantage, et il arrive même qu’elle hérite alors que l’homme n’hérite pas, selon les règles de la jurisprudence islamique. De plus, elle n’est pas responsable des dépenses financières, qui incombent à son mari. Il a affirmé que ces dispositions reflètent la considération que l’islam accorde à la femme, la protection de ses droits financiers et sociaux, ainsi que son statut et sa dignité comme membre essentiel de la famille et de la société.

Son Éminence a souligné que parmi les défis intellectuels les plus marquants auxquels la société est confrontée figure l’association entre le terrorisme et le jihad. Il a expliqué que l’évocation du jihad est souvent accompagnée, à tort, de l’idée de terrorisme, alors que le jihad, dans son essence, a été légiféré pour protéger la religion, l’honneur, la patrie et les lieux sacrés, comme le dit le Très-Haut : “Combattez dans le sentier de Dieu ceux qui vous combattent, mais ne transgressez pas” (Al-Baqara, 190). Il a précisé que les groupes extrémistes, tels que Daech et leurs semblables, ont cherché à déformer l’image de l’islam et à le présenter comme une religion de violence et de terrorisme, une vision erronée que certaines organisations et certains États tentent de diffuser. Il a affirmé que l’islam est tout le contraire : une religion de paix, de justice et de miséricorde, et que les actes de ces groupes n’ont aucun lien avec l’islam.

Concernant les défis technologiques, le Mufti de la République a souligné la nécessité de les aborder avec prudence. Il a affirmé que l’utilisation des technologies modernes, comme l’intelligence artificielle, n’est pas interdite en soi, mais requiert une vigilance personnelle, notamment parce que ces technologies ne sont pas exemptes de biais liés aux données dont elles se nourrissent. Il a insisté sur l’importance de tirer profit des plateformes numériques pour se tenir informé des nouveautés, tout en respectant les principes religieux et en recherchant le bien de l’humanité, et en se méfiant des informations erronées susceptibles de nuire à des individus, des pays ou des sociétés.

Son Éminence a également exposé les défis sociaux auxquels la famille est confrontée, parmi lesquels la fréquentation de mauvaises compagnies. Il a cité à ce propos les paroles du Prophète ﷺ : « Ne fréquente que le croyant, et que seul le pieux mange de ta nourriture », ainsi que son dire : « L’homme suit la religion de son ami intime ». Il a aussi évoqué le verset : “Le jour où l’injuste se mordra les deux mains en disant : ‘Hélas ! Si seulement j’avais suivi la voie du Messager ! Hélas ! Si seulement je n’avais pas pris untel pour ami ! Il m’a détourné du rappel après qu’il me fut parvenu’” (Al-Furqân, 27-29).

Il a insisté sur l’importance de l’environnement dans lequel grandit l’être humain, sur la nécessité d’abandonner les mauvaises habitudes contraires aux textes religieux, et sur le devoir de choisir une compagnie vertueuse.

Son Éminence a conclu son allocution en soulignant la nécessité de faire face à ces défis par la sensibilisation et une éducation appropriée, en veillant à acquérir un savoir correct et à transmettre l’information à partir de sources fiables, tout en développant la conscience religieuse et en transformant la religion de simples paroles en actions, comme le reflètent les versets sacrés : “Certes, les croyants ont réussi, ceux qui sont humbles dans leur prière, et ceux qui se détournent des futilités” (Al-Mu’minûn, 1-3).

Pour sa part, le Professeur Dr. Ahmed Al-Qassad a accueilli Son Éminence le Mufti, exprimant sa gratitude pour sa visite à l’université. Il a salué son rôle scientifique et intellectuel, qui représente une voix éclairante dont l’université est fière, ainsi que ses efforts sincères pour l’Égypte et pour la lutte contre l’extrémisme. Il lui a remis le bouclier de l’université, en reconnaissance de ses efforts constants et de son apport distingué dans les domaines scientifique et religieux, appréciant son rôle éminent dans la promotion de la pensée modérée et la lutte contre l’extrémisme, ainsi que ses contributions pionnières reflétant les valeurs du savoir, de la conscience religieuse et de la responsabilité nationale. Il a affirmé que cette distinction constitue un hommage à ses services éminents rendus à la société, à l’université et à la nation dans son ensemble.

 

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