Le Mufti de la République, depuis l’Université de la Nouvelle-Vallée, affirme que parmi les principales menaces à la paix mondiale figure la propagation du fanatisme et du racisme, qui excluent autrui et le privent de ses droits et devoirs.
Son Éminence le Professeur Docteur Nazir Mohammed ‘Ayyad, Mufti de la République et président du Secrétariat général des Institutions de Fatwa dans le monde, a affirmé que la paix et la sécurité, dans la conception islamique, constituent une responsabilité partagée entre l’État, la société, les institutions religieuses et les organisations internationales. Il a souligné que ce rôle ne se limite pas aux discours moralisateurs ou aux slogans sociaux, mais qu’il incombe à chaque individu d’être un véritable messager de paix, œuvrant concrètement et sérieusement à renforcer les valeurs de sécurité et de stabilité au sein de la société.
Cette déclaration a été faite lors de son discours à l’Université de la Nouvelle-Vallée, intitulé « L’Égypte, pionnière de la paix », en présence du Professeur Docteur Abdel Aziz Tantawi, président de l’université, des vice-présidents, des doyens des facultés, des professeurs ainsi que des étudiants.
Son Éminence le Mufti de la République a précisé que l’investissement dans la diffusion de la culture de la paix n’est pas un luxe intellectuel, mais un investissement dans l’avenir de l’humanité et la préservation de ses valeurs universelles. Il a souligné que l’islam, dans son essence, est une religion de paix, et que le Saint Coran a fait de la paix l’un des objectifs fondamentaux du message divin, comme l’indique la parole du Très-Haut : « Dieu appelle à la demeure de la paix » (Sourate Yûnus, verset 25).
Il a expliqué que la notion de paix en islam ne signifie pas seulement l’absence de violence, mais aussi la présence de la sérénité, la réalisation de la justice et la garantie de la sécurité sociale.
Le Mufti de la République a souligné que la Révélation sacrée a établi un lien étroit entre le comportement de l’individu et la diffusion de la paix dans la société, conformément à la parole du Très-Haut : « Quand on vous salue, saluez d’une façon meilleure, ou rendez le salut » (Sourate An-Nisâ’, verset 86).
Il a expliqué que la paix est une valeur concrète qui doit se manifester dans la parole, le comportement et les relations humaines. Il a affirmé que le monde d’aujourd’hui a un besoin urgent de renforcer et de diffuser la culture de la paix afin que l’humanité puisse jouir de la sécurité et de la stabilité.
Le Mufti a attiré l’attention sur le fait que la réalité contemporaine connaît une multiplication des guerres et des conflits, ainsi qu’une propagation du terrorisme et de l’extrémisme, issus d’une mauvaise compréhension des textes religieux, ce qui a coûté la vie à de nombreux innocents et menacé la sécurité des sociétés, sans distinction de race, de couleur ou de religion. Parmi les principales menaces à la paix mondiale, il a également cité la montée du fanatisme et du racisme, qui excluent autrui et le privent de ses droits et devoirs, ainsi que la diffusion de notions et concepts erronés tels que le « choc des civilisations » ou la « Maison de la guerre », des expressions contraires à l’esprit des religions révélées et qui alimentent les discours de haine. Il a également mentionné la recrudescence du phénomène d’islamophobie dans certains pays occidentaux, la qualifiant de forme d’intimidation et de déformation de la véritable image de l’islam, religion de miséricorde et de coexistence.
Le Mufti de la République a insisté sur le fait que l’Égypte, depuis l’aube de l’histoire, est connue comme une terre de civilisation et de paix, berceau des révélations divines et carrefour des peuples et des cultures. Il a précisé que l’Égypte n’a jamais été un pays d’agression ou de colonisation, mais qu’elle a toujours porté un message de coexistence et d’amour entre les êtres humains.
Il a rappelé que les anciens Égyptiens avaient compris la valeur de la paix depuis des millénaires, en érigeant le principe « la paix est le fondement du pouvoir » et en construisant une civilisation éternelle fondée sur la stabilité, la créativité et le développement.
Le roi Thoutmôsis III a exprimé ce principe en disant : « Je ne suis parti en guerre que pour rétablir l’ordre et ramener la paix dans le pays. »
Et dans les enseignements du sage Ptahhotep, on lit : « Fais le bien, car le bien est le chemin de la paix ; ne rends pas la violence par la violence, mais par la parole bienveillante. » Ces valeurs se sont également manifestées dans le traité de Qadesh entre Ramsès II et le roi des Hittites, qui stipulait que les deux peuples vivraient à jamais dans la paix et la fraternité.
Le Mufti de la République a ajouté que, malgré les nombreuses tentatives d’invasion qu’elle a subies, l’Égypte est toujours restée un phare de coexistence et de paix, grâce à la nature pacifique et compatissante de son peuple. Il a souligné que l’esprit de coexistence s’est prolongé durant les périodes grecque et romaine, lorsque la ville d’Alexandrie constituait un modèle de cité du dialogue intellectuel et de la diversité culturelle. L’historien Strabon la décrivait en ces termes : « À Alexandrie vivent des gens de différentes origines, sous un système qui garantit la sécurité et la tranquillité pour tous. »
Son Éminence a précisé que l’islam n’est pas entré en Égypte par l’épée, mais par la sagesse et la miséricorde — raison pour laquelle les Égyptiens accueillirent l’appel de l’islam avec affection et bienveillance, y trouvant une parfaite harmonie avec leur nature pure. L’histoire a d’ailleurs conservé des exemples éloquents illustrant le respect que l’islam porte à la dignité humaine, quelle que soit la religion de l’individu. Lorsque ‘Amr ibn al-‘Âs entra en Égypte, il déclara : « Ils ont les mêmes droits et les mêmes devoirs que nous, et nul ne sera contraint en matière de religion. »
L’historien al-Maqrîzî confirma que les musulmans n’avaient détruit aucune église ni forcé quiconque à changer de religion, mais qu’ils avaient laissé les gens libres dans leurs croyances et dans la possession de leurs biens.
Le Mufti a rappelé que la civilisation islamique érigée sur le sol égyptien reposait sur des fondements solides, parmi lesquels la vénération du savoir — qu’il soit religieux ou humain — conformément à la parole du Très-Haut :
« Dieu élèvera en degrés ceux d’entre vous qui auront cru et ceux qui auront reçu le savoir » (Sourate Al-Mujâdila, verset 11).
Cette civilisation se fondait également sur la miséricorde envers toutes les créatures, comme l’indique le verset : « Nous ne t’avons envoyé que comme miséricorde pour l’univers » (Sourate Al-Anbiyâ’, verset 107).
Elle prônait la justice et l’égalité : « Lorsque vous jugez entre les hommes, jugez avec équité » (Sourate An-Nisâ’, verset 58).
Ainsi que la connaissance mutuelle et la coexistence : « Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des peuples et des tribus, afin que vous vous connaissiez » (Sourate Al-Hujurât, verset 13).
Elle rejetait toute forme de fanatisme et de sectarisme, selon la parole divine :
« Le plus noble d’entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux » (Sourate Al-Hujurât, verset 13).
Et elle prônait la paix durable, comme l’enseigne le verset :
« S’ils inclinent à la paix, incline-toi aussi vers elle et place ta confiance en Dieu » (Sourate Al-Anfâl, verset 61).
Son Éminence le Mufti a affirmé que le jihâd en islam n’a pas été institué pour contraindre les non-musulmans à embrasser la religion, mais qu’il avait pour but la défense de soi, des biens, de l’honneur, ainsi que la protection de la prédication et des musulmans contre l’agression des ennemis. Il a expliqué que la contrainte et la coercition ne font pas partie des moyens de l’appel à la foi, car le fondement de la religion repose sur la conviction du cœur et la foi intime, et que ce sont les preuves et les arguments qui persuadent les âmes, non l’épée. Il a cité à cet égard la parole du Très-Haut : « Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s’est distingué de l’égarement » (Sourate Al-Baqara, verset 256), et celle-ci : « Si ton Seigneur l’avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru. Est-ce à toi de contraindre les gens à devenir croyants ? » (Sourate Yûnus, verset 99).
Il a souligné que les nations non musulmanes qui n’ont pas agressé les musulmans ni entrepris de guerre contre eux ne doivent être ni combattues ni trahies dans leurs pactes ou leurs garanties de sécurité. Il a précisé que les combats du Prophète ﷺ contre les polythéistes furent uniquement défensifs, car ces derniers l’avaient expulsé de sa patrie, avaient attaqué les musulmans et empêché leur message de se propager. Ainsi, le combat n’était qu’un moyen de protéger la mission divine.
Son Éminence a mis en garde contre les conceptions erronées véhiculées par certains groupes extrémistes, qui prétendent que la relation fondamentale entre les musulmans et les autres peuples repose sur la guerre et le jihâd. Il a insisté sur le fait que, selon la véritable compréhension de l’islam, la relation de base est celle de paix et de coexistence pacifique. L’islam incline vers la paix et non vers la guerre ; il n’autorise pas de tuer une personne simplement parce qu’elle n’adhère pas à l’islam, ni de combattre les autres en raison de divergences religieuses. Le combat n’est permis, et parfois rendu obligatoire, que lorsqu’il s’agit de se défendre contre une agression.
Il a ajouté que cette compréhension profonde de la question de la paix en islam est en parfaite harmonie avec la position de l’État égyptien et de ses dirigeants politiques, religieux et nationaux. L’Égypte, a-t-il rappelé, demeure — comme elle l’a toujours été — une pionnière de la paix dans le monde. L’histoire prouve que ses guerres ont toujours été défensives, menées pour protéger la patrie, l’honneur et la foi, sans jamais se livrer à l’agression ni renoncer à ses droits religieux, nationaux ou internationaux.
Le Mufti a rappelé que l’Égypte moderne incarne le modèle d’un « paix de la force et de la raison », en citant les paroles du président défunt Gamal Abdel Nasser : « Nous voulons une paix juste, non une reddition ; nous voulons que l’Égypte soit une force préservant la paix dans sa région. »
Il a également évoqué les paroles du président défunt Anouar El-Sadate :
« Nous avons combattu pour la paix, une paix fondée sur la justice. Notre ennemi parle parfois de paix, mais il y a un abîme entre la paix de l’agression et la paix de la justice. »
Ainsi que celles du président défunt Mohamed Hosni Moubarak :
« Nous avons choisi la voie de la paix par notre propre volonté, car nous croyons que la paix est celle qui ouvre les portes de l’espoir aux peuples. »
Et enfin la déclaration du président Abdel Fattah Al-Sissi :
« Nous tendons nos mains en paix à tous les peuples du monde et nous rejetons les guerres, l’extrémisme et la haine, car la paix est le chemin de la vie. »
Son Éminence a affirmé que les institutions religieuses égyptiennes ont joué un rôle central dans la promotion de la culture de la paix. Al-Azhar al-Charif dirige l’initiative du « Bayt al-‘Aila al-Misriyya » (La Maison de la Famille Égyptienne), en coopération avec l’Église copte orthodoxe, afin de consolider l’unité nationale et de lutter contre les discours de haine et de violence. Parallèlement, la Dar al-Iftâ’ al-Misriyya, à travers le Secrétariat général des institutions de Fatwa dans le monde, est devenue une plateforme fédératrice pour la coordination des efforts liés à la fatwa et le renforcement de la coopération entre les dirigeants religieux à l’échelle internationale.
Ces efforts ont contribué à consolider la paix, à promouvoir une diplomatie religieuse préventive, et à créer des espaces de dialogue et d’échange d’expériences pour protéger les sociétés du radicalisme et de la violence.
Il a souligné que ces actions intégrées ne bénéficient pas uniquement à l’Égypte, mais qu’elles s’étendent aussi à la scène internationale, soutenant l’agenda du développement durable, en fournissant un environnement sûr qui offre aux décideurs des outils éthiques et spirituels leur permettant d’édifier des systèmes politiques et économiques plus justes, inclusifs, sûrs et pacifiques.
En conclusion de son allocution, Son Éminence le Mufti a adressé aux jeunes cinq recommandations fondamentales. Il les a exhortés à s’imprégner des nobles vertus coraniques et à se parer des qualités bénies qu’enseigne le Livre de Dieu, afin qu’ils deviennent des modèles vivants du Coran sur terre, inspirant les autres par leurs paroles et leurs actes. Il a insisté sur la nécessité de persévérer dans l’étude des sciences islamiques, de s’approfondir dans la compréhension de leurs sens, de leurs secrets et de leurs finalités, selon la méthodologie équilibrée et éclairée d’al-Azhar, afin que les jeunes deviennent des acteurs efficaces sur lesquels les nations peuvent s’appuyer pour renforcer la sécurité et la stabilité sociales.
Le Mufti a également rappelé l’importance du sentiment d’appartenance à la patrie, de l’amour du bien pour son pays, de la préservation de l’identité religieuse et nationale, et de la participation active à la construction du développement et de la civilisation. Il a mis en garde contre toute idéologie déviante cherchant à attirer la jeunesse vers l’extrémisme et la radicalisation, sources de désordre et de destruction des sociétés.
Dans un geste de reconnaissance et d’estime, le Professeur Docteur Abdel Aziz Tantawi, président de l’Université de la Nouvelle-Vallée, a remis à Son Éminence le Professeur Docteur Nazir Mohammed ‘Ayyad, Mufti de la République, le bouclier d’honneur de l’université, en signe d’appréciation pour ses efforts scientifiques et prêchés dans la diffusion des valeurs de paix et de coexistence, ainsi que pour son rôle éminent dans le renforcement du dialogue interculturel et la consolidation des principes de modération et d’équilibre caractéristiques de la méthodologie d’al-Azhar et de la Dar al-Iftâ’ al-Misriyya.
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