L’Islam et la liberté de croyance
Question
Certains prétendent que l’Islam ne respecte pas la liberté de croyance ; la preuve en est qu’il a appliqué la peine capitale au renégat. Quelle en est la vérité ?
Réponse
En effet, « tuer le renégat » est une question qui provoque une grande problématique en Occident où certains pensent à tort que l’Islam force les gens à l’embrasser. Ainsi, ils perdent de vue l’attitude authentique de l’Islam vis-à-vis de la liberté de croyance, attitude bien illustrée par ce verset : « Point de contrainte en religion maintenant que la Vérité se distingue nettement de l’erreur 5. »
En tout cas, il est nécessaire d’aborder cette question de deux perspectives :
- Le Texte religieux qui permet l’effusion du sang du Musulman s’il renie sa religion et quitte la communauté.
- La façon dont on appliquait cette législation au temps du Prophète et de ses successeurs.
De son vivant, le Prophète n’a pas appliqué la peine de mort à ‘Abdullah Ibn ‘Abi Salol qui a proféré cette parole blasphématoire : « Si nous retournons à Médine, le plus noble en fera assurément fuir la racaille. 6. »
De même, le Prophète n’a pas tué Zal khowaysera at-Tamimi qui lui avait dit : « Sois juste Mohamad ! C’est un partage injuste. »
De plus, il n’a pas tué celui qui s’est adressé à lui en ces termes : « Tu interdis l’injustice alors que tu la pratiques. »
Il n’a pas puni de mort celui qui lui a dit : « C’est un partage injuste qui déplait à Dieu. ». De même, le Prophète ne s’est pas vengé de l’homme qui lui a dit : « … tu l’avantages parce qu’il est ton cousin ! » après avoir vu le Prophète donner la permission à az-Zubair d’irriguer sa terre avant lui. Deleur sort inévitable ? ‘Omar répond : « Si, mais il m’était possible de les ramener à l’Islam ; et en cas de refus, la prison aurait été leur sort. »
Ainsi, le Calife ‘Omar n’a pas jugé nécessaire de tuer ces renégats qui ont combattu les Musulmans.
Tous ces événements qui se sont déroulés au temps du Prophète et de ses Compagnons ont fait comprendre aux jurisconsultes que la question de tuer l’apostat n’a rien à voir ni avec la liberté de croyance et de la pensée ni avec la persécution. En effet, les textes traitant de l’application de la peine capitale ne visent pas le simple abandon de l’Islam en tant que religion ; mais plutôt la rébellion contre l’ordre public de l’Etat d’une part ainsi que contre les prescriptions religieuses de la communauté, acte tout-à-fait égal à la haute trahison incriminée par toutes les religions, les constitutions et les lois.
Cheikh Shaltout, ex-grand imam de l’Azhar estime que la condamnation à mort de l’apostat n’est pas une peine légale pour cause d’apostasie ; mais plutôt pour l’apostat qui combat l’Islam, tente les Musulmans pour s’en détourner. La preuve en est que le Coran, dans beaucoup d’endroits, s’oppose à la contrainte en matière de religion. En outre, nombreux savants estiment que les Hadiths traitant le sujet de la peine capitale appliquée à l’apostat ne sont que des Hadiths singuliers inaptes à servir de preuve en matière de Hadd (peines légales) et que la mécréance en soi ne constitue pas une cause entrainant la mort de son auteur.
Ainsi, appliquer la peine capitale à l’apostat n’est pas pour cause d’apostasie pure et simple. L’apostat qui mérite cette peine, c’est celui qui en va au-delà en semant la division entre Musulmans et incitant l’autrui à suivre son exemple. Bref, il déclenche par là une campagne de scepticisme à l’encontre de la foi islamique. Allah, le Très-Haut dit : « Certains parmi les gens du Livre ont dit : « Faites semblant de croire, en début de journée, à ce qui a été révélé aux musulmans et rejetez-le le soir même. Peut-être les ferons-nous ainsi revenir à leurs anciennes croyances9 ? »
A l’appui de notre thèse, nous citons l’avis du cheikh al-Islam Ibn Taymia : « Le Prophète a accepté le repentir de certains apostats et donné l’ordre de tuer certains autres qui, outre leur apostasie, ont perpétré des actes hostiles à l’Islam et aux Musulmans. Par exemple, le Prophète a fait tuer, le jour de la Conquête de la Mecque, Maqis Ibn Hababah qui, outre l’apostasie, a tué un Musulman et s’est emparé de ses biens sans pour autant déclarer sonrepentir avant de tomber aux mains des Musulmans. De même, les Qoranyyan ont subi, par l’ordre du Prophète, le même sort pour avoir fait la même chose. Encore, il a donné l’ordre de tuer Ibn Abi as-Sarh qui a ajouté à son apostasie la médisance et les accusations mensongères à l’encontre de l’Islam. »
De ce qui précède, il nous montre que la peine capitale de l’apostat n’est pas appliquée dans le réel vécu et que sa mention dans les références législatives n’est pas à titre de punition contre la liberté de pensée et de croyance. Cette punition est soumise donc aux lois de l’Etat.
Et Allah Seul le sait par excellence.