Prière de Tasabîh

Dar al-Iftaa d'Égypte

Prière de Tasabîh

Question

Le Prophète a-t-il autorisé la prière de Tassabîh (Exaltation de la Gloire divine) ? Quelle est la récompense réservée, dans l'au-delà, à celui qui l’accomplit la veille du vingt-septième jour de Ramadan ?

Réponse

Le Hadith relatif à cette prière a été rapporté par un certain nombre de Compagnons et selon diverses versions. En effet, la version la plus fiable est celle de ‘Ikremah d'après Ibn ‘Abbas :

« Le Prophète dit à al-‘Abbas Ibn ‘Abd al-Mottalib : « Ô ‘Abbas ! Ô mon oncle ! Veux-tu que je t'accorde une faveur et quelle faveur ! Un don et quel don ! Dix actes à accomplir ! Si tu les fais, Allah te pardonnera tes péchés, les premiers et les derniers, les anciens et les récents, ceux commis par erreur et ceux intentionnels, ceux mineurs et ceux majeurs, ceux commis secrètement et ceux commis publiquement : Que tu fasses alors quatre Rak’ats (unités de prière), en lisant lors de chaque Rak'at la sourate al-Fatiha et une sourate et une fois achevé la lecture (du Coran) de la première rak'a, encore en position debout, tu répètes 15 fois la formule : Soubhan Allah wal hamdulillah wa la ilaha illa Allah wallahou akbar )سبحان الله، والحمد

لله، ولا إله إلا الله، والله أكبر (Gloire à Allah, Louanges à Allah, il n’y a d’autre divinité qu’Allah, Allah est Le plus Grand). Ensuite tu t’inclines et tu prononces dans cette position (roukû') 10 fois la même formule, puis tu te relèves de l’inclinaison et tu prononces 10 fois la même formule. Ensuite tu prosternes et tu la répètes 10 fois. Ensuite relève-toi de la prosternation et prononce-la 10 fois encore. Ensuite, tu prosternes (une seconde fois) et tu prononces la même formule encore 10 fois, puis relève-toi (de la prosternation) et prononce-la 10 fois, donc cela fait en tout 75 fois dans chaque Rak’at et tu en fais autant pour les quatre Rakat. Si tu le peux, accomplis cette prière une fois par jour, mais si tu ne peux pas, fais-la alors tous les vendredis, et si tu ne peux pas, fais-la une fois par mois et si tu ne peux pas, fais-la une fois par an et si tu ne peux pas, accomplis-la une fois dans ta vie. »

Ce Hadith fut cité par al-Boukhari dans son ouvrage intitulé : « Lecture du Coran derrière l’imam », Abou-Dawood, Ibn Maja et Ibn Khozayma dans son Sahih.

Il a également été jugé authentique par un ensemble d’érudits dont : Abou-Dawoud, al-Hafez Abou-Bakr al-Ajorey, Ibn Mandah, auteur d'un ouvrage établissant l'authenticité de ce hadith, al-Khatyb al-Baghdadi, Abou Sa’d al-Sam’ani, Abû Mohamed ‘Abder-Rahim al-Masri, Aboul-Hassan al-Maqdessi et al-Imam al-Zarkachi.

De même, Ibn as-Salah a jugé bon ce hadith. Il en va de même pour an-Nawawi dans son ouvrage at-Tahzyb. L’imâm Muslim dit : « La chaîne de transmission de ce hadith est la meilleure. ». Quant à Abou-Dawoud, il affirme : « C'est le seul hadîth authentique en matière de prière de glorification. »

D'après at-Termezi :

« Ibn al-Moubarak et bien d'autres savants ont rapporté le hadith de la prière de Tassabîh et ont mentionné ses vertus. ».

Par ailleurs, al-Hakim, dans son Mustadrak, a déclaré :

« Les transmetteurs de ce hadith d'après Ibn al-Moubarak sont d'une grande fiabilité. D'ailleurs, 'Abdullah n'aurait pas enseigné ce hadith s'il n'a pas été sûr de l'authenticité. »

Al-Baïhaqi dit :

« 'Abdullah Ibn al-Moubarak l'accomplissait et les pieux la transmettaient les uns aux autres ; ce qui corrobore la chaîne de la transmission de ce hadith remontant au Prophète. »

Al-Daylami, dans son Mosnad al-Ferdaws, précise à cet égard :

« La prière de glorification est considérée comme la prière la plus célèbre et dont la chaîne de transmission est la plus authentique. »

De même, 'Abdel-'Aziz Ibn Abi Rouad affirme :

« Celui qui cherche la prospérité au Paradis, n'a qu'à accomplir cette prière. »

Par ailleurs, les Chaféites et les Hanéfites estiment que cette prière est recommandée. Les Hanbalites, quant à eux, voient qu'elle est permise. En revanche, d'autres jurisconsultes estiment qu'elle n'est pas recommandée en raison de la faiblesse de la chaîne de sa transmission et du fait qu'elle se fait d'une manière différente des autres prières. Tel est l'avis rapporté d'après l'imâm Ahmad et auquel s'est rallié al-Hafez Ibn Hajar dans al-Talkhis. Dans cet ouvrage, Ibn Hajar a rapporté, d'après Ibn Taymeya et al-Mezzi, la faiblesse de la chaîne de la transmission de ce hadith.

Pour ceux qui optent pour la première opinion (à savoir ceux qui jugent recommandée cette prière), ils s'appuient sur l'abondance des voies de la transmission de ce hadith ; ce qui corrobore sa chaîne de transmission. Cette opinion est également basée sur la pratique des pieux ancêtres qui ont persévéré dans son accomplissement.

Le simple fait qu'elle s'accomplisse d'une manière différente de celle de la prière habituelle ne peut porter atteinte à sa légitimité, comme c'est le cas pour de nombreuses prières telles que la prière de l'Aïd, des funérailles, de l'éclipse de soleil ou de lune, de la crainte.

Pour ce qui a été rapporté au sujet de la réfutation de ce hadith par al-imâm Ahmad, il est à noter que ce dernier a changé d'avis. Dans son ouvrage al-Ajweba 'ala Mechkat al-Massabih, al-Hafez Ibn Hajar rapporte que 'Ali Ibn Saïd an-Nassaï dit : « J'ai interrogé Ahmad sur la prière de Tassbîh et il m'a répondu : je n'ai rien d'authentique en la matière. J'ai dit alors : « Le hadîth rapporté par al-Mostamer Ibn ar-Rayyan d'après Aboul-Jawzaa' d'après 'Abdoullah Ibn 'Amr ? ». Ahmad dit : « Qui t'en a parlé ? ». « Muslim Ibn Ibrahim. », répondis-je. Comme si cela lui a plu, l'imam Ahmad reprit : « al-Mostamer est honnête. »

A ce propos, al-Hafez Ibn Hajar dit :

« Ce qu'on a rapporté d'après Ahmad atteste qu'il a renoncé à sa première position et adopté cette version. Quant à ce qui été rapporté par d'autres d'après Ahmad concernant le renoncement à cette prière, ceci pourrait être objecté par ce qui a été rapporté des hadiths confirmant son institution. Ces hadiths sont renforcés par la pratique de cette prière. En outre, on s'accorde sur le fait que le hadith forgé ou inventé ne peut servir de preuve. Par contre, les hadiths faibles ne sont applicables que dans l'exhortation à faire le bien ou à éviter le mal. » Puis, Ibn Hajar dit : « En vérité, ce hadîth atteint le degré du bon, vu la diversité de ses voies de transmission, ce qui corrobore la première opinion. »

D'ailleurs, il est établi par la Chari'a qu'on ne récuse que ce qui s'oppose à l'unanimité des savants. Quant à ce qui fait l'objet de controverse, il ne saurait être récusé. Ainsi, celui qui accomplit régulièrement cette prière notamment lors des jours bénis, tels que les veilles des dix derniers jours de Ramadan, il se conforme à un acte de Sunna du Prophète. En revanche, celui qui refuse d'imiter cette pratique, en raison de la faiblesse du hadith, aucun reproche ne pèsera sur lui, pourvu qu'il ne reproche rien à quiconque entend l'accomplir, car il ne fera, de ce point de vue, que récuser une question faisant l'objet d'une divergence.

Et Allah Seul le sait par excellence

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