Manière d’égorgement protégeant con...

Dar al-Iftaa d'Égypte

Manière d’égorgement protégeant contre la grippe aviaire

Question

Je travaille au Laboratoire National d’Inspection Vétérinaire pour la production aviaire au Ministère de l’Agriculture. Il est à noter que ce laboratoire est chargé de diagnostiquer et d’effectuer des recherches relatives à la grippe aviaire. Il s’agit d’une maladie très grave qui a causé des pertes économiques et provoqué la mort de certaines personnes. Qu’Allah fasse que ce mal ne s’aggrave davantage au passage des jours pour devenir un fléau mondial ! 
   
    Les recherches scientifiques prouvent que l’homme peut être atteint de cette maladie lorsqu’il se fait attraper par une dose intense de virus, tout particulièrement lors de l’égorgement de la volaille infectée. Ce qui a été affirmé par le nombre de cas recensé en Egypte qui a trouvé la mort à cause de l’égorgement de la volaille.
 
    En collaboration avec quelques chercheurs étrangers, nous avons fait quelques essais visant à diminuer la quantité du virus lors de l’égorgement. Pour ce faire, nous avons adopté un procédé simple et pratique de sorte que la femme rurale puisse l’utiliser en toute facilité. Il consiste à mettre, sans étouffer ni enchaîner, la volaille dans un sac plastique normal tout en laissant sortir la tête et le cou pour l’égorger à cet état. En effet, l’observation a indiqué que la quantité de la poussière mêlée du sang et des sécrétions de la volaille a remarquablement baissé lors de l’abattage. Ce qui nous a encouragés à se communiquer avec un laboratoire référentiel international aux Etats-Unis, travaillant dans le même domaine, pour effectuer plus de tests afin de pouvoir sonder minutieusement la concentration du virus en l’air. Ce contact serait également profitable pour mettre en examen l’efficacité de quelques moyens de nature à diminuer les risques que pourrait encourir la femme rurale lors de l’abattage de la volaille. De leur côté, les chercheurs étrangers ont demandé une Fatwa expliquant la méthode d’égorgement qu’on doit utiliser conformément à la Chari’a pour l’appliquer en effectuant ces tests-là aux Etats-Unis. Au cas où les tests aboutissent à des résultats objectifs, on les publierait dans les revues scientifiques et les diffuserait lors des conférences internationales spécialisées et des périodiques de sensibilisation rurale.

Réponse

    Il est religieusement connu que l’animal licite à manger (chameau, vache, mouton, lapin, volaille, etc.) ne doit être consommé qu’après l’égorgement prescrit par la Chari’a. Grâce à cet égorgement, la consommation de l’animal sauvage facile à dompter devient licite. Donc, égorger ou poignarder au bas du cou nahr en rendent licite la consommation. Quant aux animaux sauvages difficiles à dompter, ils ne deviennent licites à consommer qu’en leur faisant une blessure causée par la chasse ou par les animaux de proie dressés. Il va de soi que l’abattage doit être pratiqué par un Musulman ou un Kitabi (Gens du Livre). 

    Il est à noter qu’il y a deux procédés d’égorgement légal à savoir l’immolation zabh (ذبح) et le fait de poignarder au bas du cou de l’animal nahr (نحر). L’immolation consiste à couper la gorge de l’animal, c’est-à-dire le pharynx, le gosier et les deux veines jugulaires. Si on se contente, lors de l’égorgement de la bête, de couper la gorge et le pharynx, la consommation sera permise selon l’avis le plus prépondérant. La raison en est que la bête, après le coupage de ces deux, ne reste pas souvent en vie.

    Quant au deuxième, le nahr, il consiste à couper les quatre organes précédés mais en partant du bas du cou de l’animal. Les Malékites, dans leur avis le plus connu, ont indiqué que le nahr se réalise par le fait de donner un coup de couteau au bas du cou mettant fin à la vie de la bête sans exiger de couper l’un de quatre organes précités. Mais il est préférable que le nahr soit appliqué au chameau et à l’animal à long cou licite à manger et que le zabh soit exercé sur les animaux à cou court tels que les vaches et les moutons. Ces deux procédés traditionnels d’égorgement constituent, en fait, une Sunna bien établie, c’est pourquoi, l’un peut tenir lieu de l’autre. La preuve en est le dire du Prophète :
    « L’égorgement peut se faire à la gorge ou au bas du cou de l’animal1 . »

    Il y a, en outre, un autre procédé exceptionnel pour tuer légalement la bête auquel on recoure lorsque le cas exige, à savoir al-‘kr (العقر). Il consiste à causer à l’animal une blessure mortelle dans n’importe quel endroit de son corps. On y recoure, en fait, lorsque l’animal est de nature indomptable ou gibier.

    La consommation de l’animal docile n’est pas licite qu’après lui appliquer l’un des deux procédés traditionnels d’égorgement zabh et nahr selon l’avis unanime des savants. Il est obligatoire que le sacrifiant soit musulman ou un des Gens du Livre sinon la bête égorgée sera considérée comme bête naturellement morte dont la consommation sera interdite.

    Sur ce, il n’y a pas d’inconvénient à ce qu’on mette, sans étouffer ni enchaîner, la volaille dans un sac plastique ou dans une autre matière fabriquée tout en laissant sortir la tête et le cou pour l’égorger à cet état pourvu que les conditions précitées soient bien remplies. Pour le caractère sacré de l’âme, les gens doivent recourir à ce procédé surtout s’il s’avère qu’il protège effectivement contre cette maladie dévastatrice.




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1- Rapporté par ad-Daraqotni dans ses Sunan 4/283 d’après Abu Horayra et cité par al-Boukhari en le jugeant Hadith mou’alaq dans son Sahih dans le chapitre des bêtes égorgées et de la chasse d’après Ibn Abass.

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