A partir de quel moment, le voyageur par avion peut-il rompre son jeûne ?

    La noble Chari’a a posé comme condition le lever et le coucher du soleil pour entreprendre et rompre le jeûne. Allah, le Très-Haut, dit :     « Mangez et buvez jusqu’au moment où vous pourrez distinguer un fil blanc d’un fil noir, à la pointe de l’aube. À partir de cet instant, observez une abstinence totale jusqu’à la tombée de la nuit1 . ». Le Prophète a dit : « Lorsque la nuit arrive d'ici et le jour se retire de là et le soleil se couche, la personne qui jeûne peut alors rompre son jeûne2 . ». Le Prophète a également dit : « Voyant la nuit arriver d'ici (en pointant l'index vers l'Est), le jeûneur peut, donc, rompre son jeûne3 . ». De ce qui précède, il a été établi que la rupture du jeûne dépend de la tombée de la nuit prouvée par la vision ou par l’attestation d'une personne digne de confiance. Il en est de même pour entreprendre le jeûne qui dépend de la vérification de l’apparition de l'aube soit par la vue soit par l’attestation d’une personne fiable. Il est bien connu que plus on s'élève en altitude, plus le coucher du soleil sera retardé et le lever du soleil prend du retard à la vue ; ceci est visible pour les gens qui habitent les hauts étages, vu la sphéricité de la terre. Dans ce cas, les règles de la Chari’a prévoient que la rupture du jeûne dépend du coucher du soleil. Dans Tabyin al-haqa'iq Charh Kanz al-Daqa'iq, l'imam hanéfite Fakhr ad-Dine al-Zaila'ia dit : « Il fut rapporté que lorsque le juriste non-voyant Abu Musa, auteur d’al-Mokhtasar se rendit à Alexandrie. Interrogé sur la rupture du jeûne entrepris par une personne qui monte le Phare d’Alexandrie et pour qui le soleil n’a pas encore couché alors qu’il l’est pour les habitants de la ville, l’imam a répondu que cette personne n’est pas permise de rompre le jeûne, contrairement aux habitants de la ville ; car ce qui compte, c’est le coucher du soleil pour chacun. ». Dans son commentaire, l'érudit Ibn al-'Abédine dit : « Il est rapporté dans al-Fayd ce qui suit : « Quiconque se trouve dans un endroit aussi haut que le phare d'Alexandrie ne doit pas rompre son jeûne tant qu'il ne voit pas coucher le soleil. Par contre, les habitants de la ville peuvent le faire lorsqu'ils le voient coucher. Cela s’applique également à la détermination de l’heure où l’on accomplit la prière d’al-Fajr ou entreprend le jeûne. »     En conséquence, la rupture du jeûne pour celui qui voyage par avion est déterminée par la vue du coucher du soleil à partir de l’endroit où se trouve ce voyageur et non pas selon l’heure locale du pays sur lequel il survole, ni celle du pays de départ, ni celle du pays de destination. Il peut rompre le jeûne tout seul s'il voit disparaître entièrement le disque solaire. Pourtant, si la durée du jeûne s'avère longue, il peut, dans ce cas, le rompre pour éviter la peine de jeûner en voyage et doit, en contrepartie, compenser plus tard ce jour manqué. Par la suite, les annonces durant le vol effectuées par certains pilotes concernant la rupture du jeûne selon l'heure locale du pays de départ ou de l'emplacement actuel de l'avion sont religieusement nulles.     Au cas où le soleil couche puis apparaît de nouveau vu la vitesse de l’avion, le voyageur peut rompre le jeûne au moment du premier coucher.    

      Coran, al-Baqara, 187. 

      Cité par al-Boukhari et Muslim dans les deux Sahih d’après ‘Omar Ibn al-Khattab.

      Cité par al-Boukhari et Muslim dans les deux Sahih d’après ‘Abdullah Ibn Abi Awfa.