Donner à l'épouse le nom de famille de son mari
Question
Réponse
La coutume prévoie que la fille garde le nom de famille de son père, tant qu’elle n’est pas mariée. Sinon, on lui ajoute le nom de famille de son mari, après le titre de « Madame » ou « Mrs » …etc. Cette appellation occidentale équivaut à ce que nous disons chez nous : « Unetelle est mariée avec untel de la famille X ». Cette coutume occidentale ne touche ni de près ni de loin à la question de parenté. Le domaine d’appellation est très vaste : On dit l’allié ; tel que ‘Ikrema Ibn Abbas, l’allié d’Ibn-‘Abbas.
On appelle parfois les gens selon leur métier : Al-Ghazali, ou on leur octroie un "sobriquet", voire un surnom: Al-A'raj (le boiteux), Al-Jahez, Abou-Mohammed Al-A'mach, d'autant plus, parfois on appelle les gens par le nom de leur mère, sans ignorance du père: Ismaïl ibn 'Olayya, d'autre fois d'après le nom de mari, comme on le trouve dans le Coran qui désigne des femmes en les subordonnant à leurs époux:
" Allah propose comme exemple aux infidèles la femme de Noé et celle de Loth.1 "
" Mais aux fidèles Allah donne l’exemple de la femme de Pharaon2 "
D'après le hadith d'Abou Saïd Al-Khodri, Al-Bokhari et Muslim rapportent que la femme d'Ibn Mass'oud, Zaynab, est allée auprès du Prophète ; on a informé le Prophète en lui disant : " O Messager d'Allah! C'est Zaïnab qui demande la permission d'entrer au près de toi…", le Prophète a demandé : "Laquelle des Zayaneb ? " ; " C'est Zaynab, la femme d'Ibn Mass'oud!", a-t-on dit; le Prophète a répliqué: "Oui, laissez-la entrer".
La religion interdit seulement d'octroyer, en guise d'adoption officielle et non pas de désignation générale, à une personne le nom d'un père autre que celui biologique. Tant qu'il ne s'agit pas de la forme d'appellation interdite par la Chari'a, il n'y a aucun inconvénient d'appeler une personne d'après le nom d'un homme qui ne lui est pas le père, tout comme la coutume qui règne dans certaines régions ou certaines conditions. L'appellation interdite est limitée par deux conditions: Que l'appellation soit interdite par la Chari'a et que le concerné le fasse dans l'intention de s'acquérir d'un père qui n'est pas le sien ou vice versa.
La preuve en est le hadith rapporté par Muslim dans son Sahih3 , d'après Jabir ibn 'Abdullah qui a dit: " Un jour le prophète était malade, il nous a dirigé, assis, en prière; il s'est tourné envers nous, il nous a trouvé debout, il nous a donné un signe pour s'asseoir. A la suite de la prière il nous a dit: "Vous avez risqué de commettre les erreurs des Perses et des Romains: ils se mettaient debout alors que leurs rois étaient assis. N'agissez pas de la sorte, suivez vos imams. Si l'Imam prie debout, priez debout; s'il prie assis, asseyiez-vous4 "
Bien que les Perses et les Romains aient commis cette erreur, les Compagnons n'avaient pas l'intention de les imiter, c'est pourquoi le Prophète a eu recours à cette tournure négative.
Dans le même esprit, l'érudit Ibn Nojaym, le hanéfite, dans son Bahr ar-Ra'eq, dit :
" Sachez que l'imitation des gens du Livre n'est pas généralement détestable, nous mangeons et buvons comme eux. Toutefois, il est prohibé de les imiter intentionnellement, en ce qui est réprimandé.5 "
L'ajout du nom de famille de l'époux à son épouse ne nie pas l' de celle-ci à son père biologique, ce n'est qu'une formule de définition, comme c'est prévu.
Par l'élimination du mot (fils/fille) entre le nom de l'enfant et celui de son père, on craint de créer une certaine ambiguïté. Pour éviter la redondance, on a adopté cette coutume, pourtant les noms composés causent problème. Pour cette raison, certains gouvernements ont dû interdire de donner des noms composés aux nouveau-nés afin d'éviter l'ambiguïté de parenté entre les deux noms composants; étant donné que l'annulation du mot (fils/fille) est devenu une coutume sociale. Dans le cas du nom de famille de l'époux attribué à la femme, s'il s'agit d'une société qui ne reconnaît pas cette coutume, il sera interdit de l'appliquer pour éviter la confusion au niveau de l'affiliation, et vice-versa.
Le cas ci-présent est complètement différent notamment en présence d'un indice contestant l'affiliation (Le titre attribué à une femme mariée: Mrs, Madame, …etc.). Tant que cette coutume ne contredit pas la Jurisprudence, il nous est permis de l'appliquer sans aucun inconvénient religieux, grâce à Allah - Exalté soit-Il. La Noble Jurisprudence a adopté les coutumes tant qu'elles ne la contredisent pas, d'autant plus elle y a recours en cas de litige dans certaines conditions, au point qu'elles font partie des règles juridiques globales; sans inciter les musulmans à les rejeter ou à les contrarier. Et ce, dans le but de les intégrer dans les différentes sociétés et ne pas les isoler, leur permettant ainsi la cohabitation et la prédiction à la religion authentique sans des chocs, ni des conflits provoqués, tout en observant les fondements religieux sans contradiction.
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1- Coran, at-Tahrim, 10.
2- Coran, at-Tahrim, 11.
3- Muslim, Sahih Muslim, 624.
4- Le Prophète employa le verbe arabe (Kaada كاد) qui désigne l'affirmation aussi bien que la négation de l'attribut risquent d'être réalisé.
5- Ibn Nojay;, Bahr ar-Ra'eq, vol. 2, p. 11.