Deuxième appel à la prière du Vendr...

Dar al-Iftaa d'Égypte

Deuxième appel à la prière du Vendredi

Question

Une polémique a eu lieu dans notre mosquée à propos de l'appel à la prière du Vendredi : s'agit-il d'un ou de deux appels ? Quel en est votre avis ?

Réponse

L'appel principal à la prière Azan أذان fut institué pour prévenir les gens de l'heure de la prière prescrite et suivi d'un autre (Iqama) adressé aux fidèles, au sein de la mosquée, pour se lever, se mettre en rang, et procéder à la prière. A chaque prière prescrite fut institué un seul appel.

Historiquement parlant, l'institution de l'appel à la prière remonte à la première année de l'Hégire comme l'indique le hadith relatant la vision d'Abdullah Ibn Zayd et celle d'Omar Ibn al-Khattab à ce propos82. A cette époque-là, chaque prière prescrite avait un appel principal (Adhan) et un autre secondaire appelé Iqama, et il en allait de même pour la prière de Vendredi, et ce, jusqu'à la fin du Khalifat d'Omar.

Ce n'est qu'à l'époque d'Othman qu'un deuxième appel principal fut ajouté pour pouvoir prévenir un grand nombre de fidèles qui ne cessait de croître. Par là, on a su que l'appel à la prière est, en principe, une institution religieuse et que rien n'empêche d'y ajouter un autre si le cas exige. Tout comme l'avait compris le Compagnon Bilal lorsqu'il a fait deux Rakats surérogatoires à la suite de ses ablutions mineures bien qu'ils n'aient pas été en principe institués.

A propos du deuxième l'appel ajouté par Othman, l'Imam al-Bokhari rapporte d''après As-Saéb Ibn Yazid que :

« Le premier appel à la prière du Vendredi est lancé dès que l'imam s'installe sur la tribune (minbar), et ce, à l'époque du Messager d'Allah, et de ses deux Compagnons Abou-Bakr et ‘Omar. A l'époque de ‘Othman, le nombre de croyants a augmenté et l'a incité à instituer à Az-Zawraa le troisième appel. »

Al-Bokhari l'a dénommé un troisième appel, car il comptait l'Iqama comme un deuxième appel à la prière.

En fait, ce que ‘Othman a fait n'a pas choqué les Compagnons de son époque ni les suivants qui ont approuvé, à leur tour, cette nouvelle institution. Et à partir du Khalifat de son successeur Ali Ibn Taleb et jusqu'à nos jours, les Musulmans suivent cette pratique. Dans une autre version, Al-Bokhari cita le même hadith d'après az-Zuhary :

« Le premier appel à la prière du Vendredi est lancé dès que l'imam s'installe sur la tribune minbar, et ce, à l'époque du Messager d'Allah, et de ses deux Compagnons Abou-Bakr et ‘Omar. Vu le nombre crossant de fidèles, Othman a donné l'ordre d'appeler à la prière de Vendredi pour la troisième fois. On a exécuté son ordre à az-Zawraa et dorénavant on suit cette pratique. »

Ibn Hajar al-’Skalani dit :

« Il semble qu'à cette époque, cette pratique instaurée par ‘Othman ait été suivie dans toutes les contrées de l'Islam, car il était un Calife obéi (…). Tout acte qui existait après le Prophète est considéré comme une innovation bonne ou réprimandée. Alors, on constate que cette innovation répond, en effet, au besoin pressant de prévenir les gens de l'heure de la prière prescrite. Il en va de même pour la prière de Vendredi même si elle s'en distingue par un deuxième appel lancé dès que l'orateur s'installe sur la tribune. On peut en tirer la légitimité de déduire d'un élément principal un sens qui n'y déroge83. »

Nous déduisons également que le deuxième appel à la prière du vendredi est une tradition de notre maître révéré Othman, une tradition dont le Prophète dit :

« Quiconque parmi survivra après moi, assistera à une grande divergence. Donc, Accrochez-vous fermement à ma tradition et à celle des califes bien guidés84. » et Othman est parmi ses califes.

Le consensus établi depuis l'époque des Compagnons jusqu'à présent approuve le deuxième appel à la prière du vendredi. Quiconque récuse cet appel et le renie, porte, ainsi, atteinte au consensus unanime et aux actes cultuels approuvés par les Ulémas à travers les âges. Il est à craindre de sa part une retombée dangereuse due à cette attitude.

Dans nos mosquées au Caire, on fait deux fois l'appel à la prière, une pratique déjà suivie, jusqu'à nos jours, dans les deux meilleures mosquées existant sur terre à savoir la Mosquée Sacrée de la Mecque et celle du Prophète à Médine. En conséquence, quiconque prétend que cette pratique est une hérésie, démentit alors le dire du Prophète :

« J'ai prié Allah, le Très-Haut, pour qu'Il fasse que ma communauté ne s'accorde pas sur une erreur et Il a exaucé mes voeux85. »

Qu'Allah fasse que la communauté se mette d'accord sur toute questions d'ordre religieux !

Et Allah Seul le sait par excellence

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