omplie seul derrière les rangs faute de trouver une place est-elle valide ? Est-il religieusement permis au fidèle, qui accomplit seul la prière, de faire reculer un autre fidèle pour prier ensemble ?

    Contrairement à la prière accomplie en commun, la prière individuelle peut désigner en général toute prière individuellement accomplie au sujet de laquelle le Prophète dit : 
   
     « La prière en commun est mieux récompensée à raison de 27 fois que la prière individuellement accomplie¹ . » 

    Cette prière peut désigner en particulier celle accomplie seul derrière les rangs en suivant l’imam.

    Prier seul derrière les rangs pour une cause valable _ telle que le fait de ne pas trouver un autre fidèle afin de former un nouveau rang _ est un acte valide. Toutefois, s’il n’y a pas de cause valable, la prière serait valide mais réprouvée conformément au Hadith cité par Abu Horayra que :

    « Abou Bakra, ayant attrapé l’Inclination (Rokou’) d’une prière dirigée par le Prophète, s’inclina seul avant de rejoindre les rangs. Informé, le Prophète lui dit : « Qu’Allah fasse de toi un croyant zélé ; mais ne réitère plus cet acte. »

    De ce Hadith, les jurisconsultes ont déduit la non-obligation de refaire la prière ainsi accomplie. 
    Concernant le Hadith rapporté par Wabessa Ibn Ma’bad et cité par at-Termizi, selon lequel le Prophète, après avoir vu un homme prier seul derrière les rangs et lui a ordonné de refaire la prière, les jurisconsultes, dans le but de concilier les avis, ont interprété l’ordre du Prophète par le fait qu’il s’agit d’un ordre de recommandation.

    En revanche, les Hanbalites considèrent comme invalide la prière du fidèle qui, sans cause valable, a accompli seul une Rak’at (unité de prière) derrière les rangs, car ils qualifient d'exécutoire l'ordre du Prophète figuré dans le Hadith de Wâbessa.

    Pour celui qui ne trouve pas d'endroit vacant dans un rang, les jurisconsultes ont des avis divergents :

    1- Selon les Malékites et l’un des deux avis des Chaféites à savoir l’avis de l’imam ach-Chaféi cité dans al-Bowaytî et choisi par al-Qadi Abou at-Tayeb indiquent que le fidèle, accomplissant seul la prière, doit se placer derrière les rangs sans essayer de faire reculer un autre fidèle pour former un rang à part. Le but en est de ne pas priver ce fidèle des mérites accordés à la prière accomplie dans un rang plus avancé. Les Malékites, quant à eux, sont allés plus loin en disant que la personne tirée a le droit de ne pas se laisser faire. Un avis soutenu encore par le hanéfite al-Kamal Ibn al- Hammam.

    2- Chez les Hanéfites et selon l'avis soutenu par les Chaféites, il est préférable que le fidèle tire un fidèle de son rang pour former un nouveau rang de prière à condition que ce dernier lui donne un accord implicite, sinon, il devra s'en empêcher pour éviter le désordre.

    3- Les Hanbalites, de leur côté, pensent qu'on doit, s'il est possible, se tenir à droite de l'imam ; puisqu'il est permis à un seul fidèle de s’y tenir. S'il s'avère impossible, on essayera alors d'attirer l'attention d'un fidèle dans un rang avancé pour venir le côtoyer en prière. S'il n'y réussit pas, il peut, dans ce cas, prier seul derrière les rangs. Il est déconseillé, voire blâmable d'attirer l'attention d'un autre fidèle en en le tirant contre son gré.

    Conformément à ce qui est cité là–dessus, les jurisconsultes sont unanimement d'accord sur la validité de la prière d'un fidèle effectuée derrière les rangs s'il n'avait pas le choix. Même ceux qui ont permis au fidèle de tirer un autre pour prier ensemble, ils ont posé comme condition l'acquiescement de cette personne. S'il ne sait pas quelle serait sa réaction ou il sait qu'il refuserait, il n'a pas alors le droit de le tirer de son rang pour éviter le désordre et respecter, en pratique, la divergence des Ulémas.

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 1-Cité par al-Boukhari et Muslim d’après Ibn ‘Omar