Dans notre mosquée, un enseignant au ministère de l’éducation nationale présidait la prière. Accablé par la vieillesse, il dirige assis la prière. Deux fidèles ont contesté cette attitude sous prétexte qu’elle était illogique. Il est à noter que cet enseignant apprend le Coran par coeur et maîtrise une partie de la Sunna. Ont-ils raison ?

L’accomplissement de la prière derrière un imam assis est unanimement valide s’il s’agit d’une prière surérogatoire. En revanche, les hanéfites et les chaféites jugent valide la prière prescrite accomplie derrière un imam assis conformément à l’acte du Prophète lui-même qui a présidé sa dernière prière de l’après-midi en position assise et les fidèles suivaient l’ordre des mouvements d’Abu Bakr derrière lui.

Par contre, les malékites et les hanbalites jugent invalide la prière accomplie derrière un imam assis. Pourtant, les hanbalites font exception de l’imam salarié atteint d’une maladie guérissable. Tout cela concerne l’imam capable d’accomplir en position assise l’inclination (Rokou’) et la prosternation (Sojoud), etc. Pour ce qui est de l’imam qui accomplit assis la prière et se contente de faire signe de la l’inclination et de la prosternation, il est autorisé d’accomplir la prière derrière lui comme l’indique Zofar le hanéfite et les chaféites. A ce propos, il convient d’avancer quelques-unes de leurs citations :

Dans al-Hidaya (1/59, éd. Dar at-Torath al-‘Arabi), l’imam al-Mirghinani le hanéfite dit : « Il n’est pas autorisé au fidèle capable d’accomplir normalement la prière derrière un imam l’accomplissant par des gestes ; car la position du fidèle dans ce cas-ci est plus méritoire. »

Dans al-Benaya charh al-Hidaya (2/363, éd. Dar al-Kotob al-‘Ilmyya), l’imam al-‘Ayni le hanéfite : « Zofar autorise aux fidèles de prier derrière un imam accomplissant par des gestes la prière ; car, en principe, la prière de deux (imam et fidèle) est valide ; c’est pourquoi, est autorisée la prière derrière un imam faisant ses ablutions à sec. Cet avis est également partagé par l’imam ach-Chaféi. Dans le même sens, al-Mawardi dit : « L’incapacité de l’imam d’accomplir les piliers de la prière n’empêche pas les fidèles de le suivre ; au même titre que l’imam faisant normalement la prière. ». Dans al-Moghni, on dit : « Le fidèle capable de faire normalement la prière n’est pas autorisé à suivre l’imam faisant la prière en position allongée ou l’imam incapable de s’incliner et se prosterner. C’est l’avis de Malek et Ahmad contrairement à celui de Zofar et ach-Chaféi. »

Dans al-Om (199-1/198) éd. Dar al-Ma’refa), l’imam ach-Chaféi dit : « Le Hadith rapporté par Anas selon lequel le Prophète a accompli assis la prière et les fidèles, derrière lui, en position assise également, ce Hadith-là est abrogé par celui rapporté par Aicha selon lequel : « Durant sa maladie de mort, le Prophète a accompli assis la prière et les compagnons derrière lui en position debout. »

En effet, ce dernier Hadith abrogeant est plus logique ; car l’imam incapable d’accomplir la prière en position debout est autorisé de le faire en position assise et par là il s’acquitte de cette obligation et les fidèles en position debout derrière lui s’en acquittent également. Ainsi, tout dépend de la capacité de la personne accomplissant la prière : l’imam s’acquitte de cette obligation debout s’il le peut sinon assis. S’il est incapable de s’incliner et de se prosterner, il peut l’accomplir en position allongée en faisant signe des mouvements de la prière. Il en va de même pour les fidèles derrière lui.

Dans al-Mohazab (1/185, éd. Dar al-Kotoub al-‘Ilmyya), l’imam Acherazi le chaféite dit : « Il est autorisé au fidèle de s’incliner et de se prosterner dernière un imam faisant la prière par des gestes ; car le roko’ et le sojoud font partie de la prière dont le fidèle capable est autorisé de suivre l’imam incapable de les faire tout comme pour la position debout. »

Et par conséquent, du point de vue religieux, rien n’empêche le fidèle d’adopter l’avis autorisant l’accomplissement la prière derrière un imam faisant assis la prière pour une excuse valable.

Et Allah Seul le sait par excellence.