Est-il religieusement permis de verser, en partie ou en total, la Zakat afin de mettre en oeuvre des stages d’amélioration pour les étudiants en religion dans l’espoir de les voir à l’avenir de bons prêcheurs ? Il est à noter également que ces étudiants n’arrivent pas, faute de moyens, à couvrir leurs propres dépenses ?

En principe, la Zakat est une obligation et un des piliers de l’Islam ; ses destinations ainsi que son acquittement sont bien déterminées par la Chari’a. A cet égard, Allah, le Très-Haut, dit :

« Les aumônes sont destinées aux pauvres, aux nécessiteux, à ceux qui sont chargés de recueillir ces dons et de les répartir, à ceux dont les coeurs sont à gagner, au rachat des captifs, aux endettés insolvables, à ceux qui se consacrent à la cause de Dieu et aux voyageurs démunis. C’est là un arrêt de Dieu, et Dieu est Omniscient et Sage196. »

En effet, les jurisconsultes sont unanimes quant à la permission de verser la Zakat à en faveur de ceux qui se consacrent aux savoirs religieux comme l’indiquent clairement les Chaféites, les Hanbalites et les Malékites.

Dans Jami’ al-Fatawa, Ibn ‘Abdine dit :

« Dans al-Mabsout, il est dit qu’il n’est pas permis de verser la Zakat à celui qui possède le nisab نصاب (montant exigé pour s’acquitter de la Zakat) ; exception faite pour la personne en quête du savoir religieux, le combattant dans le sentier d’Allah et le pèlerin tombé dans le besoin pendant son voyage sacré197. »

An-Nawawi précise que les Ulémas chaféites ont dit :

« Si la personne en quête du savoir religieux peut gagner sa vie ; mais craint que cela ne le distrait du savoir religieux, elle aura alors droit à la Zakat ; car l’acquisition des sciences religieuses est un devoir collectif198. ».

Al-khatib ach-Cherbini dit :

« Si une personne capable de gagner sa vie se consacre au savoir religieux et se trouve dans l’incapacité de satisfaire les deux à la fois, elle aura droit à la Zakat. Pourtant, cela ne s’applique pas à la personne qui veut, par zèle religieux, consacrer tout son temps aux pratiques cultuelles ou à l’hospitalité offerte aux pauvres199. »

Pour sa part, Al-Bahouti dit :

« Aura droit à la Zakat toute personne capable de gagner sa vie et pourtant se consacre aux sciences religieuses peu nécessaires à elle et se trouve incapable de faire les deux à la fois200. »

Al-Bahouti dans un autre endroit proche du précédent dit :

« Un jour, Ibn Taymeya a été interrogé au sujet de l’étudiant qui n’a pas les moyens pour acheter des livres religieux nécessaires. Il a répondu : « Il est permis de prendre de la Zakat de quoi acheter des livres religieux utiles pour sa vie d’ici-bas et celle d’Au-delà. »

Commentant la réponse d’Ibn Taymeya, al-Bahouti dit :

« Cette personne, comme le fait penser le texte, n'est pas exempte des destinations de la Zakat ; car l’achat des livres nécessaires fait partie de l’ensemble de ce dont la personne en quête du savoir religieux a besoin tout comme sa propre pension201. »

Pour leur part, les Malékites ont dit :

« Il est permis de verser la Zakat à la personne capable de gagner sa vie et pourtant s’occupe des savoirs religieux même dans l’absence de nécessité pour travailler202. »

Tel est, en effet, l’avis prépondérant des Malékites.

En effet, les dépenses offertes à la personne en quête du savoir religieux sont subordonnées à l’une des destinations de la Zakat, à savoir à celle de « Dans le sentier d’Allah. » conformément à ce Hadith : « Celui qui part à la recherche de la science est dans le Sentier d’Allah jusqu'à ce qu'il regagne son domicile203. ». Par conséquent, les Ulémas ont permis à celui qui cherche le savoir religieux d’avoir une part de la Zakat. De leur côté, les Hanéfites sont allés jusqu’à dire qu’il est religieusement permis de transmettre la Zakat d’un pays à l’autre au profit de l’étudiant en religion204.

Sans doute, les dépenses en vue de mettre en œuvre des stages d’amélioration des capacités des personnes en quête du savoir religieux ont, en effet, le statut même des dépenses versées pour acheter des livres religieux en leur faveur. En effet, leur besoin de ces stages s’avère plus important que l’achat des livres puisqu’ils leur profitent davantage.

Sur ce, il est religieusement permis de verser la Zakat pour entraîner les étudiants qui cherchent les sciences religieuses, surtout s’ils n’ont pas les moyens de couvrir leurs dépenses.

Et Allah Seul le sait par excellence