Conditions et statut du bain rituel du défunt
Question
Voulez-vous bien m'éclairer les conditions du bain rituel du défunt ? L'homme est-il permis de laver une autre femme que son épouse ?
Réponse
Le bain rituel du défunt est une obligation de caractère exonératoire, c'est-à-dire une fois accomplie par certains, les autres en seront dispensés. Au sujet du pèlerin qui tomba de sa monture et mourut, le Prophète dit :
" Lavez-le avec de l'eau et du jujubier, enveloppez-le dans ses deux pièces d'étoffe; mais ne lui couvrez pas le visage ; car, au Jour du Jugement Dernier, Allah le ressuscitera en train de prononcer la Talbya[1]. "
Le lavage consiste, tout d'abord, à couvrir avec de l'eau pure le corps du défunt après lui avoir pressé le ventre avec ménagement pour le purifier. Avant de procéder au lavage, on doit formuler l'intention d'accomplir cet acte de culte. Pour le laver facilement, il est recommandé de placer le cadavre sur un lieu élevé et de couvrir ses parties honteuses s'il est pubère. La personne qui s'engage d'effectuer cet acte doit être digne de foi pour ne pas divulguer les méfaits du défunt.
Le Prophète dit :
" Que le lavage de vos défunts soit assuré par les personnes dignes de foi ![2] "
Il est également recommandé de le laver trois fois avec de l'eau et du savon ou avec de l'eau embaumé tout en commençant par le côté droit. Il est possible que le nombre des fois du lavage soit, en cas de nécessité, plus de trois mais à condition d'être impaire : cinq ou sept.
Dans un Hadith authentique, le Prophète dit aux femmes qui sont venues laver sa fille Zaynab :
" Lavez-la, si vous le jugez bon, trois, cinq, sept fois ou plus[3]. "
Après le lavage, il est bon d'embaumer le corps du défunt avec du camphre.
Quant au martyre tué dans le combat mené contre les infidèles, il n'est pas permis de lui effectuer un bain rituel. Pour le mort-né à un stade avancé, ni la prière funéraire ni le bain rituel n'est obligatoire. Le plus digne d'effectuer le lavage du défunt est le père et ses ascendants puis le fils et ses descendants puis le frère et ses descendants puis l'oncle paternel et ses descendants car ils sont les plus dignes de diriger la prière funéraire accomplie pour lui. La femme est permise de laver son époux défunt. 'Aicha rapporte qu'Abou-Bakr a recommandé à son épouse Asmaa' Bent 'Omays d'effectuer son bain rituel du mort. Quant à la défunte, le lavage doit être effectué par les femmes les plus proches d'elle telles que les parentes dont le mariage avec son époux est jugé incestueux puis celles dont le mariage est permis puis les femmes qui n'ont aucun lien de parenté avec la défunte. Il est également permis à l'homme de laver son épouse défunte. Si la défunte n'a pas d'époux et, à défaut de trouver des femmes pour assumer cette tâche, les hommes lui effectuent le Tayamoum (en lui frottant le visage et les mains jusqu’aux poignets uniquement avec du sable). Le Hadith rapporté par 'Aicha sert de preuve sur la permission à la personne survivante de laver son conjoint mort.
Dans ce Hadith, 'Aicha dit :
« Le Prophète, au retour des funérailles à Baqi', m’a vu souffrir d'un mal de tête en criant : '' Oh Ma tête ! '' Il m'a répondu : '' C’est plutôt moi, oh ma tête ! Si tu meurs avant moi je te laverai, t'embaumerai. Ensuite, je prierai sur toi et t'enterrerai[4]. »
Le dire du Prophète "… je te laverai" sert de preuve par analogie sur la permission à la personne survivante de laver son conjoint mort.
[1] Cité par Mouslim.
[2]Cité par Ibn Maja.
[3]Cité par al-Boukhari.
[4]Rapporté par Ahmad et Ibn Maja.