Quelle est définition de la fatwa et quels sont ses processus ?

Dar Al-Iftaa est une institution publique à caractère religieux ayant pour objectif d’orienter la communauté musulmane vers son bien dans la vie d’ici-bas et dans celle de l’au-delà. Cette institution cherche à fonder la fatwa sur des bases solides conformément au bien-fondé de la religion ainsi qu’à réaliser les objectifs suprêmes de la charia tels que la protection de la vie, de la raison, de la religion, de la dignité et de la propriété. Elle vise également à enraciner dans l’esprit le principe de l’autorité référentielle en matière de religion face aux multiples interrogations successives à propos des problèmes qui se posent à ce monde et de ses réactions sur le plan interne.

En vérité, les fatwas émises par des compétents contribuent, en grande partie, à éclaircir les évidences de l'Islam, à réfuter les prétentions coupables de ses ennemis et à assurer que la charia est applicable en tout temps et en tout lieu et apte à organiser harmonieusement  les différents domaines de la vie privée et de la vie publique : politique, sociale, économique, intellectuelle, administrative, etc.

Dans ce cadre, il s'avère indispensable de remarquer la différence entre l'émission de la fatwa d'une part et les terminologies y ayant trait telles que la juridiction, l'effort personnel d’interprétation, l’avis, l’article, la recherche académique et le cadre scientifique d’autre part.

La Fatwa et son processus

L'émission d'une fatwa consiste à éclaircir, preuve à l’appui, au demandeur l'avis religieux concernant les questions qui se posent à lui et dont le statut religieux n'est pas clair. Par conséquent, la demande de fatwa porte uniquement sur les questions équivoques. Dans ce sens, le Coran a dit à propos des gens de la Caverne :

 « Dis : Mon Seigneur est le mieux Informé de leur nombre, mais il n’en est que peu qui le savent. Donc, ne pousse pas trop loin la discussion à leur sujet et ne prends l’avis de personne à cet égard[1]. "

En effet, la fatwa a pour objet d'éclaircir les prescriptions divines et de les appliquer aux actes des gens responsables.

La juridiction, c'est trancher les différends entre les parties en conflit. Il y a, en quelque sorte, une ressemblance entre la juridiction et la fatwa. Cependant, les différences entre les deux sont multiples :

-          La Fatwa consiste à indiquer l'avis religieux, quant à la juridiction, elle porte sur la promulgation d'un verdict pour trancher entre les parties en conflit.

-          La Fatwa n'est pas de caractère contraignant ; on a le choix de l'adopter ou de la laisser pour adopter celle d'un autre Mufti. Par contre, la sentence rendue par le juge est contraignante. C'est pourquoi, en cas de litige, si on demande à son adversaire d'avoir recours à l'arbitrage par le biais d'une fatwa, ce dernier n'est pas tenu de répondre à cette demande. En revanche, si on lui demande de faire recours au juge, il doit s'y conformer ; car le juge est nommé pour trancher définitivement les conflits.

-          Le mufti émet sa fatwa en se basant sur l'intention du demandeur de la fatwa. Quant au juge, il prononce son jugement en se basant sur les indices et les preuves tangibles. Par exemple, si quelqu'un dit au mufti : " J'ai dit à ma femme : " Tu es répudiée. " alors que je n'avais aucune intention de divorce. " Dans ce cas, le mufti juge invalide ce divorce involontaire contrairement au juge qui l'approuve sur le champ.

-          Le jugement judiciaire concerne seulement les parties en justice alors que la fatwa est générale, concernant le demandeur et autres. Le juge restreint le jugement à une personne bien précise alors que le mufti ne fait que donner l'avis religieux qui est de caractère général. Ex. " Faire une telle chose entraine une telle conséquence. " ou " Dire tels propos engage son auteur de …."

-          Le jugement judiciaire, pour être exécuté, doit être prononcé alors que la fatwa peut se faire par écrit, acte ou même geste.

            C'est déployer des efforts d'interprétation afin d'aboutir à la prescription religieuse relative à un acte dont la qualification religieuse prête à de multiples interprétations. En effet, ce qui fait la différence entre l'Ijtihad et la fatwa est que le premier ne traite pas les textes formels unanimement établis alors que la deuxième traite les textes dont la qualification religieuse est formelle ou indécise. Egalement, ce qui distingue l'Ijtihad de la fatwa est que le premier se réalise une fois qu'on arrive à une qualification religieuse et que la deuxième ne s'achève qu'après avoir donné cette qualification au demandeur. Il est à noter également que l'Ijtihad peut varier selon le changement des causes et des conceptions. Si de nouvelles circonstances apparaissent avec la certitude du mufti du changement ou de l'inexistence de l'ancienne conception, le mufti peut, dans ce cas, envisager la possibilité de changer la fatwa déjà prononcée. Il en va de même s'il s'agit d'un intérêt bien considérable donnant l'avantage à un autre ijtihad. 

            C'est ce qu'on voit et constate après réflexion et longue quête de vérité à propos des sujets controversés. Quant aux autres sujets, il n'y a pas lieu de parler d'un " avis ". Dans l'emploi de certains jurisconsultes, le kias (analogie) et l'istihsan (appréciation individuelle) peuvent avoir le même sens que l'avis. L'avis qu'adopte la fatwa ne doit pas aller, en aucun cas, à l'encontre des textes formels ou du consensus. On ne doit pas non plus donner l'avis sans se procurer, tout d'abord, des textes concernant le cas en question. De même, on doit écarter tout avis basé sur la simple intuition et non pas sur les enseignements coraniques ou traditionnels.            

 Il s'agit d'un art prosaïque dans lequel l'écrivain expose, d'une manière cohérente et attirante, une cause ou une idée quelconque. L'article est, souvent, court ne dépassant quelques pages. C'est pourquoi, l'écrivain tient toujours à être concis dans son exposition en se limitant à exposer une cause ou une idée bien déterminée. Dans ce genre d'art, l'écrivain peut traiter, au choix, des sujets religieux, sociaux, politiques, historiques, critiques, etc…

Parmi les différents types de l'article, figurent l’article subjectif et l’article objectif :

L’article subjectif est celui où domine la personnalité de l’écrivain à travers de l'exposition des sujets qu’il traite en pleine émotion ou à travers de ses récits autobiographiques. Dans ce type d’article, l’écrivain recourt au style littéraire caractérisé par sa langue sublime, ses images figurées expressives, et son rythme émouvant.

Quant à l’article objectif, il est distingué par le soin de l’écrivain de mettre ses émotions et ses affaires personnelles à l’écart en traitant les sujets. Dans ce type d’article, il avance un ensemble de vérités toutes nues sans aucune intervention de sa part. L’écrivain, dans son article objectif, recourt au style académique ; ses sujets, qui portent souvent sur les sciences physiques et humaines, sont bien organisés et rédigés en phrases claires, simples et tout à fait loin de la confusion et de l’illusion. Il ne s’intéresse ni aux images figurées ni au rythme linguistique ; il ne tient, en fait, qu’à transmettre au lecteur les vérités d’un sujet en toute simplicité possible.

L’article scientifique est le moyen par lequel l'écrivain décrit les vérités scientifiques à travers une méthodologie basée sur l’objectivité, les théories, les statistiques, et les terminologies inaccessibles aux non spécialistes. Quant à la l’article du journal, il est caractérisé par son langage clair et simple et parfois étincelé de quelques figures de style ou de précision scientifique bien intéressante sans pour autant perdre son caractère essentiel, simple et clair.

L’article, dans sa forme traditionnelle, doit contenir une préface afin de préparer le terrain aux idées que l’écrivain va exposer, une exposition dans laquelle il présente l’idée qui l’intéresse ainsi qu’une fin dans laquelle il résume son sujet et les résultats obtenus.

C’est la recherche qui vise à résoudre les problèmes, objets de la recherche, à travers l’étude minutieuse de toutes les vérités qui s’y rapportent et l’analyse de toutes les preuves fournies en les classant logiquement en vue d'aboutir à des résultats prouvés en se servant de tous les outils scientifiques nécessaires à ce domaine de recherche. 

C’est la sphère dans laquelle tournent les points de vue du chercheur à propos des questions, objets d’étude, à la lumière d’un ensemble de bases et de théories adopté qui exprime, en quelques sortes, ses tendances scientifiques.