Serrer la main après la prière

Dar al-Iftaa d'Égypte

Serrer la main après la prière

Question

Serrer la main aux fidèles après l'accomplissement de la prière fait-il partie de la prière ? Est-il déconseillé de le faire ? Constitue-t-il une innovation réprimandée ?

Réponse

Se serrer la main après l'accomplissement de la prière est un acte préféré ou permis par les Ulémas ; il ne fait partie ni des éléments complémentaires de la prière ni de ses actes surérogatoires.      

Ceux qui considèrent cet acte comme préféré s'appuient sur ce qui a été cité par al-Boukhari, dans son recueil as-Sahih, d'après Abou Johayfa qui a dit :    

« A midi, Le Prophète ﷺ est allé vers la vallée, il a fait ses ablutions et raccourci la prière d'az-Zuhr et celle d'al-'Asr en deux Rakats chacune en plaçant un bâton devant lui. Ensuite, les gens se sont empressés de tenir ses mains et de les faire passer sur leurs visages. » Puis, il a repris : « J'ai pris ses mains pour les poser sur mon visage, et je les ai trouvés plus froides que la glace et d'une odeur plus agréable que le musc. »     

 Al-Moheb at-Tabari (mort en 694 de l'hégire) dit :     

" Ce hadith peut servir d'argument à la coutume courante de se serrer les mains après la prière en commun, notamment après celles d'al-'Asr et d'al-Maghreb, avec la bonne intention de solliciter la bénédiction ou l'affection ou tout autre but noble. "     

Dans son al-Magmou’, l'imam An-Nawawy dit que le fait de serrer la main au fidèle déjà vu avant la prière est un acte permis alors que le faire avec un fidèle qui ne l'est pas est un acte recommandé.      

De même, dans al-Adhkar, an-Nawawy dit : " Sachez que le serrement de main est, à chaque rencontre, un acte recommandable. Pour ce qui est de la coutume courante de se serrer les mains spécialement après les prières d'al-'Asr et d'al-Fajr, elle n'a pas, en effet, de référence religieuse, ce qui ne doit pas empêcher de qualifier de bonne cette coutume ; puisqu'elle est, en elle-même, un acte recommandable. Consacrer le serrement de main à certaines prières et le délaisser pour le reste des prières ne doit pas mettre en cause cette coutume qui est, à l'origine, un acte ratifié par la Charia. D'ailleurs, l'imam al-Ezz Ibn Abdel Salam (mort 660 de l'Hégire) estime que le serrement de main juste après les prières d'al-Fajr et d'al-'Asr, est une innovation mais permise.     

Pour les Ulémas qualifiant cet acte de déconseillé, ils avancent que l'assiduité à cette pratique pourrait mener le crédule à croire que cet acte fait partie des éléments complémentaires de la prière ou de ses actes surérogatoires. Mais, en tout cas si un Musulman, pour saluer son confrère, lui tend la main, ce dernier ne devra pas le repousser, car un tel acte peut choquer violemment ses sentiments et blesser son amour-propre. Eviter de se comporter de cette façon est, en effet, prioritaire au fait de s'éloigner des actes désapprouvés ; car, dans la Charia, éviter la nuisance passe avant la recherche des avantages.

En conséquence, le serrement de main est un acte permis par la Charia à la base. Le pratiquer une fois la prière accomplie ne met pas sa légitimité en cause. Selon les Oulémas, le serrement de main est un acte permis voire recommandé comme rapporte, en détail, l'imam an-Nawawy. Il est à noter également que cette coutume ne fait partie ni des éléments complémentaires de la prière ni des actes que le Prophète ﷺ faisait assidûment. Raison pour laquelle, certains Ulémas ont qualifié cette pratique de désapprouvée si elle est accomplie après la prière. Donc, cette qualification n'a rien à voir, en fait, avec l'acte de se serrer les mains. Force est, pour celui qui suit cet avis, de prendre en considération ce sens, de respecter les principes moraux de la divergence et d’éviter de susciter les troubles, la haine, la discorde parmi les Musulmans en repoussant la main du fidèle tendue pour le saluer. Qu'il sache bien que la gentillesse, l'affection, et l'unité sont prioritaires, auprès d'Allah, au respect d'éviter les actes jugés déconseillés par les Ulémas.

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