Ma question porte sur une fatwa que nos frères chiites font circuler. Cette fatwa, attribuée au cheikh Shaltout, déclarerait la licéité de suivre le madhhab al-Dja’fari. Je voudrais donc savoir si cette fatwa existe-t-elle réellement et quelle est la position des Gens de la sunna (Ahl as-sonna) sur le suivi de cette école ?

Cher frère, Dar al-Iftaa d’Egypte n’a pas émis une fatwa dans ce sens. En tout cas, il s’agit d’un avis du cheikh Chaltout dont la conclusion précise que la divergence entre Sunnites et Chiites n’est pas celle qui entraine l’hostilité d’autant plus qu’un grand nombre de savants chiites n’adoptent pas voire désavouent les opinions mentionnées dans leur patrimoine chiite et sur lesquelles les sunnites ne sont pas d’accord. Il ne faut pas juger les gens selon les idées existants dans certains ouvrages de leur secte tant qu’ils ne l’approuvent pas. Et par conséquent, il n’y a pas d’inconvénient à ce qu’un Chiite pratique l’Islam selon la doctrine qu’il adopte, tant que le fiqh qu’elle enseigne ne déroge pas à l’unanimité des savants musulmans.

De son côté, le grand imam défunt Mahmoud Chaltout, cheikh de l’Azhar, a émis une fatwa selon laquelle le Chiisme est une doctrine musulmane ayant un fiqh accrédité et approuvée par l’Azhar. D’ailleurs, la fatwa indique que la communauté musulmane forme un seul corps et qu’il n’y a aucune différence entre Sunnite et Chiite tant que les deux accomplissent les mêmes prières et se dirigent ensemble vers la même direction. Les déclarations des grands savants chiites à ce propos lors des conférences et des colloques confirment ces assertions. Par exemple, ils ont indiqué que les malédictions lancées contre certains Compagnons et Califes bien-guidés, surtout Abu Bakr, ‘Omar, et la Mère des Croyants Aicha, n’existent pas dans la doctrine chiite et qu’elles ne sont que de pure invention qui n’ont aucune trace dans les ouvrages chiites considérables.

En outre, ces savants chiites ont précisé que la prétention selon laquelle le Coran avait été altéré est pur mensonge rejeté par les imams chiites et que l’infaillibilité des imams n’a rien à voir avec celle des Prophètes. Cette infaillibilité des imams est vue par les chiites comme la protection providentielle assurée aux Bien-aimés d’Allah (wali) dans la doctrine sunnite. De plus, les Chiites n’adoptent pas le dogme du Badaa’selon la conception juive ; mais ils le comprennent comme équivalent au Destin Suspendu ou à l’Abrogation chez les Sunnites. En effet, la fatwa émise par cheikh Chaltout à cet égard n’est pas un appel aux Sunnites d’appliquer l’Islam d’après la doctrine chiite ; car il y a une différence entre le Rapprochement des Ecoles musulmanes et le fait de les suivre. L’appel à l’unification des rangs à travers le rapprochement des Ecoles musulmanes et le dialogue positif n’est pas une invitation à suivre leurs enseignements. Il y a, certes, une différence entre les deux.

Et Allah Seul le sait par excellence.