Quel est l'avis religieux relatif au fait de donner au Prophète ﷺ ainsi qu'à sa famille et aux pieux le titre de maître «Sayyedna» (notre maître révéré) ?        

Le Prophète ﷺ est unanimement le maître des créatures. Il l'a affirmé :     

« Je suis le maître (le plus noble) des Fils d'Adam. »     

Selon une autre version :     

« Je suis le maître (le plus noble) des gens1. »    

Allah nous ordonne également de rendre hommage au Prophète ﷺ :     

« Nous t'avons envoyé en tant que témoin, annonciateur de la bonne nouvelle et avertisseur, pour que vous croyez en Allah et en Son messager, que vous l'honoriez, reconnaissiez sa dignité, et glorifiez Allah matin et soir2. »    

Qualifier le Prophète ﷺ de maître révéré «Sayyedna» fait partie de la reconnaissance de sa dignité. Al-Suddi et Qatada disent :    

« Reconnaître la dignité du Prophète, c’est le qualifier aussi de maître révéré (sayyed). »       

Les Compagnons, eux-mêmes, lui ont donné ce titre. D'après le Hadith rapporté Sahl Ibn Hanif :     

« Exposé à une pluie, je suis rentré chez moi pour accomplir mes ablutions rituelles à la suite desquelles, j'ai eu de la fièvre. Informé, Le Prophète ﷺ dit : « Informez de ma part Aba Thabet qu'il doit chercher protection contre cette fièvre auprès d'Allah. », « O mon Maître, la Roquia (rituel guérisseur) est-elle efficace ? Ai-je demandé. « La Roquia ne l'est qu'en cas de mauvais œil, de fièvre ou de morsure3. », répondit le Prophète ﷺ.    

De même, les Compagnons ont suivi la même pratique en priant sur le Prophète ﷺ. Abdullah Ibn Massoud dit :     

« Quand vous priez sur le Prophète, faites-le d'une manière convenable ; car vos prières pourraient lui être exposées. Alors, ils lui dirent : « Apprenez-nous comment faire ? « Dites : O notre Seigneur, que Ta prière, Ta miséricorde et Ta bénédiction soient sur le Maître des Messagers et le Prophète Ultime, Mohammad, Ton Serviteur et Ton Messager. Il est le premier à faire le bien et l'Envoyé de la miséricorde4. » (Rapporté par Ibn Maga et jugé bon par Al-Monzeri. Il est de même rapporté par Ibn Omar et cité par Ahmad Ibn Mozi' qu'il juge bon dans son ouvrage Al-Chawahid).    

En ce qui concerne le fait de donner le titre de Maître à un autre que le Prophète, il est légalement permis par le Coran, la Sunna et la pratique de la communauté, de génération en génération.    

Dans le Coran, Allah dit à propos de Sayyedna Yahia :    

« Alors, les anges l'appelèrent pendant que, debout, il priait dans le sanctuaire : voilà qu'Allah t'annonce la naissance de Yahia, confirmateur d'une parole d'Allah. Il sera un chef (sayyed), un chaste, un prophète et du nombre des gens de bien5. »    

L'imam Al-Qortobi dit :      

« Ce verset indique la permission de donner à un homme le titre de Maître tout comme il est permis de lui donner un titre d'honneur. "

A propos de notre Maître Youssof et la femme d'al-‘Aziz, Allah dit également :     

« Tous deux se précipitèrent vers la porte, et elle lui déchira sa tunique par derrière. Ils trouvèrent le mari devant la porte, et aussitôt la femme s’écria : « Quel châtiment mérite celui qui a voulu déshonorer ta femme, sinon la prison ou un supplice exemplaire ?6. »    

Quant à la Sunna, le Prophète ﷺ, à propos d'al-Hassan et d'al-Hussayn, dit :     

« AL-Hassan et al-Hussayn sont les Maîtres (les meilleurs) des jeunes du Paradis7. »     

Au sujet d'al-Hassan, il dit également :    

« Certes, mon fils est un maître (sayyed)8. »     

Il dit encore à Fatima :     

« O Fatima ! Ne seras-tu pas satisfaite d'être la maîtresse (sayyeda) des femmes croyantes9 ? »    

Il dit de même à propos de Sa'd Ibn Mo'az :     

« Tenez-vous débout à votre Sayyed (chef)10 . »     

A propos de Bani Salama, il dit :     

« O Bani Salama ! Qui est votre Sayed (maître) ? », « Jadd Ibn Qays est notre maître, pourtant, il nous semble avare. ». Répondit-on. Alors, le Prophète dit : « Quel méfait plus infâme que l'avarice ! ». « C'est, plutôt, Amr Ibn al-Gamouh qui est votre maître11. »    

Selon une autre version, le Prophète ﷺ dit :    

« Bichr Ibn al-Baraa Ibn Ma'rour est votre maître (sayyed)12. »    

Il y en a beaucoup d'arguments qui indiquent la permission de donner à la créature le titre de maître.    

Dans le domaine de la pratique de la communauté, nous trouvons ce qui suit :    

Omar, à propos d'Abu-Bakr et Bilal, dit :     

« Abu-Bakr est notre maître (le meilleur d'entre nous) et il a affranchi notre maître13. »   

Ali, au sujet de son fils Al-Hassan, dit :    

« Certes, mon fils est un Sayed (maître) comme le Prophète l'avait nommé14. »     

Abu-Horayra disait à Al-Hassan Ibn Ali :     

« O mon maître ! », on lui demanda : « Lui dites-vous : « O mon maître ?! », « J'ai entendu le Prophète ﷺ dire : « Certes, il est maître15. », Répondit-il.      

Ces manières d'appellation des Compagnons sans aucune opposition de leur part sont considérées comme une unanimité tacite comme l’indiquent les règles du Fiqh.    

Depuis longtemps, les Musulmans avaient l'habitude de donner aux descendants d'al-Hassan et d'al-Hussayn, le titre de maître. Dans la Tradition, Abdullah Ibn Massoud dit :     

« Tout ce que les Musulmans jugent bon est bon auprès d'Allah. Par contre, tout ce qu'ils jugent comme mauvais, l’est en fait auprès d'Allah16. »    

Par conséquent, donner au Prophète ﷺ ainsi qu'à sa famille et aux pieux le titre de maître est permis, voire recommandé légitimement. Leur donner ce titre reflète le respect et la reconnaissance de leurs mérites. Le Prophète ﷺ dit :     

« N'est pas de nous, quiconque ne vénère pas le viel homme, n'a pas pitié pour le petit et ne reconnaît pas les mérites du savant17. »    

- 1- Rapporté par Muslim et al-Boukhari. 

2- Coran : sourate al-Fath. V. 8 et 9. 

3- Rapporté par Ahmad et al-Hakem en le jugeant authentique.

4- Cité par Ibn Maja et jugé bon par al-Monzéri. Il est de même rapporté par Ibn Omar et cité par Ahmad Ibn Mozi' qu'il juge bon dans son ouvrage al-Chawahid.

5- Coran : al-‘Mrane. V.39.

6- Coran : Youssef. V. 25. 

7- Rapporté par at-Termizi et al-Hakim en le jugeant authentique.

8- Cité par al-Boukhari.

9- Ibid.

10- Ibid.

11- Rapporté par al-Boukhari dans son ouvrage Adab al-Mofrad.

12- Rapporté par at-Tabarani dans son ouvrage al-Mo'gam al-Kabir.

13- Rapporté par al-Boukhari.

14- Rapporté par Abu Da’oud. 

15- Rapporté par an-Nassaii dans son ouvrage Amal al-yawm wa al-Layla.

16- Rapporté par Ahmad.  17- Rapporté par Ahmad et al-Hakim et jugé authentique par Obada Ibn as-Samet.