Lors de son allocution lors du lancement de l’initiative « Formation et préparation des prédicateurs et des exhortateurs à l’usage de la langue des signes », le Mufti de la République a affirmé que : « La prise en charge des personnes ayant des besoins spécifiques est un honneur divin, illustré dans le Coran et la Sunna, et mis en pratique dans la vie du Prophète ﷺ.

Le professeur Dr Nazir Mohamed ‘Ayyad, Mufti de la République et président du Secrétariat général des institutions de Fatwa dans le monde, a souligné, dans son discours prononcé lors de la cérémonie de lancement de l’initiative « Formation et préparation des prédicateurs et des exhortateurs à l’usage de la langue des signes » et de l’inauguration d’une plateforme de prédication au service des personnes sourdes, à l’occasion de la Journée mondiale de la langue des signes, organisée par le Complexe des Recherches Islamiques en coopération avec l’Organisation mondiale des diplômés d’Al-Azhar et le Conseil national des personnes handicapées, que cette rencontre constitue une étape importante porteuse de multiples significations.
Il a mis en avant, en premier lieu, la profondeur des liens entre les institutions religieuses, civiles et communautaires, liens qui contribuent au développement et à l’édification effective de l’être humain et de la patrie. Il a également insisté sur la nécessité de considérer tous les êtres humains de manière égale, sans aucune discrimination, conformément à la parole divine : « Ô hommes ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être » (Coran 4 :1).
Il a rappelé que l’université et la mosquée d’Al-Azhar, ainsi que ses différents secteurs, notamment le Complexe des Recherches Islamiques, se sont toujours consacrés, tout au long de leur histoire, au service de tous les membres de la société, quelles que soient leurs conditions. Il a estimé que cette rencontre constitue un jalon important dans le processus de renouvellement du discours religieux, car un véritable renouveau repose sur un message sage qui s’adresse à tous, quels que soient leurs niveaux et leurs compréhensions, et qui explique et rectifie les questions de la religion et de ses règles. Il a enfin souligné qu’aucune construction humaine ou sociale ne peut être pleinement réalisée si les droits des personnes à détermination ou capacités particulières sont négligés.
Son Éminence le Mufti de la République a expliqué que l’islam a accordé une attention particulière aux personnes en situation de handicap. Le Coran évoque différents types d’infirmités, et la Sunna du Prophète ﷺ les mentionne également dans de nombreux hadiths. Les textes religieux ont ainsi encouragé la communauté musulmane à prendre soin d’eux, à être solidaires, à les soutenir et à œuvrer pour leur assurer une vie digne. L’islam a tenu à les honorer et à les réconforter, comme le souligne la parole divine : « Aucun malheur n’atteint la terre ni vos personnes sans qu’il ne soit consigné dans un Livre avant que Nous ne le fassions exister. Cela est certes facile pour Dieu, afin que vous ne vous affligiez pas de ce qui vous a échappé et que vous ne vous réjouissiez pas de ce qu’Il vous a donné » (Coran 57 :22-23).
Des hadiths élèvent leur statut et leur promettent le Paradis en récompense de leur patience, comme la parole du Prophète ﷺ : « Celui à qui J’ai repris ses deux précieuses [c’est-à-dire ses yeux], Je lui accorde le Paradis en compensation. » Le Prophète ﷺ a donné l’exemple dans son comportement envers eux : il répondit au besoin du compagnon ʿItbân ibn Mâlik lorsqu’il perdit la vue et pria dans sa maison afin qu’il puisse la prendre pour lieu de prière ; il exauça aussi la demande d’une femme ayant des troubles mentaux. Cela montre l’obligation de leur assurer des soins médicaux, un accompagnement social, économique et psychologique, et de satisfaire leurs besoins.
Le Mufti a ajouté que la loi islamique a veillé à intégrer les personnes à détermination particulière dans la société et à ne pas les isoler, leur confiant même des responsabilités : le Prophète ﷺ confia à Ibn Umm Maktûm, qui était aveugle, la direction de la prière à Médine à deux reprises, et il était aussi l’un de ses muezzins. Le Coran a corrigé les pratiques de la société préislamique qui les marginalisait, révélant : « Il n’y a pas de blâme pour l’aveugle, ni pour le boiteux, ni pour le malade… » (Coran 24 :61), affirmant ainsi leur droit à une vie pleine.
Les textes interdisent de se moquer d’eux ou de les mépriser, comme dans la parole divine : « Ô vous qui croyez ! Qu’un groupe ne se moque pas d’un autre… » (Coran 49 :11), et le Prophète ﷺ a dit : « Il suffit de mal à un homme de mépriser son frère musulman. » Il a même maudit celui qui détourne un aveugle de son chemin : « Maudit soit celui qui égare un aveugle », et a insisté sur la responsabilité collective : « Chacun de vous est un berger et chacun de vous est responsable de son troupeau. » La charia a aussi allégé certaines obligations pour eux, comme dans la révélation du verset : « … sauf pour ceux qui sont atteints d’un empêchement » (Coran 9 :91), concernant ceux qui ne pouvaient pas participer au combat en raison de leur handicap.
Son Éminence le Mufti a conclu en soulignant que l’islam n’a jamais fait de distinction, dans l’attention portée aux personnes à besoins particuliers, entre musulmans et non-musulmans : il a accordé à tous le même soin et la même considération. L’histoire islamique en fournit de nombreux exemples : le calife bien guidé ʿUmar ibn ʿAbd al-ʿAzîz prit des décisions garantissant la prise en charge des aveugles, des infirmes et des personnes atteintes de maladies chroniques, ordonnant qu’un guide soit affecté à chaque aveugle et qu’un serviteur s’occupe de deux personnes handicapées. De son côté, le calife al-Walîd ibn ʿAbd al-Malik innova en créant des institutions spécialisées pour leur assistance, en recrutant des médecins et des aides à leur service et en leur versant des allocations afin de les dispenser de demander l’aumône. Ainsi, l’islam leur a accordé une attention particulière, les plaçant à la position qui leur revient, et leur a permis de s’intégrer pleinement et de participer à toutes les activités et à la vie quotidienne. Le développement humain et la prospérité des nations, a-t-il affirmé, ne peuvent être complets sans la protection de leurs droits et leur inclusion totale dans la société.
Ont assisté au lancement de l’initiative :
- Son Éminence le Prof. Dr Mohamed al-Douayni, vice-grand imam d’Al-Azhar,
- Son Éminence le Prof. Dr Salama Daoud, président de l’Université d’Al-Azhar,
- Son Éminence le Prof. Dr ʿAbbâs Chouman, secrétaire général du Conseil des grands savants et président de l’Organisation mondiale des diplômés d’Al-Azhar,
- Cheikh Ayman ʿAbd al-Ghani, président du secteur des instituts d’Al-Azhar,
- Son Éminence le Prof. Dr Mohamed ʿAbd al-Dayem al-Jundi, secrétaire général du Complexe des recherches islamiques,
- La Dr Iman Karim, coordinatrice générale du Conseil national des personnes handicapées,
- La Dr Nahla al-Saʿidi, conseillère du grand imam d’Al-Azhar pour les affaires des étudiants étrangers,
- La Dr Ilham Chahine, assistante du secrétaire général du Complexe des recherches islamiques pour les affaires des prédicatrices, ainsi qu’un certain nombre de savants d’Al-Azhar, de personnalités publiques et de spécialistes impliqués dans les programmes destinés aux personnes à détermination particulière.