Lors d’une conférence destinée aux chercheurs et aux muftis malaisiens, dans le cadre du programme intitulé « La méthodologie de la fatwa à Dar al-Ifta d’Égypte », le Mufti de la République a affirmé que le travail institutionnel constitue le pilier fondamental de la construction et de la renaissance des États, ainsi que de l’instauration de la rigueur et de la transparence au sein des institutions religieuses, ce qui renforce la confiance et préserve la mission de la fatwa.

Le Mufti de la République, Nazir Mohamed ‘Ayyad, président du Secrétariat général des institutions de fatwa dans le monde, a affirmé que le travail institutionnel constitue la pierre angulaire de la construction et de la renaissance des États. Il a expliqué que les institutions fondées sur une réflexion collective et une organisation rigoureuse assurent un progrès et une stabilité bien supérieurs à ceux des structures dirigées par une seule personne. En effet, la diversité des compétences et des expériences enrichit la performance, approfondit la vision et renforce l’esprit de coopération au sein de l’organisation. À l’inverse, l’absence de travail collectif entraîne des décisions contradictoires, un manque d’équité organisationnelle et une absence de responsabilité, ce qui conduit à la perte des compétences, à l’occupation des postes de responsabilité par des personnes non qualifiées, à la démotivation des éléments compétents et au blocage des processus de réforme et de développement.
Cette déclaration a été faite lors d’une conférence donnée par le Mufti dans le cadre d’un programme intitulé « Méthodologie de la délivrance des avis religieux », au cours d’une séance consacrée à la gestion des institutions de consultation religieuse. Elle était destinée à un groupe d’universitaires et de spécialistes malaisiens, ainsi qu’à des représentants d’un organisme chargé du développement des affaires islamiques en Malaisie. Vingt-cinq participants, hommes et femmes, y ont pris part.
La conférence a mis l’accent sur l’importance de consolider les principes de bonne gouvernance et de transparence au sein des institutions religieuses, ainsi que sur la nécessité de renforcer le travail collectif afin de garantir la rigueur et l’efficacité dans la production des avis religieux et d’accompagner les évolutions contemporaines. Le Mufti a souligné que la complémentarité entre les disciplines et les compétences est une exigence scientifique et juridique pour préserver les objectifs fondamentaux de la religion et en faire ressortir les bienfaits. En effet, la délivrance des avis religieux n’est pas une démarche individuelle, mais un travail complexe qui exige l’articulation des savoirs scripturaires et rationnels.
Il a enfin insisté sur le fait que l’absence d’un cadre institutionnel solide engendre confusion et désordre, et que l’erreur dans le domaine religieux n’est pas tolérable puisqu’il s’agit d’une responsabilité majeure qui impose le respect, la précision et la rigueur. Cela nécessite un haut degré d’organisation et de méthode dans la classification et l’analyse des questions contemporaines, en conciliant l’authenticité des sources religieuses avec la réalité vécue par la société.
Le Mufti de la République a expliqué que la gestion des institutions de consultation religieuse repose sur un ensemble de principes fondamentaux, parmi lesquels :
- une référence scientifique claire, fondée sur une méthode précise et une mission bien définie,
- la concertation, qui garantit que les avis sont le fruit d’une réflexion collective après examen et vérification rigoureuse,
- la transparence, la responsabilité et une innovation encadrée permettant d’allier les principes constants aux exigences de la réalité contemporaine.
Il a souligné que l’institution qu’il dirige constitue un modèle pionnier en matière de bonne gouvernance, grâce à des départements scientifiques et techniques intégrés qui assurent la fluidité du travail et empêchent toute prise de décision individuelle. Il a ajouté que le succès du travail institutionnel dépend également de la préparation psychologique et intellectuelle des conseillers religieux, afin qu’ils soient capables d’accueillir les personnes qui les consultent avec douceur et sagesse, car la délivrance d’un avis religieux est avant tout une réponse humaine et spirituelle, et pas seulement une décision juridique.
Le Mufti a également insisté sur l’importance d’étudier la logique et la théologie en complément du droit religieux, afin de renforcer les capacités d’analyse et de raisonnement. Il a évoqué un exemple tiré de la tradition du Prophète, qui avait eu recours à un raisonnement analogique pour répondre à un homme doutant de la filiation de son fils, montrant ainsi que la raison est un outil pour comprendre et appliquer le texte religieux, et non pour le contester.
Il a ensuite abordé les défis rencontrés par certaines institutions religieuses dans différents pays, notamment le manque de personnel qualifié et une formation insuffisante. Il a précisé que ces difficultés peuvent être surmontées grâce à une sélection rigoureuse, des programmes de formation de qualité et l’intégration des outils numériques, par la création de bases de données, d’archives électroniques et de plateformes modernes destinées à faciliter l’accès aux avis et à améliorer la prise de décision.
En conclusion, il a rappelé qu’il existe des modèles institutionnels exemplaires dans ce domaine, notamment certaines institutions internationales spécialisées, qui illustrent parfaitement l’alliance entre authenticité et modernité ainsi qu’une gestion scientifique et structurée du travail religieux.