Le Mufti de la République, dans la ...

Dar al-Iftaa d'Égypte

Le Mufti de la République, dans la déclaration finale de la deuxième Conférence internationale du Secrétariat général des institutions de fatwa dans le monde, a affirmé que l’attachement du peuple palestinien à sa cause juste est un droit historique et humain qui ne s’éteint pas avec le temps.

Le Mufti de la République, dans la déclaration finale de la deuxième Conférence internationale du Secrétariat général des institutions de fatwa dans le monde, a affirmé que l’attachement du peuple palestinien à sa cause juste est un droit historique et humain qui ne s’éteint pas avec le temps.

Son Éminence le Professeur Dr Nazir Ayyad, Mufti de la République arabe d’Égypte et Président du Secrétariat général des institutions de fatwa dans le monde, a prononcé la déclaration finale des travaux de la deuxième conférence internationale du Secrétariat général des institutions de fatwa dans le monde, placée sous le thème : “La fatwa et les enjeux de la réalité humaine : vers un ijtihad éclairé en phase avec les défis contemporains”.
Cette conférence s’est tenue au Caire les 15 et 16 décembre courant, sous le haut patronage de Son Excellence le Président Abdel Fattah Al-Sissi, Président de la République.

Au début de son allocution, Son Éminence le Mufti a souligné que cette conférence venait réaffirmer l’importance cruciale de la question de la fatwa et des problématiques humanitaires dans un monde marqué par une escalade de défis sans précédent, tels que les crises, les conflits armés, les catastrophes naturelles et les pandémies mondiales. Autant de réalités qui imposent des questions urgentes nécessitant un effort jurisprudentiel éclairé, capable d’intégrer les évolutions de l’époque avec sagesse et clairvoyance.
Il a également mis en avant la large participation qu’a connue la conférence, réunissant des muftis, des savants et des représentants d’institutions de fatwa de divers pays du monde, ainsi que des experts dans les domaines humanitaire et des droits de l’homme, dans le but d’échanger les points de vue et de renforcer la coordination autour du rôle de l’iftāʾ dans la préservation de la dignité humaine et le traitement des questions contemporaines dans un esprit de responsabilité et de coopération intégrée.

Le Mufti de la République a précisé que les travaux de la conférence se sont articulés autour de cinq axes majeurs, reflétant la richesse des débats approfondis issus de l’échange d’expériences et de savoirs entre les participants. Le premier axe portait sur la fatwa et la dignité humaine, abordant les fondements juridiques et éthiques qui imposent la préservation de la dignité humaine ainsi que la prise en compte des droits et des devoirs de l’être humain dans le processus de l’iftāʾ. Il a souligné la nécessité que toute fatwa soit rigoureusement encadrée de manière à respecter les droits de l’homme et la sacralité qui lui est attachée, tant sur le plan spirituel que corporel.
Un autre axe a été consacré aux fatwas relatives aux crises et aux situations exceptionnelles, mettant en lumière le rôle de l’iftāʾ dans la prise en charge des crises et des événements imprévus, selon une approche alliant ouverture sur la réalité et préservation des constantes fondamentales.

Son Éminence a également signalé que la conférence a abordé l’ijtihad contemporain dans les questions humanitaires, en traitant de nombreux dossiers tels que ceux des migrants, des réfugiés et des victimes des guerres, ainsi que des problématiques liées à la pauvreté, au développement, à l’analphabétisme religieux et au changement climatique. Elle a en outre consacré un axe à la coopération internationale et à l’ouverture institutionnelle, soulignant l’importance de renforcer la collaboration entre les institutions de fatwa à travers le monde et les autres institutions scientifiques spécialisées. À cela se sont ajoutés de nombreux ateliers interactifs, organisés avec la participation de muftis et de spécialistes de l’action humanitaire, lesquels ont abouti à l’élaboration de plans préliminaires pour des projets communs entre les institutions de fatwa et les organismes humanitaires et de défense des droits.

Enfin, Son Éminence le Mufti a annoncé les principaux résultats et recommandations de la conférence, au premier rang desquels figure l’adoption de la « Charte de la fatwa et de la dignité humaine », une charte éthique destinée à consacrer les principes et valeurs juridiques et professionnelles que les institutions de fatwa doivent respecter afin de préserver la dignité humaine, tout en tenant compte des spécificités culturelles et sociales des peuples, sans porter atteinte aux constantes de la noble charia islamique.
La conférence a également abouti à la publication du « Guide procédural des fatwas relatives aux crises et aux situations exceptionnelles », un guide pratique unifié destiné à orienter les muftis et les institutions de fatwa en période de crises majeures et dans les procédures d’iftāʾ en circonstances exceptionnelles.

Son Éminence a également annoncé, parmi les résultats de la conférence, la publication du « Guide de la fatwa contemporaine dans les questions humanitaires », un ouvrage de référence élargi comprenant des études et des fatwas contemporaines portant sur les principales problématiques humanitaires de notre monde, conciliant authenticité et modernité.
Il a en outre été procédé au lancement d’initiatives exécutives et applicatives, au premier rang desquelles figure « Fatwa AI », un modèle de délivrance de fatwa développé par Dar al-Iftāʾ et considéré comme l’un des résultats les plus marquants de la conférence. Ce modèle vise à exploiter l’intelligence artificielle dans l’analyse des questions posées et la formulation de fatwas juridiques précises, constituant ainsi une avancée qualitative dans le développement du système de l’iftāʾ et le renforcement de sa présence.

Son Éminence a également attiré l’attention sur la « Plateforme de la fatwa au service de l’humanité », une plateforme numérique mondiale et multilingue permettant l’échange d’expertises et d’efforts d’ijtihad entre les muftis. Cette plateforme pourra offrir une application intelligente, interactive avec les questions urgentes, et fournir des réponses rapides et fiables.
À cela s’ajoute la « Banque mondiale des fatwas pour le développement », une base de données numérique centralisée rassemblant les fatwas reconnues relatives aux questions de développement et aux enjeux humanitaires, émises par les différentes institutions de fatwa, afin d’en faire une référence mondiale des meilleures pratiques en matière d’iftāʾ.

Le Mufti de la République a enfin indiqué que les ateliers interactifs conjoints organisés dans le cadre de la conférence ont abouti à de nombreux résultats et propositions de projets et de programmes de formation visant à renforcer les compétences des muftis, ainsi qu’à l’élaboration de mécanismes pour la mise en place d’un réseau international de communication entre les institutions de fatwa et les organismes humanitaires, afin d’assurer un échange immédiat d’informations en temps de crise.
Ces travaux ont également recommandé le lancement de plateformes électroniques communes pour la diffusion de fatwas humanitaires en plusieurs langues, ainsi que l’établissement d’un programme de partenariat entre les institutions de fatwa et les ministères de la Santé, en vue de lancer l’initiative du « conseiller médico-religieux », prévoyant la présence de conseillers religieux dans les grands hôpitaux.

Son Éminence le Mufti a exprimé sa profonde gratitude à l’honorable assemblée de savants, de muftis et d’experts pour les éloges qu’ils ont formulés à l’égard de l’organisation remarquable de la conférence, ainsi que pour l’accueil chaleureux et les facilités offertes afin d’assurer une participation optimale à tous.
Il a adressé des remerciements particuliers aux équipes de travail de Dar al-Iftāʾ et du Secrétariat général pour les efforts sincères qu’elles ont déployés, soulignant que ce succès est le fruit de la mobilisation et de la coopération de tous. Il a également salué le rôle des journalistes et des professionnels des médias, qu’il a qualifiés de « partenaires de la réussite », en raison de leur contribution professionnelle à la transmission du message de sensibilisation et à la construction d’un discours religieux éclairé et équilibré.

À la clôture des travaux de la conférence, Son Éminence le Mufti a annoncé un ensemble de recommandations et d’appels fondamentaux, dont les principaux sont les suivants :

Premièrement : adopter les résultats et les mettre en œuvre au sein des institutions et organismes de fatwa à travers le monde, en les intégrant dans leurs pratiques institutionnelles et leurs programmes de formation.

Deuxièmement : s’engager en faveur du droit humanitaire et de la protection des civils en temps de guerres et de conflits, condamner les crimes et violations commis à l’encontre du peuple palestinien sans défense, et appeler la communauté internationale à agir immédiatement pour mettre fin à l’effusion de sang, garantir l’acheminement de l’aide humanitaire et protéger les droits des opprimés.

Troisièmement : la conférence réaffirme son plein soutien à la résilience des habitants de Gaza en particulier, et du peuple palestinien en général, face à l’agression continue dont ils sont victimes. Elle insiste sur leur droit légitime, garanti par les lois et conventions internationales, à défendre leur terre et leurs lieux saints, et rejette toute tentative de déplacement forcé ou d’effacement de l’identité.
La conférence réaffirme également l’attachement du peuple palestinien à sa cause juste, en tant que cause d’un droit historique et humain imprescriptible, et appelle la communauté internationale à assumer ses responsabilités morales et juridiques afin de mettre fin à l’agression, de protéger les civils et de soutenir les droits légitimes du peuple palestinien.

Quatrièmement : l’institution religieuse en Égypte, dans ses trois composantes — al-Azhar al-Charif, le ministère des Awqaf et Dar al-Iftāʾ— réaffirme son soutien à la position ferme et constante de l’État égyptien concernant la cause palestinienne. Elle souligne le droit originel et inaliénable du peuple palestinien à établir son État indépendant, pleinement souverain, sur ses territoires occupés, avec Jérusalem-Est pour capitale.
Elle précise que cette position procède de constantes historiques, nationales et éthiques, et qu’elle s’appuie sur les principes de la justice internationale et les résolutions de la légalité internationale, afin de préserver les droits historiques légitimes du peuple palestinien. Il ne s’agit pas seulement d’une cause arabe ou musulmane, mais de la cause de toute personne dotée d’un cœur sain et d’une conscience droite.

Cinquièmement : renforcer la coopération internationale par l’échange d’expertises et le lancement d’initiatives communes dans le domaine de l’iftāʾ humanitaire, ainsi que la prise en charge des problématiques partagées telles que la pauvreté et les pandémies.

Sixièmement : affirmer l’intégration institutionnelle de l’iftāʾ entre les institutions et organismes de fatwa au niveau mondial, sous l’égide du Secrétariat général, à travers l’échange d’expériences, l’unification des mécanismes de travail et l’activation des initiatives internationales de fatwa, notamment la Charte de coopération et d’intégration en matière d’iftāʾ.

Septièmement : investir dans les technologies afin d’élargir à l’échelle mondiale l’accès au service de la fatwa, et lancer des applications intelligentes ainsi que des plateformes interactives multilingues.

Huitièmement : valoriser le rôle de la « diplomatie religieuse » dans le soutien aux efforts de paix mondiale, la promotion des valeurs de coexistence et le renforcement d’une identité authentique et équilibrée.

Neuvièmement : renforcer la coopération entre les ministères de l’Éducation, de la Culture et de l’Information, d’une part, et les institutions de fatwa, d’autre part, afin d’intégrer dans les programmes scolaires les notions de tolérance, de coexistence et de sécurité intellectuelle, et de développer des initiatives médiatiques s’adressant aux différentes composantes de la société — en particulier les jeunes — pour prémunir les générations montantes contre les fléaux de l’ignorance et de l’extrémisme.

Dixièmement : consolider les liens entre les institutions de fatwa et les autorités sanitaires afin de garantir l’émission de fatwas médicales unifiées, solides et rigoureuses, notamment en période d’épidémies et de crises sanitaires.

Onzièmement : prendre en considération les objectifs du développement dans le processus de l’iftāʾ, et orienter les fatwas vers le soutien à la lutte contre la pauvreté, l’amélioration de la qualité de l’éducation et de la santé, ainsi que la protection de l’environnement.

Douzièmement : poursuivre avec fermeté la lutte contre le phénomène de l’extrémisme idéologique et des fatwas aberrantes qui ébranlent la stabilité des sociétés, et renforcer la coordination entre les institutions religieuses, sécuritaires, éducatives et médiatiques afin de rectifier les conceptions erronées auprès des jeunes.

Treizièmement : la nécessité d’un engagement effectif avec les réalités du terrain, en dépassant le simple cadre théorique pour adopter des mesures pratiques et exécutives concrètes, tout en veillant à ce que le discours de la fatwa soit clair et sans équivoque, affirmant sans détour que toute agression contre des personnes innocentes constitue un crime grave imprescriptible, dans le but de préserver la dignité humaine et de garantir la sécurité des sociétés.

 

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