Son Éminence le Professeur Dr. Nazi...

Dar al-Iftaa d'Égypte

Son Éminence le Professeur Dr. Nazir Mohammed ‘Ayad, Mufti de la République et Président du Secrétariat général des Institutions de Fatwa dans le monde, a déclaré au début de son discours lors de la « Session des savants », organisée en marge de sa participation aux travaux de la conférence mondiale intitulée : « L’éducation des filles dans les sociétés musulmanes : défis et opportunités », qui se tient dans la capitale pakistanaise, Islamabad, du 11 au 12 janvier 2025.

Son Éminence le Professeur Dr. Nazir Mohammed ‘Ayad, Mufti de la République et Président du Secrétariat général des Institutions de Fatwa dans le monde, a déclaré au début de son discours lors de la « Session des savants », organisée en marge de sa participation aux travaux de la conférence mondiale intitulée : « L’éducation des filles dans les sociétés musulmanes : défis et opportunités », qui se tient dans la capitale pakistanaise, Islamabad, du 11 au 12 janvier 2025.

Cette conférence s'inscrit dans le cadre du combat intellectuel renouvelé visant à libérer la femme musulmane des idées fausses et des conceptions erronées qui lui sont attribuées. Elle constitue également un prolongement naturel du mouvement de renouveau juridique et intellectuel initié par nos savants et érudits à l’époque moderne, un mouvement porté et défendu par les institutions religieuses, au premier rang desquelles figurent Al-Azhar Al-Sharif et Dar Al-Ifta d’Égypte en République arabe d’Égypte.

Son Éminence a souligné dans son discours que la charia a devancé toutes les autres législations en réalisant une égalité complète entre l’homme et la femme, à l'exception de quelques aspects mineurs conformes à la nature spécifique des hommes. L’islam a proclamé la liberté et l’indépendance de la femme à une époque où elle était plongée dans l’abîme de la décadence durant l’ère préislamique. Il lui a octroyé l’intégralité de ses droits humains sans aucune restriction et a reconnu une compétence juridique équivalente à celle de l’homme dans toutes les situations civiles.

Son Éminence a poursuivi en affirmant que l’islam considère l’homme et la femme avec une égalité véritable, et non simplement formelle ou apparente. Cette égalité ramène la société à la saine disposition naturelle sur laquelle le Créateur, exalté soit-Il, a façonné Ses créatures. L’islam a résumé cette égalité dans le verset : « Elles ont des droits équivalents à leurs obligations, conformément à l'usage » (Sourate Al-Baqarah : 228). Toute pensée ou proposition qui diminue cette égalité ou la réduit à une simple apparence est une pensée étrangère à l’islam, qui s’en dissocie totalement, quel que soit celui qui l’évoque ou la soutient.

Il a également souligné que lorsque l’islam a encouragé les musulmans à rechercher le savoir et à s’instruire, il ne s’est pas adressé exclusivement aux hommes, ni n’a accordé aux hommes une quelconque supériorité explicite ou implicite sur les femmes dans ce domaine. Bien au contraire, l’appel de l’islam à l’apprentissage et à l’acquisition des connaissances s’adresse de manière égale aux hommes et aux femmes.

Son Éminence le Mufti a souligné que l’incompréhension autour de la question de l’éducation des femmes découle principalement de deux raisons majeures :

Premièrement, l’influence des coutumes, traditions et normes sociales sur les efforts d’interprétation visant à déduire certaines règles juridiques spécifiques aux femmes. Ces interprétations, issues de contextes passés, ont été reprises et perpétuées par certains imitateurs rigides, qui n’ont pas examiné avec profondeur ni conscience que ces jugements étaient fondés sur des réalités révolues, des intérêts qui ont évolué, et des situations familiales et sociales qui ont été dépassées par le progrès depuis des siècles. Ils ont ignoré l’obligation d’adapter les avis juridiques en fonction des évolutions des époques, des lieux, des circonstances, des intentions et des usages.

Il a affirmé que cette rigidité, ainsi que ces traditions archaïques imposées par les hommes et non par le Seigneur des hommes, ont conduit à la dégradation de la condition culturelle et sociale des femmes. Elles ont abaissé le niveau de l’éducation, renforcé une ignorance délibérée des femmes et porté gravement atteinte à leurs droits fondamentaux.

Deuxièmement, la propagation de hadiths faibles concernant la femme et leur utilisation comme base pour déduire certains jugements juridiques, en particulier ceux liés à son rôle et à son interaction avec la société.

Son Éminence a exprimé son étonnement face à ceux qui s'appuient sur ces hadiths faibles pour annuler les versets clairs et explicites du Coran ainsi que les traditions prophétiques authentiques et évidentes. Il a affirmé que ces affirmations ne reposent sur aucun fondement et que ces hadiths sont en réalité fabriqués, en contradiction flagrante avec le texte explicite du Coran et les pratiques du Prophète (paix et salut sur lui), qui honorait la femme, l'encourageait à s'instruire et à progresser.

Il a attiré l'attention sur une vérité manifeste, confirmée par les textes juridiques islamiques : l’islam considère la femme comme une force intellectuelle, culturelle, humaine et éducative. Cette vision impose de découvrir les aspects de bonté et de créativité qu’elle porte en elle et de l’intégrer pleinement dans la construction d’une civilisation humaine éclairée et équilibrée.

Son Éminence a déclaré que la réalité historique démontre que lorsque les femmes ont abandonné l’éducation, c’est toute la nation qui a accusé un retard. En effet, des mères ignorantes engendrent des enfants ignorants et apathiques, tandis que l’éducation et l’épanouissement des femmes constituent le chemin vers la renaissance de l’ensemble de la société. L’histoire a également prouvé que toute réforme qui néglige les droits des femmes ne peut être qualifiée de véritable réforme et ne saurait connaître ni succès ni pérennité.

Il a poursuivi en affirmant : « Les premières musulmanes étaient un modèle exemplaire d’interaction positive avec la société : elles accomplissaient les cinq prières quotidiennes à la mosquée, de l’aube jusqu’au soir. Elles participaient aux batailles, qu’il s’agisse de victoires ou de défaites. Elles assistaient aux grands serments d’allégeance et prenaient part à la vie publique en ordonnant le bien et en interdisant le mal. Dans l’islam, la femme a toujours été reconnue comme un être humain jouissant de droits matériels et moraux complets. Elle n’a jamais été, à aucun moment, une « déchet social », comme le prétendent les extrémistes ignorants. »

 

« Est-il concevable que la pensée religieuse prône l’ignorance des femmes, tandis que l’athéisme militerait pour leur éducation ? Quel esprit pourrait accepter une telle contradiction ? Est-il raisonnable de maintenir les femmes prisonnières de l’ignorance et de l’oppression à l’ère de l’atome, de l’exploration spatiale et de l’intelligence artificielle ?
L’islam appelle à se libérer des chaînes archaïques, à s’éclairer par le savoir et à s’élever par la raison. C’est cet objectif qui doit rester au centre de nos préoccupations. »

En conclusion de son discours, Son Éminence le Mufti a affirmé que nous aspirons, avec sérieux et sincérité, à une coopération efficace en vue de corriger les idées fausses entourant les questions contemporaines liées à la femme. Il a renouvelé son soutien total à toutes les visions et initiatives constructives qui émergeront de cette noble conférence. Avec l’aide d’Allah, nous œuvrerons pour concrétiser nos aspirations communes en vue de bâtir une société harmonieuse où règnent la justice et l’égalité pour tous.

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