Quel est l’avis religieux relatif au suicide ? Peut-on entreprendre les préparatifs funéraires en faveur du suicidaire : lavage, linceul, prière funèbre, etc. ?

 Allah, le Très-Haut, dit : « Il ne faut pas porter atteinte à la vie d’autrui que Dieu a déclarée sacrée. Voilà ce que votre Seigneur vous a recommandé et que vous ferez bien de méditer . », « N’attentez pas non plus à vos jours, car Dieu est Plein de compassion pour vous . ». Thabit Ibn ad-Dahhak rapporte que le Prophète dit : « Quiconque se tue sera torturé le Jour Dernier par le moyen de son suicide. » (Rapporté par al-Boukhari et Musleim).

En vérité, le suicide est un acte formellement interdit par la charia conformément au Coran, à la sunna et au consensus des Musulmans. Bien que le suicide fasse partie des péchés majeurs, on ne taxe pas son auteur d’incroyance, et par conséquent, il faut, à titre de devoir collectif, entreprendre les préparatifs funéraires en sa faveur : lavage des dépouilles mortelles, linceul, prière funèbre et enterrement dans le cimetière des Musulmans. Dans Nihayet al-Mohtaj (2/441), Chams ed-Dine ar-Ramli : « Que la mort soit provoquée par le suicide ou non, le mort (ou la morte) a droit à tous les rites d’enterrement : lavage rituel, linceul, prière funèbre, enterrement dans les tombes des Musulmans. ».

Il est à noter que le suicide peut être provoqué d’une manière directe ou indirecte. On qualifie par exemple de suicide direct toute tentative de se tuer par l’usage d’une épée, d’une lance, d’un fusil, d’un poison ou bien par le jet du haut d’un bâtiment, la noyade ou l’incinération vive. En revanche, on qualifie de suicide indirect toute tentative de se laisser mourir soit par s’abstenir de manger et de boire ou de cesser de prendre un remède efficace ou bien toute résignation à la noyade, à l’incendie ou aux assauts d’un animal féroce.

Enfin, il convient de souligner que le fidèle ne doit pas avoir recours au suicide pour mettre fin à sa souffrance. Par exemple, il n’est pas religieusement permis à la captive de se suicider pour ne pas être violée. Elle doit plutôt résister de toutes ses forces aux tentatives du violeur même si cela arrive à le tuer sur le champ. Si elle résiste obstinément et finit par être tuée par le criminel, elle meurt en martyr pour avoir défendu son honneur. De même, le fidèle, victime des tourments ou des humiliations, doit y résister patiemment sans tenter d’éliminer sa souffrance par le suicide. Il ne lui est pas également permis d’y avoir recours sous prétexte de garder sa dignité contre le supplice et la captivité. Le Musulman est ordonné d’être endurant en cas d’épreuve et de lutter contre l’injustice autant que possible. Il n’a pas le droit d’avoir recours au suicide pour se délivrer d’un mal qu’il s’estime incapable de supporter.

Et Allah Seul le sait par excellence.
ـــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــ
(1) Coran, al-An’am, 151.
(2) Coran, an-Nissa, 29.