Le mariage d’un homme avancé en âge
Question
Quelques parents forcent leurs filles à se marier avec des hommes (surtout les riches Arabes) plus âgés qu’elles de plus de vingt ans. C’est un vrai négoce. Le père, leurré par l’éclat irrésistible de l’argent, reçoit du vieillard prétendant une somme considérable en échange de son mariage avec sa fille mineure. Rappelons que ce type du mariage non-assorti est souvent voué à l’échec et les filles répudiées désespérées finissent retourner chez leurs familles. La question qui se pose alors : refuser ce mariage indésirable par la fille constitue-t-il une désobéissance à l’ordre du père, acte blâmable par la religion ? Est-il religieusement permis au père de contracter le mariage avec l’homme en l’absence de la fille et sans son accord ? Est-il aussi autorisé de punir les parents pour avoir agi ainsi ? Le même jugement religieux s’applique-t-il aux frères qui forcent leur sœur à ce type de mariage ?
Réponse
Dans Son Livre Sacré, Allah, le Très-Haut, dit : « Il a créé de vous et pour vous des épouses afin que vous trouviez auprès d’elles votre quiétude, et d’avoir suscité entre elles et vous affection et tendresse. En vérité, il y a en cela des signes certains pour ceux qui raisonnent[1]. ». Pour sa part, le Prophète dit : « O jeunes gens ! Je recommande le mariage à quiconque en a les moyens ; car il empêche le regard coupable et préserve la chasteté ; sinon je lui recommande le jeûne qui servirait de bouclier contre le péché[2]. ».
Le mariage est une finalité religieuse et un bienfait divin qui reflète l’un des aspects sublimes de la vie humaine. Pour sa grande importance, le mariage en Islam a été entouré de toutes sortes de garanties lui réservant son caractère sacré et le préservant contre l’abus. De leur côté, les jurisconsultes musulmans ont posé des conditions pour que le mariage soit valide : 1- Le consentement mutuel. 2- Les témoins. 3- La dot. 4- Le tuteur. 5- La déclaration solennelle. 5- La formule propre au mariage. Une fois remplies toutes ces conditions, le mariage devient valide. Donc, une seule condition faisant défaut suffit pour qualifier d’invalide un contrat de mariage.
En principe et du point de vue de la majorité des jurisconsultes, la présence du tuteur lors de la conclusion du mariage est une condition pour que le mariage soit valide ; mais l’imam Abu Hanifa n’en fait pas une condition obligatoire ; c’est-à-dire que la femme a le droit de conclure elle-même son contrat de mariage en l’absence de son tuteur tant que ce mariage est bien assorti.
L’avis de l’imam d’Abu Hanifa semble plus approprié aux cas suivants : -
Le tuteur est réputé pour son caractère pervers.
Le tuteur est connu pour son choix souvent impropre.
Le tuteur cherche la fortune par le mariage de sa fille.
Le tuteur force sa fille au mariage avec un homme non désiré.
Dans tous ces cas, la femme, surtout celle déjà mariée, a le droit de refuser le mariage avec l’homme, choisi par son tuteur. Son refus ne constitue pas en aucun cas une désobéissance à l’ordre de son père.
Nous conseillons aux pères qui forcent leurs filles au mariage avec des hommes avancés en âge de craindre Allah, le Très-Haut, au sujet de leur intérêt. Ils doivent obtenir leur accord tacite pour leur assurer une vie de couple heureuse et pérennante comme le recommande le verset coranique précité.
Et Allah Seul le sait par excellence.