L'offrande sacrificielle de l’Aïd

Dar al-Iftaa d'Égypte

L'offrande sacrificielle de l’Aïd

Question

L'offrande sacrificielle de l’Aïd est-elle un acte recommandé (Sunna) ou plutôt d'une obligation ? 

Réponse

    En Islam, l'offrande sacrificielle a été instituée pour commémorer le sacrifice pratiqué par le Prophète Ibrahim et faire preuve de générosité à l'égard des gens, le jour de la fête de l’Aïd. Le Prophète ﷺ dit :     " Ce sont des jours où on mange, boit et évoque Allah1. " L'offrande sacrificielle est ce qu'on immole parmi les chameaux, les bœufs, les moutons, et les chèvres, dans l'espoir de plaire à Allah, et ce, durant le jour du sacrifice et les trois jours suivants dits " Jours de Tachriq ". La preuve de cette institution est la parole d'Allah : " Nous t'avons certes, accordé l'Abondance. Accomplis la Salat pour ton Seigneur et sacrifie2." Le sacrifice est une sounna certifiée prouvée par la pratique fréquente du Prophète. Il est réprouvé de le délaisser tant qu'on en a les moyens conformément au hadith rapporté par al-Boukhari et Muslim : " Le Prophète a sacrifié de ses propres mains deux beaux béliers aux toisons blanches, teintées de noir et cornus. Il a prononcé le nom Allah, et mis le pied sur leur cou en les immolant. "

Cette pratique cultuelle est largement récompensée auprès d'Allah. Interrogé par ses Compagnons sur ce sujet, le Prophète répondit : " C'est la tradition de votre père Ibrahim. ", " Quelle en serait notre récompense ? ", demandèrent-ils. " Pour chaque poil, vous aurez une récompense. ", " Et pour la toison ? ", " Pour chaque poil de la toison, vous aurez une récompense3." D'après 'Aicha, le Prophète ﷺ dit : " Nulle bonne action faite par un homme le Jour du sacrifice n'est mieux appréciée par Allah que le sacrifice. Car la bête sacrifiée vient le Jour de la Résurrection avec ses cornes, ses poils et ses sabots ; et Allah agrée cet acte même avant que le sang coulant n'arrive à terre. Accomplissez donc cet acte de bon gré4. " Par ailleurs, la bête à sacrifier doit être choisie parmi les chameaux, les ovins et les bovins. Allah dit : " …. Afin qu'ils prononcent le nom d'Allah sur la bête de cheptel qu'Il leur a attribuée 5. " On peut, donc, sacrifier le mouton de six mois ou plus, la chèvre d'un an, la vache de deux ans et le chameau de cinq ans quel que soit le sexe de l'animal, à condition qu'il soit exempt des tares et des maladies. Le Prophète a dit : " Quatre types de bêtes sont incompatibles au sacrifice : la bête gravement malade, la borgne, la boiteuse et l’excessivement maigre6. "

Parmi les conditions de validité de cet acte figure le fait d'immoler la bête après le lever du soleil du jour de la fête, juste après la prière de l’Aïd. De même, on peut sacrifier la bête durant les trois jours qui suivent le jour de la fête (jours de Tachriq), soit le matin soit le soir jusqu'au coucher du soleil du quatrième jour de l'Aïd.  Al-Baraa' a rapporté que le Prophète ﷺ avait dit : " Nous commençons ce jour-ci (celui de la fête), par la prière, ensuite nous revenons pour le sacrifice. Celui qui se conforme à ces règles, suit notre tradition. Quiconque sacrifie avant de prier, ne fait qu'offrir de la viande à sa famille et ne s'acquitte pas du rite prescrit7. " Il a également dit : " Celui qui sacrifie après avoir accompli la prière et écouté les deux prêches, s'acquitte alors du rite et s'applique à la tradition suivie par les Musulmans8. " La bête sacrifiée est suffisante pour acquitter le sacrifiant ainsi que sa famille du rite du sacrifice. S'il s'agit d'une vache ou d'une chamelle, il est permis alors de la partager entre sept personnes, conformément au dire de Jaber : " L'année d'al-Hodaybeya, nous avons sacrifié avec le Prophète ﷺ, à raison d'une chamelle ou d'une vache, pour sept participants9. " Le sacrifiant est autorisé à manger de sa bête immolée, d'en offrir à ses proches, d'en faire des aumônes et d'en garder en provision, en vertu du hadith du Prophète ﷺ : " Mangez-en, faites-en aumône et gardez-en en provision. " Les Ulémas disent qu'il est préférable que le sacrifiant et sa famille, mangent du tiers de la bête immolée, offrent le deuxième tiers et gardent le dernier. Pour autant, il n’est pas obligatoire de se limiter catégoriquement au tiers, mais plutôt, un peu moins ou un peu plus. De même, il est préférable pour celui qui sait bien égorger, d'immoler sa bête de sacrifice par ses propres mains, en disant : « Bismellah10, Allah Akbar11 ! Ô Allah ! Ce sacrifice est de la part d'un tel ou d'une telle (en précisant le nom). » S'il est incompétent, qu'il assiste à l'immolation de sa bête et qu'il la surveille, en vertu de l'ordre du Prophète pour sa fille Fatima : " Ô Fatima ! Va assister à l'immolation de ton sacrifice ! Tes péchés seront effacés à la première goutte effusée du sang. Et récite : " Dis : " En vérité, ma Salat, mes actes de dévotion, ma vie et ma mort appartiennent à Allah, Seigneur de l'Univers. À Lui nul associé ! Et voilà ce qu'il m'a été ordonné, et je suis le premier à me soumettre12. " Un Compagnon du Prophète lui a demandé : " Ô Messager d'Allah ! S'agit-il d'une tradition juste pour toi et ta famille ou pour les Musulmans en général ? Il a répondu : " Pour tous les Musulmans. " D'ailleurs, les Ulémas ont autorisé le transfert de l'offrande d'un pays à l'autre.

De ce qui précède, l'offrande sacrificielle est l'un des rites de l'Islam et une institution traditionnelle à caractère recommandé. Se conformer à cet acte mérite, en effet, une récompense généreuse à l'au-delà. 

  -- 1- Rapporté par Malek dans son ouvrage Al-Muwatta'.

2- Coran : al-Kawthar. V. 1 : 2. 3- Boukhari. 

4- Rapporté par at-Termizi. 

5- Coran : al-Hajj, V. 34.

6- Qualifié de bon et d'authentique par Termizi.

7- Boukhari et Muslim. 

8- Boukhari et Muslim.

 9- Muslim. 

10- Au nom d'Allah.

11- Allah est Plus Grand.

12- Coran : al-An'am 162 : 163.

Partager ceci:

Fatwas connexes