L'offrande sacrificielle
Question
Qu’est-ce que l'offrande sacrificielle ? Pourquoi a-t-elle été instituée ? Est-elle obligatoire ?
Réponse
Il s'agit de toute bête immolée selon certaines conditions durant les jours de la Grande Fête de l’Aïd dans le but de solliciter la satisfaction d’Allah. Donc, toute bête immolée en dehors de ce cadre ne peut être considérée comme une offrande sacrificielle tout comme la bête immolée pour cause de vente, de consommation ou d'hospitalité. Cela s’applique également à la bête immolée en dehors de la période du Sacrifice, même si l'objectif en était la satisfaction d'Allah tout comme la bête sacrifiée pour la naissance d'un enfant1, celle immolée durant le Pèlerinage de Jouissance Tamatto' ou celui du Qiran, celle immolée à titre d'expiation pour avoir négligé un acte obligatoire ou avoir commis un acte interdit pendant le Pèlerinage, ou celle offerte aux pauvres à la Sainte Mosquée.
Dans la langue arabe : Odhéya (أضحية) dont le pluriel est Adahy (أضاحي) signifie la bête de sacrifice. Dahéya (ضحية) dont le pluriel est Dahaya (ضحايا) signifie la victime.
Par ce nom fut nommée également la Grande Fête des Musulmans l’Aïd el Adha ou la Fête du Sacrifice, elle fut surnommée ainsi car les bêtes sont sacrifiées pendant la matinée (Doha).
L'objectif de ce sacrifice est d'exprimer la gratitude envers Allah, le Très-Haut, pour nous avoir donné la vie jusqu'à vivre ces nobles jours du mois de Dhil-Hijja et nous avoir guidé vers les bonnes œuvres. Agissant de la sorte, nous suivons l’exemple du Prophète Ibrahim qui a sacrifié un grand bélier pour remercier Allah d'avoir sauvé son fils Ismail. Ces jours bénis sont les meilleurs jours de l'année. Pour leurs grands mérites, Allah a juré en les évoquant :
« Par l'Aube ! Et par les dix nuits2 ! »
A leur sujet, le Prophète ﷺ dit :
« Aucune action n’est plus aimée par Allah que celle accomplie durant ces dix jours (les dix premiers jours de Dhule al-Hijja). » 3
La joie, comme apprend l’Islam à ses adeptes, doit avoir pour objectif la satisfaction d'Allah et rien d’autre :
« [Ceci provient] de la grâce d'Allah et de sa miséricorde ; voilà de quoi ils devraient se réjouir. C'est bien mieux que tout ce qu'ils amassent 4. »
Pour les fidèles, la Fête de Rupture du Jeûne et celle du sacrifice ne sont qu'une démonstration de joie pour avoir obéi à Allah et obtenu Son agrément. Ainsi, le Musulman s'habitue, en toutes circonstances, à se confier entièrement au Seigneur : joie, chagrin, acceptation, refus, vie et mort, etc.
Le sacrifice fut institué par le Coran, la Sunna et le Consensus communautaire.
Allah, le Très-Haut, dit :
« Accomplis la Salat pour ton Seigneur et sacrifie5. »
Selon l'une des interprétations de ce verset : « Accomplis la prière d'al-Aïd et immole la bête du Sacrifice, chamelles ou autres. »
En outre, le sacrifice a été prouvé par les dires et la pratique du Prophète ﷺ. Abu Hourayrah rapporta que le Prophète ﷺ aurait dit :
« Quiconque a les moyens et ne s'acquitte pas du Sacrifice, n'approche pas de notre lieu de prière (le jour de la fête)6. »
Anas dit :
« Le Prophète ﷺ sacrifia en personne deux beaux béliers cornus dont la toison blanche tire vers le noir. Il commença par dire « Au nom d’Allah, Allah est Grand », et finit par mettre son pied sur leurs nuques en les immolant7. »
De même, les Musulmans sont unanimes sur le caractère légitime du Sacrifice.
En ce qui concerne la qualification légale de l'offrande sacrificielle, la majorité des Oulémas estiment que le Sacrifice est une Tradition confirmée Sunna mo’akkada ; c'est-à-dire que celui qui la laisse ne commet pas de péché. Néanmoins, le Musulman aisé qui le néglige perdra l'occasion d'en avoir la récompense. Et quelle grande perte !
Aicha a rapporté que le Prophète ﷺ aurait dit :
« Nulle bonne action faite par un homme, le Jour du Sacrifice, n'est mieux appréciée par Allah que le sacrifice ; car la bête vient, à ce Jour-là, avec ses cornes, ses poils et ses sabots ; et Allah reçoit cette action même avant que la terre reçoive le sang effusé, purifiez-en vos âmes8. » Quelques savants tels qu'Abu Hanifa et Malek, dans l'une de ses opinions, penchent vers le caractère obligatoire de cette tradition. En revanche, certains autres la considèrent comme une Sunna et non pas une obligation en se basant sur le fait qu'il s'agit d'une Sunna individuelle dont l'accomplissement concerne en premier lieu son auteur. Cependant, d’autres Ulémas comme les Chaféites et les Hanbalites précisent que l’offrande sacrificielle est une Sunna individuelle pour son auteur et une Sunna collective pour toute la famille. Et c’est, en effet, l'opinion que nous adoptons.
Le Musulman peut sacrifier à son nom et au nom de sa famille, ne serait-ce qu'un mouton. A cet effet, Abu-Ayoub Al-Ansari a dit :
« On sacrifiait un mouton à son nom et en faveur de sa famille, les gens en ont tiré vanité pour devenir dorénavant un acte ostentatoire9. »
La personne qui sacrifie au nom de toute sa famille est, bien entendu, celle chargée de subvenir à ses besoins. Considérer l’offrande sacrificielle comme une Sunna collective, c’est libérer la collectivité toute entière d’une obligation une fois accomplie par un individu. Cependant, la collectivité ne partage pas la récompense avec l’individu, à moins qu'il ait l'intention de l’offrir à leur place.
- 1- En Islam, on immole une bête à la naissance d'un nouveau-né, en guise de reconnaissance et remerciement pour Allah le Très-Haut. On nomme cette bête, ou plutôt l'acte, Aqiqa. (Note du traducteur).
2- Coran, al-Fajr. V. 1 : 2.
3- Rapporté par al-Boukhari et autres d’après le Hadith d’Ibn Abbass
4- Coran, Younoss. V. 58.
5- Coran, al-Kawthar. V. 2.
6- Cité par Ibn Maja et al-Hakim.
7- Cité par Muslim.
8- Rapporté par Ibn Maja et jugé bon par at-Termizi et authentique par al-Hakem.
9- Rapporté par Malek et jugé authentique par an-Nawawi dans son ouvrage al-Majmou’.