At-Tawasol par l'invocation du nom du Prophète
Question
Une personne taxe de paganisme at-Tawasol qui consiste, selon elle, à aller devant une tombe demander à Allah quelque chose par le degré de sainteté d'un saint ? Elle indique également que les mausolées et la construction des tombes décorées est un acte de polythéisme. En effet, je n'ai pas d'argument pour réfuter sa parole ; mais je sais qu’at-Tawasol est un acte licite. Je lui ai indiqué cette vérité ; mais elle y insiste et me voit comme polythéiste pour ma position. Comment faire comprendre à cette personne qu'elle est dans l’erreur ? Merci de m'aider à lui expliquer.
Réponse
Solliciter le moyen de se rapprocher d'Allah (At-Tawasol) par l'invocation du nom du Prophète (P.B.S.L) est, en effet, un acte approuvé par les quatre écoles juridiques les plus suivies dans le monde islamique, que ce soit du vivant du Prophète ou après sa mort. Donc, interdire at-Tawasol, c'est une déviation du Droit Chemin et une dérogation manifeste au consensus des Ulémas et des pieux ancêtres. Pire encore, si, par ignorance, on va jusqu'à accuser de mécréance celui qui sollicite le moyen de se rapprocher d'Allah en évoquant le nom de Son Prophète (P.B.S.L), son acte est considéré désormais comme contestation ou déviation de la voie d'Allah et de Son Prophète. L'auteur de telle accusation risque d'être visé par la menace divine figurant dans le verset suivant :
« Mais celui qui se détache volontairement du Prophète, après avoir eu connaissance de la Voie du salut, pour suivre un chemin autre que celui des croyants, celui-là Nous labandonnerons au destin qu’il s’est choisi et Nous le précipiterons ensuite dans la Géhenne, pour qu’il y subisse son triste sort. » (4/115)
Parmi les penseurs musulmans, seul Ibn Taymia qui a fait la distinction entre at-Tawasol du vivant du Prophète (P.B.S.L) et at-Tawasol après son décès. Pourtant, cet avis singulier ne doit pas être pris en compte. C'est pourquoi, nous appelons la communauté islamique à s'attacher à ce qui a fait l'unanimité des Ulémas les plus éclairés.
Et voici les arguments coraniques et prophétiques sur lesquels s'appuient les savants des quatre écoles juridiques dans leur unanimité :
1- Arguments coraniques :
" O vous qui croyez ! Craignez Dieu et efforcez-vous de trouver le moyen de vous rapprocher de Lui ! Déployez vos efforts pour Sa cause, ainsi vous réussirez ! " (5/35)
" Or, ceux qu’ils invoquent recherchent eux-mêmes à l’envi le moyen de se rapprocher le plus de leur Seigneur, espérant Sa miséricorde et redoutant Son châtiment. En vérité, le châtiment de ton Seigneur est redoutable. " (17/57)
" Si Nous envoyons un Prophète, c’est uniquement pour qu’on lui obéisse avec l’aide du Seigneur. Si, donc, ces gens-là qui se sont fait du tort à eux-mêmes s’étaient adressés à toi pour implorer le pardon de Dieu, en sollicitant ton intercession, ils auraient sûrement trouvé auprès du Seigneur clémence et miséricorde. " (4/64)
Le premier verset ordonne aux croyants de se rapprocher d'Allah par tous les moyens qui sont de nature à acquérir l'agrément d'Allah y compris le recours, dans l'invocation, au Prophète comme moyen de solliciter l'exaucement. Ces moyens seront bien illustrés lors de l'exposition de leurs preuves traditionnelles. Tous les moyens de rapprochement qui plaisent à Allah sont, en fait, tous visés sans aucune distinction. L'ordre de solliciter le moyen pour se rapprocher d'Allah revêt, en fait, un caractère général et englobe toutes sortes de moyens de nature à acquérir l'agrément d'Allah. L'invocation est un culte voué à Allah qui l'agrée tant qu'il ne s'agit pas du péché, d'une rupture des liens de parenté, ou des propos contredisant les fondements de la foi et les principes islamiques.
Dans le deuxième verset, Allah, le Très-Haut, fait l'éloge des croyants qui Lui ont obéi et qui se sont évertués pour se rapprocher de Lui en en évoquant tous les moyens comme nous allons expliquer au Musulman comment solliciter le moyen de se rapprocher d'Allah pendant l'invocation.
Dans le troisième verset, il y a une exhortation divine explicite adressée aux croyants afin qu'ils se rendent auprès du Prophète (P.B.S.L) pour implorer le pardon du Seigneur ; car c'est le chemin le plus court pour qu'ils soient agréés.
2-Les arguments tirés de la Sunna :
a- Premier argument :
D'après Uthman Ibn Affan qu'un homme aveugle est venu dire au Prophète (P.B.S.L) : « Invoque Allah en ma faveur pour qu'Il me guérisse ! ", " Si tu veux, je L'invoquerai pour te rendre la vue ; mais si tu t'armes de la patience, cela sera mieux pour toi. », proposa le Prophète. « Mais, invoque-le ! ", dit l'aveugle. A ce moment, le Prophète (P.B.S.L) lui a ordonné de parfaire les ablutions et de s'adresser à Allah par cette invocation : " O Seigneur ! Je m'adresse humblement à Toi par l'intermédiaire de Ton Prophète Mohamad, Prophète de la miséricorde. O Mohamad ! Je m'adresse à Allah au nom de toi pour qu'Il exauce mon appel ; o Seigneur ! Accepte son intervention en ma faveur ! "
Al-Hakim et Al-Termizi ont rendu authentique ce hadith. Personne n'a douté de son authenticité même les Ulémas contemporains de Hadith, connus pour leur critique sévère comme cheikh Al Albany. En effet, la chaîne de transmission de ce hadith ainsi que son énoncé ne font l'objet d'aucune contestation. Ce hadith sert, alors, d'argument à l'approbation de cette formule d'invocation que le Prophète (P.B.S.L) avait apprise à l'un de ses Compagnons et qui avait, pour effet bénéfique, la vue rendue à l'homme et l'hommage rendu au Prophète par ce Miracle. Nous n'avons pas donc besoin de nous référer au récit qui a eu lieu pendant le Califat de Mou'awia Ibn Abi Soufian pour en tirer argument de la permission d'invoquer Allah par cette Formule après le décès du Prophète. En vérité, quand le Prophète (P.B.S.L) apprend à l'un de ses Compagnons une certaine Formule d'invocation, qui nous a été transmise tout honnêtement, cela veut dire qu'il est souhaitable qu'on en fasse usage à tout moment jusqu'au Jour où la terre et tout ce qui y habite, reviendra de droit au Seigneur. Cette formule n'est restreinte, dans son application ni à ce Compagnon ni à une époque donnée (l'époque prophétique). En principe, les lois et les législations islamiques revêtent, toujours, un caractère général à moins qu'il n'y ait preuve de restriction. Pourtant, Ach-Chawkani dit : " Le hadith est une preuve évidente de la permission de solliciter Allah, par le nom de Son Messager, avec la conviction ferme qu'Allah est l'Auteur qui accorde ou prive selon Sa Volonté. Dans l'incapacité de pénétrer, à notre époque, les sens de ces principes fondamentaux, nous nous trouvons dans l'obligation de mentionner le récit qui démontre que ce vénéré Compagnon conseillait, toute personne, tombant dans le besoin, de faire usage de cette formule bénie, et ce, après le décès du Prophète.
2- Deuxième argument :
« Un homme fréquentait la maison d'Uthman Ibn Affan pour lui demander de satisfaire un de ses besoins ; et comme le calife Uthman ne lui a pas prêté attention, cet homme a rencontré Uthman Ibn Hanif et lui a tout raconté.
« Va faire tes ablutions puis rend-toi à la Mosquée pour y effectuer deux Rakats ensuite répète, pour invoquer, cette formule :
" O Seigneur ! Je m'adresse humblement à Toi par l'intermédiaire de Ton Prophète Mohamad, Prophète de la miséricorde. O Mohamad ! Je m'adresse à Allah au nom de toi pour qu'Il exauce mon appel. Puis, fais connaître ton besoin ! Enfin, reviens à moi pour aller ensemble auprès du calife. " En effet, l'homme a mis le conseil d'Ibn Hanif en pratique. Frappant à la porte de la résidence du calife, le portier lui a chaleureusement accueilli et l'a emmené directement à Uthman Ibn Affan qui, à son tour, l'a fait asseoir sur un tapis en lui disant : " Quelle est ta demande ?! ". Immédiatement, l'homme lui en a fait connaître. Après avoir satisfait la demande de l'homme, le calife a rétorqué : " En vérité, j'ai oublié jusqu'à présent ta plainte ; mais dorénavant lorsque tu auras besoin de quoi que ce soit, ne tarderas pas à nous venir. " Satisfait, l'homme est sorti et a, de nouveau, rencontré Uthman Ibn Hanif : " Qu'Allah te comble de Ses faveurs ! Sans votre intervention en ma faveur auprès de lui, il ne m'aurait pas prêté l'oreille. ", dit l'homme. " Par mon Seigneur ! " Je ne lui ai rien dit à ton sujet ; mais j'ai assisté à la venue d'un homme aveugle au Prophète (…….), le hadith précité.
L'érudit as-Sayed Abdollah Ibn As-Seddiq al-Ghemari dit : " C'est un récit qu'a rapporté al-Bayhaqi dans Dala'el an-Nobowwah (preuves prophétiques) d'après Yakoub Ibn Soufian qui dit: "Ahmad Ibn Chobayb Ibn Sa'id rapporte : d'après mon père qui l'a tenu de Roh Ibn al-Qassim, d'après Abu Jafar al-Khatmi, d'après Abu Umama Ibn Sahl Ibn Hanif, d'après son oncle : " Un homme fréquentait ……" , le hadith cité ci-dessus. Ensuite, il a dit : " Yakoub Ibn Soufian, c'est bien al-Fassawi Al-Hafez, cet imam digne de foi, voire plus. La chaîne de transmission de ce hadith est authentique qui a reçu aussi l'aval d'al-Hafez Al-Monziri dans al-Targhib. V.3. P. 606. et aussi celui d'al-Hafez al-Haythami dans Magma az-Zawa'id. V.3.P.379.
Ce récit sert, donc, d'appui au hadith et ferme dorénavant la porte devant quiconque prétend que l'application de ce hadith est restreinte à l'époque du Prophète Mohamad.
3- Troisième argument :
Le hadith parlant des mérites de la prière effectuée à la mosquée : d'après Abu Sa'yd Al-Khodary que le Prophète (P.B.S.L) a dit :
" Celui qui dit, en chemin vers la mosquée : " O Seigneur ! Je Te sollicite par la grâce que Tu accordes à ceux qui T'invoquent ainsi que par la peine que j'éprouve pour me rendre à la mosquée_ Puisque je ne m'y rends ni par vanité ni par ostentation mais pour me prémunir contre Ta colère et solliciter Ton agrément _ que Tu me sauves du châtiment infernal et que Tu me pardonne les péchés ; car, en dehors de Toi, nul ne peut remettre les péchés. » , Allah lui consacrera 70 mille Anges qui ne cessent de lui solliciter le pardon et le comblera de Ses grâces jusqu'à ce qu'il termine sa prière . "
Dans ce hadith, il y a également une preuve évidente de la permission de solliciter le moyen de se rapprocher d'Allah par l'évocation de bons actes tel que le fait d'aller à la mosquée après avoir achevé les ablutions à la maison ou par la grâce qu'Allah accorde à ceux qui L'invoquent.
4 – Quatrième argument :
Le long hadith rapporté par Anas dans lequel le Prophète (P.B..S.L) dit à l'occasion de la mort de Fatima Bent Osd, mère d'Ali Ibn Abi Taleb :
" O Seigneur, l'Eternel, qui ressuscite et qui fait mourir ! Je T'implore par Ton Prophète et les Prophètes qui m'ont précédé, d'accorder le pardon à ma mère Fatima Bent Osd, de la raffermir et de lui rendre la tombe toute spacieuse (demeure de béatitude) ! Tu es le Tout Miséricordieux. "
4- Cinquième argument :
Le hadith de Tawassol Adam rapporté par Umar Ibn Al-Khatab dans lequel le Prophète (P.B.S.L) aurait dit :
" Pour se faire pardonner pour le Péché qu'il a commis, Adam a invoqué son Seigneur en disant :
_" O Seigneur ! Je Te supplie par Mohammad de m'accorder Ton Pardon ?! "
_ " Comment l'as-tu connu Adam alors que Je ne l'ai pas encore créé ? ".
_ " Quand Tu m'avais créé et insufflé l'esprit, j'ai dressé ma tête et fixé mon regard sur la phrase inscrite sur les Piliers du Trône : " Il n'y a point de divinités qu'Allah et Mohamad est Son Messager. " Alors, j'ai réalisé que la personne dont le nom est joint à Ton Nom est, incontestablement, l'être le plus cher à Toi. ", " Oui, tu dis vrai Adam ; il est l'être le plus cher à Moi ; invoque-Moi au nom de Mon amour pour lui, tu verras remis tes péchés. O Adam ! Si ce n'était Mohamad, tu n'aurais jamais existé. "
En effet, Al-Hakim a jugé authentique ce hadith en disant : " C'est un hadith dont la chaîne de transmission est authentique. C'est également le premier hadith que je mentionne, dans ce livre, d'après Abel Rahman Ibn Zayed. "
Dans son livre Qassass Al-Anbya'a (Récits des Prophètes), et tout précisément dans le chapitre consacré au Récit de la Création d'Adam, Al Hafez Ibn Kathir l'a jugé comme hadith contesté (Monkar). De son côté, Al-Hafez az-Zahaby a exagéré quand il l'avait jugé inventé ; car parmi ses rapporteurs figure Abdel Rahman. Celui-ci n'est ni menteur ni accusé dans sa foi ; mais seulement sa narration est entachée de faiblesse. La faiblesse de mémoire du rapporteur n'est pas de nature à rendre le hadith controuvé ; on peut au maximum le qualifier de faible. En tout cas, par souci de fidélité aux principes moraux de citation, nous avons évoqué là-dessus la divergence des savants de hadith. A le supposer authentique, ce hadith est une preuve évidente de la permission dans l'invocation de solliciter le moyen de se rapprocher d'Allah par l'évocation du nom du Prophète Mohamad (P.B.S.L).
5- Cinquième argument :
Le hadith rapporté par Ibn Abbas selon lequel le Prophète (P.B.S.L) aurait dit :
" Outre les Anges gardiens, Allah a consacré des Anges pour tout inscrire même les feuilles qui tombent des arbres ; si l'un de vous trébuche dans une terre déserte, qu'il dise alors : " Au secours, serviteurs d'Allah ! "
Commentant la chaîne de transmission de hadith, Al-Hafez Al-Haythamy a dit : " Ce hadith est rapporté par Al-Tabarani et ses rapporteurs sont dignes de confiance. " Dans ce hadith, il y a une preuve de la permission de se faire aider par des créatures invisibles (tels que les Anges) qu'Allah a consacrées à notre service et qui nous servent de moyen de se rapprocher d'Allah si on y fait appel. Il en est de même pour l'invocation des âmes des vertueux qui ne sont que des corps célestes et éternels.
6-Sixième argument :
Le récit de la demande de l'Istisqa'a sollicitée par l'évocation du nom du Prophète. D'après Malek Al Dar, trésorier d'Omar Ibn Al-Khatab : " A l'époque d'Omar Ibn Abdel Aziz, les gens ont été éprouvés par la disette qui a poussé un homme à s'approcher de la tombe du Prophète Mohamad pour lui adresser cette parole : " O Messager d'Allah ! Implore ton Seigneur pour qu'Il fasse descendre la pluie en faveur de ta communauté ; car elle est sur le point de périr. La veille, l'homme a vu en rêve le Prophète qui lui a dit : " Va auprès d'Omar et lui dis, après l'avoir transmis mes saluts : " Ne t'inquiète pas ! ". Informé, Omar a dit : " O Seigneur ! j'ai épuisé tous les moyens et c'était plus fort que moi. "
C'est, en effet, un hadith authentique au sujet duquel Al-Hafez Ibn Hajar dit : " Ibn Abi Chayba rapporte, d'après une bonne chaîne de transmission et d'après la version d'Abu Saleh as-Samman que Malek Al Dary, trésorier d'Omar, a dit : " A l'époque d'Omar Ibn Abdel Aziz, les gens ont été éprouvés par la disette qui a poussé (…), le hadith.
Dans son ouvrage Al-Fotouh, Sayf a rapporté que celui qui a vu le Prophète en rêve était le Compagnon Bilal Ibn Al Hareth Al-Mazny. Al-Hafez Ibn Kathir a cité cette version en commentant :
" Sa chaîne de transmission est solide. De plus, le hadith a été rendu authentique par les grands savants de hadiths. Sur ce, ce hadith peut servir d'argument de la licéité d'invoquer le Prophète (P.B.S.L) après son décès et de lui demander de solliciter la tombée de la pluie.
6- Septième argument :
Le récit de la discussion qui a eu lieu entre le Calife Al Mansour et l'imam Malek qui se résume ainsi :
Al Mansour, deuxième calife abbasside, a posé une question à l'imam Malek en lui disant : " O Abu Abdellah ! Durant l'invocation, puis-je diriger ma face vers la tombe du Prophète ou faut-il tourner la face vers la Kabah Kibla ? " Pourquoi détourner la face du Prophète alors qu'il est votre moyen de se rapprocher d'Allah, vous et votre Père Adam, au Jour Dernier ? Mais, dirigez plutôt votre face vers lui et demandez son intervention en votre faveur auprès du Seigneur ! Puisse Allah agréé son intervention ! "
On peut conclure que l'imam Malek, en s'adressant à Al Mansour par ces propos, s'est référé au hadith de Tawassol Adam et qu'il a préconisé le fait de diriger la face, durant l'invocation, vers la tombe du Prophète pour lui demander son intervention. "
Pour tous ces arguments coraniques et prophétiques déjà avancés, les Ulémas des quatre écoles de fiqh islamique et certains d'autres se sont mis d'accord sur la permission et la recommandation de solliciter Allah au nom du Prophète pendant sa vie ou même après sa mort. Ils sont également unanimes que cela n'est point interdit ; et nous sommes, en fait, de leur avis. Donc, on ne fait pas de cas des avis contraires tels que l'avis d'Ibn Taymeya et les avis de ceux qui l'imitent.
Il en va de même pour le recours aux Prophètes, aux bien-aimés d'Allah et aux pieux en guise de moyen de rapprochement d'Allah ; car il n'y pas d'argument qui restreint cela au Prophète Mohamad. En effet, c'est la confusion entre Al Tawassol et le polythéisme qui est à l'origine de cette croyance erronée qui a enduit la soeur en question en erreur. Il y a un grand écart entre les deux : Al Wassila est un acte bien recommandé par la charia comme l'illustre bien ce verset :
" O vous qui croyez ! Craignez Dieu et efforcez-vous de trouver le moyen de vous rapprocher de Lui ! Déployez vos efforts pour Sa cause, ainsi vous réussirez ! " (5/35)
En outre, Allah, le Très-Haut, a fait l'éloge de ceux qui Le sollicite en s'efforçant de trouver le moyen de se rapprocher de Lui :
" Or, ceux qu’ils invoquent recherchent eux-mêmes à l’envi le moyen de se rapprocher le plus de leur Seigneur, espérant Sa miséricorde et redoutant Son châtiment. En vérité, le châtiment de ton Seigneur est redoutable. " (17/57)
Dans la langue arabe, le mot (Wassila) désigne (le haut degré) ou (le pont des contacts) ou (le moyen de rapprochement). Dans son sens général, Al-Wassila veut dire tout rapprochement d'Allah par tout ce qu'Il a rendu permis y compris la glorification de tout ce qu'Allah a glorifié (des lieux, des temps, des personnes et des situations). Pour le lieu, le Musulman se dirige, pendant la prière, vers la Mosquée Sacrée et invoque Allah auprès de la tombe du Prophète Mohamad (P.B.S.L). Pour le temps, le Musulman tient à passer la nuit du Destin en prière et à invoquer Allah pendant l'Heure d'Exaucement du Vendredi ou pendant le dernier tiers de la nuit. Pour les personnes, le Musulman sollicite le moyen de se rapprocher d'Allah par l'amour des Prophètes, des walis et des pieux. Enfin pour les situations, le Musulman s'attache à l'invocation pendant le voyage ou lors de la descente de la pluie, et ainsi de suite. La glorification de telles choses est, en effet, bien illustrée par ce verset coranique :
" Ainsi en est-il. Se montrer respectueux des rites institués par Dieu est un acte qui s’inspire de la piété du coeur. " (22/32)
Quant au polythéisme, il s'agit de vouer adoration à un autre en dehors d'Allah, même si cette consécration soit à titre de rapprochement d'Allah. A cet égard, Allah dit :
" N’est-Il pas le Seul Digne d’être exclusivement adoré ? Quant à ceux qui ont adopté en dehors de Lui d’autres divinités, en disant : « Nous ne les adorons que pour qu’elles nous rapprochent davantage de Lui. », en vérité, Dieu tranchera le différend qui les oppose, mais Dieu ne guide point dans la bonne voie l’infidèle perfide. " (3/39)
Nous avons lié l'adoration à son sens réel pour exclure les mots de forme similaire mais dont le sens est contraire. L'invocation peut être faite à titre d'adoration comme c'est le cas dans le verset suivant :
" Mais, au fond, qu’invoquent-ils en dehors de Dieu, sinon des symboles féminins, ainsi qu’un démon rebelle. " (4/117)
Elle peut, en revanche, avoir un sens tout à fait contraire au précédent comme l'indique ce verset :
" N’interpellez pas le Prophète comme vous vous interpellez entre vous ! " (24/63)
L'invocation peut également être sous forme de demande adressée à Allah à titre d'adoration comme l'illustre ce verset : " Demandez à Dieu plutôt de vous accorder un peu de Sa grâce. " (4/32) ou soit autrement comme l'indique le verset suivant :
" …Qui prélèvent sur leurs biens la part due la zakat [25] à celui qui demande (mendiant) et au pauvre démuni. " (70/25)
Elle peut également faire allusion à la demande du secours qui peut désigner l'adoration comme le clarifie clairement ce verset : " Lorsque vous imploriez l’assistance de votre Seigneur, n’a-t-Il pas exaucé vos prières, en disant : « Je vous envoie en renfort mille anges qui déferleront par vagues successives » ? " (8/9) ou autrement comme l'indique le verset suivant :
" L’homme qui était de son parti lui demanda son appui contre son adversaire. Moïse assena alors un coup de poing à ce dernier et le tua. Après quoi, il se dit en lui-même : « C’est là l’œuvre du démon ! Il est, en vérité, un ennemi déclaré des hommes qu’il s’acharne à égarer ! " (28/15)
De même, l'amour peut en soi être comme adoration vouée à Allah ou non comme le démontre le hadith suivant :
" Aimez Allah pour les faveurs dont vous êtes comblées ! Et aimez-moi pour votre amour pour Lui ; et aimez les miens pour l'amour que vous éprouvez pour moi ! "
Le polythéisme résulte, alors, de la glorification rendue à quiconque au même titre qu'Allah. A cet égard, le Seigneur dit :
" N’attribuez donc pas d’associés à Dieu ; vous savez parfaitement qu’il n’en existe point ! " (2/22)
Il dit également :
" Il est des hommes qui prennent en dehors de Dieu des associés qu’ils se mettent à aimer à l’égal de Dieu Lui-même ! Mais ce sont les croyants qui vouent à Dieu le plus grand amour. " (2/165)
De tout ce qui précède, éclate remarquablement la différence entre le fait de solliciter le moyen pour se rapprocher d'Allah (Al Wassila) et le polythéisme. Pour ce qui est d'Al Wassila, on glorifie ce qu'Allah glorifie, ce qui revient, en fait, à glorifier Allah Lui-même comme l'illustre bien ce verset :
" Ainsi en est-il. Se montrer respectueux des rites institués par Dieu est un acte qui s’inspire de la piété du coeur. " (22/32)
Pour ce qui est du polythéisme, il consiste à glorifier quelqu'un en dehors d'Allah ou au même titre que Lui. Pour cela, la prosternation des Anges devant Adam a été considérée comme un acte pieux alors qu'en revanche celle des Polythéistes devant les idoles est un acte polythéiste. La prosternation devant Adam a eu, impérativement, lieu pour glorifier ce qu'Allah a glorifié ; ce qui fait de cette attitude un moyen de se rapprocher du Seigneur dont l'auteur sera bien récompensé. Comme la prosternation des Polythéistes devant les idoles se fait à titre de glorification semblable à celle consacrée à Allah, son auteur sera infligé d'un châtiment bien considérable.
Et Allah Seul le sait par excellence.