Le sens de l'Ifrād, du Qirān et du Tamattuʿ dans le pèlerinage (Hajj)
Question
Que signifient l'Ifrād, le Qirān et le Tamattuʿ dans le Hajj ? Et lequel est le meilleur ?
Réponse
L’Ifrād, le Qirān et le Tamattuʿ sont des manières d’accomplir le rite du Hajj :
- L’Ifrād consiste à accomplir uniquement les rites du Hajj, puis, s’il le souhaite, le pèlerin accomplit la ʿUmra après avoir terminé les rites du Hajj, en entrant alors en état d’ihrām depuis les limites du territoire sacré (al-Ḥill).
- Le Qirān consiste à entrer en état d’ihrām pour la ʿUmra et le Hajj en même temps, ou à commencer par la ʿUmra puis y joindre le Hajj avant d’avoir commencé ses rites. Dans les deux cas, le pèlerin accomplit les rites du Hajj.
- Le Tamattuʿ consiste à faire la ʿUmra avant le Hajj, puis à se libérer de l’état d’ihrām entre les deux. On l’appelle « Tamattuʿ » (bénéfice) parce que le pèlerin profite, entre les deux rites, de ce qui est normalement interdit en état d’ihrām.
Les savants ont divergé quant à la supériorité de l’une ou l’autre de ces formes.
Ce que nous retenons, c’est que chacun choisit ce qui lui convient, avec le conseil de choisir la forme la plus facile pour soi, car le Hajj est, par nature, éprouvant.
Le sens de l’Ifrād, du Qirān et du Tamattuʿ dans le Hajj :
Le Hajj comporte trois formes (noussouk), c’est-à-dire trois manières d’accomplir ses rites : l’Ifrād, le Qirān et le Tamattuʿ.
- L’Ifrād, selon certains savants comme les chafiites, consiste à privilégier le Hajj sur la ʿUmra, en entrant en état d’ihrām pour le Hajj depuis son miqāt (lieu de sacralisation), puis après l’avoir terminé, le pèlerin sort de La Mecque vers les limites du territoire sacré (al-ḥill), entre de nouveau en ihrām pour accomplir la ʿUmra.
D'autres savants ne considèrent pas la ʿUmra après le Hajj comme une condition dans ce cas, et définissent l’Ifrād comme le fait d’accomplir uniquement les rites du Hajj sans ʿUmra. - Le Qirān consiste à entrer en état d’ihrām pour la ʿUmra et le Hajj en même temps, ou à commencer par la ʿUmra, puis y joindre le Hajj avant d’en commencer les rites. Dans les deux cas, les rites accomplis sont ceux du Hajj, et les deux dévotions sont considérées comme accomplies.
- Le Tamattuʿ consiste à accomplir la ʿUmra avant le Hajj, puis à sortir de l’état d’ihrām entre les deux. Celui qui accomplit ce type de Hajj est appelé "moutamattiʿ", en raison de ce "bénéfice" temporaire des choses normalement interdites pendant l’ihrām, entre la ʿUmra et le Hajj.
Le jugement concernant l’ajout de la ʿUmra au Hajj
Il n’est pas permis d’ajouter la ʿUmra au Hajj, c’est-à-dire d’entrer en état d’ihrām pour le Hajj, puis d’y joindre ensuite la ʿUmra, car cela n’apporte aucun bénéfice. Contrairement au cas inverse — le Qirān — où l’on joint le Hajj à la ʿUmra, ce qui permet de bénéficier des rites tels que la station à ʿArafat, la lapidation (ramy) et la nuitée (mabīt).
Le jugement concernant l'obligation du sacrifice pour celui qui accomplit l’Ifrād
Celui qui accomplit l’Ifrād n’a pas à offrir de sacrifice obligatoire. Il peut sacrifier de son plein gré, s’il le souhaite, ou ne pas sacrifier.
En revanche, le Mutamattiʿ (celui qui fait le Tamattuʿ) doit offrir un sacrifice obligatoire.
La raison de cette obligation est qu’il n’est pas entré en état d’ihrām pour le Hajj depuis le miqāt de son pays d’origine. En effet, le Mutamattiʿ entre en ihrām pour le Hajj depuis La Mecque, alors que s’il avait accompli l’Ifrād, il serait entré en ihrām pour le Hajj depuis le miqāt de son pays.
Les conditions de l’obligation du sacrifice dans le cas du Tamattuʿ :
Pour que le sacrifice du Tamattuʿ soit obligatoire, il faut remplir plusieurs conditions :
Le pèlerin ne doit pas être résident de la zone sacrée (Ḥāḍir al-Ḥaram), c’est-à-dire que sa résidence doit se situer à plus de deux étapes de marche (environ 84 kilomètres) de La Mecque.
Selon l'avis suivi pour l’émission de fatwas, il faut aussi que :
Le pèlerin entre en ihrām pour la ʿUmra pendant les mois du Hajj,
Qu’il accomplisse le Hajj la même année,
Qu’il ne retourne pas à son miqāt (lieu d’entrée en sacralisation) pour se mettre en ihrām pour le Hajj, s’il ne l’a pas encore fait,
Même s’il retourne à un miqāt plus proche de La Mecque que celui de la ʿUmra, ou à une distance équivalente, s’il entre en ihrām pour le Hajj depuis ce nouveau miqāt, il n’aura pas à offrir de sacrifice, car la cause de l’obligation du sacrifice — à savoir le gain du miqāt — a été annulée par son retour.
La règle ici vise à assurer que le pèlerin ait parcouru la distance requise en état d’ihrām.
Il en va de même pour le Qārin (celui qui combine ʿUmra et Hajj), qui doit offrir un sacrifice : la cause en est l’abandon de l’ihrām de la ʿUmra depuis son propre miqāt, s’il avait accompli uniquement la ʿUmra.
Clarification sur la meilleure des trois formes de Hajj
Quant à la meilleure des trois formes de Hajj, il existe une divergence d’opinion parmi les savants :
Pour les malékites et les chaféites, l’Ifrād est la forme la plus méritoire.
Les malékites considèrent ensuite le Qirān, puis le Tamattuʿ.
Les chaféites, quant à eux, placent le Tamattuʿ en deuxième, suivi du Qirān.
Pour les hanafites, la meilleure forme est le Qirān, puis le Tamattuʿ, puis l’Ifrād.
Les hanbalites, eux, estiment que le Tamattuʿ est le meilleur, suivi de l’Ifrād, puis du Qirān.
Dans ce genre de questions sujettes à divergence entre les savants, tu es libre de choisir la forme que tu préfères.
Le conseil, dans une telle situation, est d’opter pour ce qui est le plus facile pour toi, car le Hajj est éprouvant, et plus tu allèges la charge par des pratiques légitimes, plus tu économises tes forces physiques et mentales pour accomplir les rites de la meilleure manière possible.
Et Allah, Exalté Soit-Il, est Plus Savant.