Don du sang
Question
Réponse
Allah a certes honoré l'Homme et lui a donné la préférence sur beaucoup de Ses créatures. Pour cela, Il a interdit toute atteinte à sa personne et à son honneur et fait de la sauvegarde de l'âme humaine une des finalités de la Chari'a. Dans le Coran, Il dit :
« Certes, Nous avons honoré les fils d’Adam. 1»
La création de l'Homme à cette forme extrêmement merveilleuse est l'un des aspects de son honorification et l'un des bienfaits qu'il faut reconnaître abondement. Allah dit :
« En vérité, Nous avons doté l’homme, en le créant, de la forme la plus parfaite . 2»
Et parmi ces aspects figure également le fait de considérer le corps humain comme un dépôt divin confié à l'Homme. De ce point de vue, il n'est permis à quiconque d'en abuser même s'il s'agit de son propre corps.
C'est pourquoi, les religions monothéistes et les lois ont prohibé tout ce qui nuit au corps ou porte atteinte à l'âme soit par le suicide ou tout ce qui pourrait entraîner des conséquences pareilles. Allah dit :
« N’attentez pas non plus à vos jours, car Dieu est Plein de compassion pour vous3 . »
L'ordre de prendre soin du corps dans son intégrité et de faire usage de tous les moyens servant à le faire guérir est de même l'un des aspects de cet hommage rendu à l'être humain.
Parmi les autres aspects de vénération de l'homme figure l'ordre divin de prendre soin de son corps physiquement et moralement, de faire usage de tous moyens de traitement qui le guérissent de sa maladie. Al-Boukhari et Muslim ont cité dans leurs recueils authentiques un Hadith rapporté par Abou Horayra selon lequel le Prophète a dit :
« Allah ne fait jamais descendre un mal sans lui apporter un antidote. », « O Messager d'Allah, peut-on se soigner alors ?, demanda-t-on. Le Prophète répondit : « Oui, soignez-vous ! O serviteurs d'Allah ! Car Allah a prédestiné un remède à tout mal sauf celui de la vieillesse. »
Dans une autre version : « Sauf la mort. »
Ainsi, la Chari'a a sublimement honoré l'Homme et lui a ordonné de bien sauvegarder son âme et son corps contre tout ce qui pourrait courir à leur perte ou à leur altération, car chaque personne, quoique libre de disposer de son corps, doit faire preuve d’obéissance à ces recommandations divines :
« Ne vous exposez pas, de votre propre initiative, à la perdition, mais agissez de la manière la plus bienfaisante et judicieuse, Dieu aime les gens bons et judicieux 4»
« N’attentez pas non plus à vos jours, car Dieu est Plein de compassion pour vous5 »
L'Homme est alors appelé à sauvegarder son corps ainsi que l'ensemble de ses organes dont le sang, ce liquide vital nécessaire au corps humain. De ce fait, l'Homme ne devra, en aucun cas, s'exposer à un danger quelconque.
Pourtant, il n’y a aucun inconvénient religieux à ce qu’on fasse don de son sang si ce don pourrait sauver la vie d'un homme en danger certain et des médecins honnêtes attestent qu’il n'affectera ni la santé, ni la vie ni le travail du donateur. En effet, cette autorisation religieuse de faire don du sang est à la base de la recommandation divine de sauver la vie humaine. En outre, cette autorisation est un appel à répandre l’esprit de sacrifice et d’altruisme recommandé par ce verset :
« Allant même jusqu’à se priver en leur faveur, malgré leur propre indigence. Heureux les gens qui savent se prémunir contre leur propre avarice ! 6»
Il en va de même pour le fait de porter secours aux naufragés, aux brûlés et aux écrasés sous les ruines qui risquent de périr au moment du sauvetage. Allah dit :
« Soyez plutôt solidaires dans la charité et la piété .7 »
Il s'ensuit qu'il n'y a aucun inconvénient religieux quant au don du sang, vu la nature régénératrice du sang. Cependant, le don du sang, pour qu'il soit permis, doit répondre aux conditions suivantes :
- L'existence d'une nécessité urgente du don du sang pour sauver par exemple la vie d'une personne subissant une opération chirurgicale ou celle des victimes des accidents et des catastrophes naturelles.
- Le don du sang doit réaliser un intérêt certain ou éviter un danger à quiconque en besoin du point de vue médical.
- Le don du sang ne doit ni causer au donateur des préjudices ni l'empêcher d'exercer physiquement ou moralement son travail, ni porter sur lui des effets maléfiques dans l'immédiat ou à long terme.
- L’assurance, par l'examen médical, que le donateur est dépourvu de toute maladie pouvant affecter la santé de la personne en besoin ; car il n'est pas religieusement permis de repousser le mal par le mal.
- Le donateur doit être majeur et responsable.
Pour ce qui est de la récompense réservée au donateur du sang, elle est tellement grande et bien méritée pour avoir sauvé une âme d’un danger certain. Le donateur, grâce à son acte généreux, peut être élevé en degré auprès d’Allah ou verra, au moins, pardonnés ses péchés. A cet égard, Allah, le Très-Haut, dit :
« Y a-t-il d’autre récompense pour le bien que le bien lui-même8 ? »
Dans le même sens, le Prophète dit :
« Le Musulman est le frère du Musulman, il n'a le droit de le léser, ni de le trahir ; celui qui vient en aide à son frère en besoin, Allah lui vient en aide, et celui qui vient au secours d'un Musulman en difficulté, Allah viendra à son secours pour les difficultés du Jour du Jugement ; et celui qui ne dévoile pas (les défauts) d'un Musulman, Allah ne dévoilera pas les siens le Jour du Jugement. »
Il dit également :
« Celui qui soulage une des peines d'un Musulman dans ce monde, Allah soulagera l’une de ses peines le Jour du Jugement, et celui qui allège les peines d'un nécessiteux (indigent) Allah l'allégera dans ce monde et dans l'au-delà et celui qui dissimule les défauts ou les péchés d'un Musulman, Allah dissimulera les siens dans cette vie et dans l'au-delà9 . »
« Le Musulman est le frère du Musulman. Il ne lui nuit pas, ni le laisse pour compte. Quiconque subvient aux besoins d’un musulman, Allah subviendra à ses besoins. Quiconque soulage un Musulman en difficulté, Dieu le soulagera de ses difficultés le jour du jugement. Quiconque protège un musulman, Dieu le protégera le jour du jugement et Dieu est à l'aide du fidèle tant que ce dernier est à l'aide de son frère. 10»
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1- Coran, al-Israa, 70.
2- Coran, at-Tin, 4.
3- Coran, an-Nissa, 29.
4- Coran, al-Baqara, 195.
5- Coran, an-Nissaa, 29.
6- Coran, al-Hachr, 9.
7- Coran, al-Maéda, 2.
8- Coran, ar-Rahman, 60.
9- Cité par al-Boukhari.
10- Hadith cité par Abou Daoud.