La caisse de Zakat de notre mosquée a reçu, cette année, la Zakat d’al-Fitr pour la donner à ses ayants-droit. En effet, notre mosquée a fini de distribuer les biens de cette Zakat vers la veille de la fête à minuit. Dès 2h du matin jusqu’à la prière d’al-‘id, il reste 6 mille livres dans la caisse, qu’en ferons-nous ? Peut-on acheter une bête à sacrifier pour distribuer sa viande aux pauvres ou plutôt distribuer l’argent restant lui-même ?

    La majorité des savants malékites, chaféites, hanbalites et l’avis d’al-Hassan Ibn Ziyad de l’école hanéfite précisent que le temps où on doit obligatoirement s’acquitter de la Zakat al-Fitr est restreint. Celui qui s’en acquitte après le coucher du soleil du jour de fête sans excuse valable commet un péché et devra, en contrepartie, la payer mais à titre de compensation. Par contre, la majorité des Hanéfites estiment que le temps où on doit payer la Zakat al-Fitr est bien étendu ; car l’ordre de s’en acquitter n’est pas lié à un temps précis. Par conséquent, il est religieusement permis de payer la Zakat al-Fitr à n’importe quel temps sans pour autant commettre de péché. Pourtant, il est souhaitable de la payer avant d’aller pour accomplir la prière de la fête.

    En outre, les Foqaha sont d’accord que s’acquitter de la Zakat hors de son temps n’entraîne pas nécessairement sa nullité ; car il s’agit d’une dette qu’on doit à l’égard des ayants-droit.
Dans son Hachiat ‘Ala Charh Ibn Qasim al-Ghozi ‘Ala matn abi choga’, l’érudit chaféite al-Bayjouri dit :
    « Il est permis de payer la Zakat al-Fitr au début du mois de Ramadan ; mais il est souhaitable de s’en acquitter avant la prière d’al-‘id suivant l’exemple du Prophète si la prière est accomplie au début du jour. Si cette prière est accomplie plus tard, il est souhaitable de la payer dans la matinée. D’ailleurs, il est détestable de retarder le payement de la Zakat al-Fitr jusqu’au coucher du soleil du jour de fête. Enfin, il est interdit de s’en acquitter après le coucher du soleil du jour de fête, contrairement à la Zakat prescrite qu’on peut la retarder à moins qu’on ne craigne de causer préjudice aux ayants-droit. »

    Le péché dépend du degré du choix, de la préméditation et de la capacité. Celui qui oublie de s’en acquitter ou financièrement incapable doit, d’après la majorité des savants, la payer à titre de compensation ou à titre d’acquittement d’après les Hanéfites sans pour autant commettre un péché.

    En l’espèce, l’argent restant dans la caisse de Zakat de votre mosquée doit être versé immédiatement aux ayants-droit sans s’en servir pour acheter une bête à sacrifier en leur faveur.