Vente à livraison différée dite «Sa...

Dar al-Iftaa d'Égypte

Vente à livraison différée dite «Salam»

Question

Nous avons passé en revue la demande enregistrée sous le numéro 620 pour l’année 2006 contenant ce qui suit :

 
Quel est l’avis religieux relatif à une femme qui se dit commerçante et chez qui se rendent les gens qui désirent acheter un article quelconque. En effet, elle commence à leur exposer les marchandises qu’elle possède ou à leur décrire celles qu’elle ne possède pas ; mais elle peut les acheter, pour les clients, et en échelonner le prix contre un certain intérêt ? Il est à noter que certains gens disent que ce procédé est religieusement interdit sous prétexte qu’elle n’a pas le droit, du point de vue religieux, de vendre ce qu’elle ne possède pas. Selon eux, elle doit avoir à sa disposition la marchandise avant la vente, et s’abstenir de l’acheter pour le client ; car, en agissant de la sorte, elle ne s’expose point au risque de la perte, ce qui va à l’encontre de la loi du commerce basée sur le gain et la perte.

Réponse

 

Il est religieusement permis de vendre un objet au prix versé au comptant ou à terme avec augmentation ; notons que l’augmentation du prix contre le délai défini de payement est autorisée du point de vue de la majorité des jurisconsultes ; vu qu’il s’agit d’une transaction licite dite Morabaha (profit mutuel). En effet, le délai de payement accordé - bien qu’il ne soit pas effectivement un bien - mérite, dans ce genre de vente licite dite Morabaha, une augmentation du prix si le contrat le stipule. L’autorisation de cette forme de transaction est justifiée par les raisons suivantes : (1) L’existence d’un accord mutuel entre les deux contractants. (2) Le besoin pressant des gens – acheteurs et vendeurs – de recourir à ce procédé de vente. (5) L’absence de quoi empêcher la conclusion d’un tel contrat.
 
Quant à l’allégation selon laquelle le commerçant n’a pas le droit d’exercer tout genre de commerce et doit être soumis à la loi du commerce basée sur le gain et la perte, il s’agit d’attribuer par ignorance à Allah ce qu’Il n’a pas dit. En vérité, il est religieusement permis de vendre ce qu’on ne possède pas dans la vente à livraison différée (as-Salam), forme de transaction dont on s’engage à livrer l’objet décrit dans un délai déterminé. La licéité de Salam et prouvée par le Coran, la sunna et le consensus :
« Lorsque vous contractez une dette à terme, consignez-la par écrit[1]. »
 
Commentant ce verset, Ibn ‘Abass - Qu’Allah l’agrée – indique ce verset est révélé à propos de Salam.
 
De sa part, le Prophète (P.S.S.L) dit : « Que celui qui recourt à la vente des dattes dont la livraison est différée doit en déterminer la mesure ou le poids et le délai[2]. »  
     
Cela peut être facilement appliqué aux objets typiques. Par exemple, la vente du frigidaire en en déterminant la marque, le nombre de pieds cube, la couleur, les spécificités, etc.,
En outre, on peut valider ce genre de transaction par l’accord entre le vendeur et l’acheteur selon lequel le premier achète un objet puis le vend au deuxième qui le désire, et dans ce cas, la vente ainsi conclue est une vente de l’objet présent jugé licite par la charia et non pas de l’objet absent jugé interdit. Il se peut également que le commerçant et l’acheteur se rendent tous les deux à l’endroit où se trouvent l’objet de vente désiré et que le commerçant l’achète pour lui-même ensuite le vend à l’acheteur à des prix échelonnés, procédé purement licite qui réalise l’intérêt de deux parties contractantes sans aucune dérogation à la charia.
 
Par conséquent et en l’espèce, le travail de cette femme – comme nous l’avons déjà décrit – est religieusement licite. 
 
[1] Coran, al-Baqara, 282.
[2] Rapporté par les deux cheikhs.
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