Annoncer à la Mosquée la disparitio...

Dar al-Iftaa d'Égypte

Annoncer à la Mosquée la disparition d’un enfant

Question

Dans notre village et à la suite de la demande du secours d’une mère pleurant son enfant disparu, une dispute a éclaté à propos de l’annonce de cette disparition à travers le haut-parleur de la grande mosquée du village. Les avis ont divergé sur le statut religieux de cette annonce faite à la mosquée ; quelques-uns sont pour et quelques autres sont contre. Cette divergence s’est aggravée à tel point que les gens s’accusent de faiblesse de foi. Les opposants se sont référés à ce Hadith :

« Si vous avez vu quelqu’un annoncer à la mosquée la disparition de son objet, dites-lui donc : « Qu’Allah fasse en sorte que tu ne le trouves pas ! ».

Ils ont également avancé comme argument que la mosquée est uniquement consacrée aux actes d’adoration et qu’une telle annonce en est bien loin.

En revanche, les partisans estiment que la préservation de l’âme, de la raison et de la foi figure parmi les principaux objectifs de la charia et qu’il s’agit ici d’une âme dont la disparition trouble la raison des siens. En outre, ils ont indiqué que l’Islam est une religion de miséricorde et de tolérance et qu’on entend par «son objet disparu» les bétails et tout ce qui rend les mêmes services, comme l’indique bien le motif de ce Hadith. Ces partisans se sont également appuyés sur les principes religieux de base selon lesquels l’inviolabilité de l’âme humaine est plus sacrée que celle d’un édifice conformément au dire du Prophète (P.S.S.L) en s’adressant à la Ka’ba :

« Comme tu es sacrée et inviolable auprès d’Allah ! Mais le sang d’un Musulman l’est plus que toi. ».

Réponse

Dans son recueil authentique, l’imam Musleim rapporte d’après Abu Horayra qui a entendu le Prophète dire :

«« Si vous avez vu quelqu’un annoncer à la mosquée la disparition de son objet, dites-lui donc : « Qu’Allah fasse en sorte que tu ne le trouves pas ! Les Mosquées ne sont pas faites pour cela. »

Egalement, Musleim rapporte d’après Burayda qu’un homme annonçait à la mosquée la disparition d’un chameau rouge. A l’entendre, le Prophète dit : « Plut à Dieu que tu ne le retrouves jamais ! Les mosquées serviront à quoi elles ont été destinées. ».

En effet, la raison d’être de cette interdiction réside dans le fait de garder intacte l’inviolabilité de la mosquée - faite pour les actes d’adoration comme la prière, l’invocation, la récitation coranique, la retraite pieuse et tout ce qui exige le calme et la quiétude - loin des bruits qui pourraient distraire les fidèles des oeuvres pieuses. Il est à noter que l’interdiction vise tout ce qui pourrait troubler le recueillement des fidèles à la mosquée et contredire l’objectif pour lequel la mosquée a été construite, de sorte qu’elle devient le champ des affaires mondaines telles que l’achat et la vente impliquant l’enchère et l’aléa ou la recherche des animaux égarés et des propriétés disparues. De telles annonces sont liées souvent à une récompense matérielle distrayant les fidèles d’accomplir la prière en commun ou bien les troublant en la faisant.

En langue arabe, le terme « Dalah » désigne seulement l’animal égaré. Pour ce qui est des objets perdus, ils ont pour terme « Louqata ou Da’i’ » ; et par conséquent, le terme Dalah ne s’applique pas à l’homme disparu.

Dans Gharib al-Hadith (2/203 éd. Dar al-Ma’aref al-‘Osmanyya), l’imam Abu ‘Obayd al-Kasim dit : “ Le terme arabe Dalah ne s’applique qu’à l’animal égaré.”

Certains autres savants indiquent que le mot Dalah s’applique, en principe, aux bétails seulement. Dans as-Sihah (5/1748 éd. Dar al-‘Ilm Lelmalayyne, l’imam al-Djohary dit : « Le terme arabe (Dalah) désigne tout mâle et toute femelle de l’animal égaré. »

Dans al-Fatiq (1/65 Dar al-Ma’refa), l’imam az-Zamakhchari : « Le terme (ad-Dalah est, en principe, est un nom qualificatif de l’animal égaré, ensuite, l’emploi de ce terme s’élargit pour désigner l’ensemble. »

Dans Gharib al-Hadith (2/17, éd. Dar al-Kotoub al-‘Ilmyya), al-Hafez Ibn al-Djawzi dit : « Le terme Dalah s’applique aux animaux. Quant au Louqata, il s’applique aux objets perdus. »

Dans al-Misbah al-Mounir (2/363, édi. Al-Maktabah al-‘Ilmyya) l’érudit al-Fayyoumi : « Le terme Dalal veut dire « absence » ; s’il s’applique aux animaux, on dit Dallah et à l’homme on dit Dall. Quant aux objets perdus, on les désigne par le nom Da’i’ ou Louqata. »

Dans Chrah Hodoud Ibn ‘Arafa (431, éd. Al-Maktabah al-‘Ilmyya), l’érudit ar-Rassa’ définit le mot Dallah par le suivant : « Il s’agit des bestiaux sans abri sûr ; donc ce terme implique l’ovin, le bovin, les camélidés. »

De tout ce qui précède, il s’avère que le fait d’annoncer la disparition d’un enfant à travers le haut-parleur de la mosquée n’a rien à voir avec l’interdiction figurée dans le Hadith, que ce soit sur le niveau du terme ou de la signification.

Sur le plan terminologique : le terme Dalah en langue arabe ne s’applique pas à l’enfant disparu, et par conséquent, ce terme, figuré dans le Hadith, ne l’implique pas.

Sur le niveau de la signification : chercher ou annoncer la disparition d’un enfant est inclus dans le cadre de la préservation de l’âme contre la perte, objectif compté comme le plus important de cinq principaux objectifs de la charia. Sans doute, la préservation de l’âme l’emporte, en priorité, sur tous les intérêts communs et privés. Il est donc obligatoire pour les gens, en cas de disparition d’un enfant, de faire preuve de solidarité et de s’évertuer de le ramener à sa famille en faisant usage des moyens efficaces. Notons que parmi ces moyens figurent les mosquées, lieux de rencontre des gens surtout dans les villages et les petites régions où les gens se connaissent les uns les autres. En effet, nous espérons le retour des enfants perdus à leurs familles suite à l’appel diffusé par le haut-parleur de la mosquée. En vérité, il est obligatoire d’annoncer la disparition d’un enfant à la mosquée s’il s’avère qu’elle en est le seul moyen, suivant la règle selon laquelle « Jugé comme devoir tout acte dont dépend l’accomplissement d’un devoir. ». Tout cela relève de l’entraide dans la piété et la bienfaisance sans compter la récompense accordée à celui qui vient au secours de la personne en gêne et qui soulage leur peine, acte recommandé voire ordonné par la charia. Toutefois, il faut veiller à ce que l’application de cet acte se déroule d’une manière organisée sans troubler le recueillement des fidèles. Et par conséquent, il est catégoriquement interdit de dire à ceux qui subissent cette épreuve difficile : Plut à Dieu que vous ne le retrouviez nulle part ! ». Donc, quiconque s’adresse à ces malheureux en ces termes choquants commet un acte jugé péché du point de vue religieux et réprouvé du point de vue traditionnel.

En résumé, chercher ou annoncer la disparition d’un enfant à travers le haut-parleur de la mosquée est un acte religieusement permis voire recommandable ; en tant qu’acte d’entraide dans la piété, la bienfaisance et le soutien accordé aux personnes en détresse. Plus encore, cet acte devient une obligation religieuse s’il s’avère le seul moyen d’arracher l’enfant disparu des griffes de la perdition. Il n’est pas donc inclus dans l’interdiction d’annoncer à la mosquée la perte d’un objet.

Et Allah Seul le sait par excellence

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