Enseigner à l’aide d’une maquette d...

Dar al-Iftaa d'Égypte

Enseigner à l’aide d’une maquette de la Ka`bah

Question

Quel est l'avis religieux relatif au fait d’enseigner les rites de la `Omra à l’aide d’une maquette de la Ka`bah et les circumambulations rituelles (Tawaf) autour d’elle ?

Réponse

Allah – Exalté soit-Il - a élevé en rang les savants en disant :
 « Dis : « Sont-ils égaux, ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ? » Seuls les doués d'intelligence se rappellent[1]. »
Il leur a ordonné d'instruire Ses serviteurs :
 « Allah prit, de ceux auxquels le Livre était donné, cet engagement : « Exposez-le, certes, aux gens et ne le cachez pas[2]. »
Il nous a également ordonné d’accomplir le Hajj et la ‘Omra dans ce verset :
 « Et accomplissez pour Allah le Hajj et la ‘Omra[3]. »
Bien entendu, nulle action ne pourrait être accomplie avant d'en prendre connaissance. Dans son Sahih (1/37), l’imâm al-Boukhari dit dans le chapitre de la science :
 « La conception précède la parole et l’acte conformément à ce verset : « Sache donc qu’en vérité, il n’y a point de divinité à part Allah[4]. ». La science est donc évoquée en premier. »
La Parole divine fut habituellement révélée au Prophète par divers moyens. Interrogé à ce propos, le Prophète dit :
« Parfois, elle m’est transmise tout comme le tintement d’une cloche qui pèse lourdement sur moi et ne me laisse qu'après avoir parfaitement saisi (le message). Parfois, l’ange se présente à moi sous forme d’un homme, me parle et j'assimile ce qu’il dit[5]. »
 
On rapporta également que l’Invisible Ghayb الغيب se révélait à lui comme l’indique bien le Hadith rapporté par Anas Ibn Malik :
«  Le Messager d'Allah dit : « Par Celui qui détient mon âme dans Sa main, le Paradis et l’Enfer se sont exposés devant moi sur ce mur pendant que je priais. Je n’ai jamais vu autant de bonheur et de malheur qu’en ce jour[6]. »
 
En outre, un autre Hadith rapporte qu'après le voyage nocturne, les mécréants demandèrent au Prophète de décrire la Mosquée sacrée de Jérusalem. Il dit à ce propos :
 « Quand les gens de la Mecque m'ont traité de menteur, je me suis mis debout dans le Hijr d'Ismail ; Allah me dévoila la Mosquée sacrée de Jérusalem dont je leur fis la description en l'embarrassant du regard[7]. »
 
De même, le Prophète enseignait à ses Compagnons par des moyens divers. Il avait recours, à titre d’exemple, à ce qu'on appelle de nos jours (schémas explicatifs). Ceci est bien illustré dans le Hadith rapporté par Ibn Mas`ûd :
« Le Prophète dessina un carré, puis de son centre, traça une ligne qu’il prolongea vers son contour. Puis, il traça d’autres traits plus courts qui coupent cette ligne sans dépasser les limites du carré. Ensuite, il dit : « Ce point représente l’homme et le carré est sa fin qui le cerne. La ligne qui sort du carré représente son ambition alors que les traits courts sont les biens éphémères de ce bas monde. S'il arrive à échapper à ceci, il tombe dans cela et s'il réussit à échapper à ce dernier, il sera rattrapé par une autre[8]. » 
 
Al-Boukhari cita également le Hadith rapporté par Anas selon lequel le Prophète traça des traits et dit :
 « Voici l'ambition de l'homme et voici sa fin. L’homme continuera à vivre jusqu’à ce qu’il soit surpris par la fin représentée par le trait le plus proche. ».
 
Parfois, le Prophète illustrait ses propos par les gestes comme le montre le Hadith rapporté par Abou-Horayra au sujet des enfants en berceaux qui ont parlé :
 « Un jour, tandis qu’une femme israélite allaitait l’un de ses enfants, un homme portant un insigne passa devant elle sur sa monture. Elle dit : « Puisse Allah rendre mon fils comme lui ! » Le nourrisson lâcha alors son sein, se tourna vers l’homme et dit : « Ô Allah, fais que je ne sois comme lui ! ». Puis, il téta le sein de sa mère de nouveau. ». Abou-Horayra ajouta : « C’est comme si je voyais le Prophète — paix et bénédictions sur lui — sucer son doigt[9]. »
 
Selon une autre version rapportée par Muslim, Abou-Horayra ajouta :
 « C’est comme si je voyais le Messager d'Allah imiter la tétée de l’enfant lorsqu'il a mis son index dans la bouche et s'est mis à le sucer. »
 
Commentant ce Hadith, Al-Hafiz Ibn Hajar dit :
« Cela démontre un soin particulier accordé à l'illustration, par le geste, de la nouvelle qu'on veut transmettre. »
 
Parfois, le Prophète établit une comparaison entre une personne présente et une autre absente afin que l'image de ce dernier soit présente à l'esprit, telle que la ressemblance qu'il a établie pour certains Prophètes, pour l'ange Gabriel ou l'Anté-Christ avec certains de ses Compagnons. Dans ce contexte, il dit :
« Quant à l’image d’Ibrahim, regardez votre Compagnon, se désignant lui-même[10],.. »
 
Il est de même rapporté que le Prophète accomplit certains actes de culte à titre d’apprentissage, comme dans le Hadith rapporté par Sahl Ibn Sa`d, selon lequel le Prophète, après avoir accompli sa prière sur le minbar, s’adressa aux gens en ces termes :
 « Ô gens ! J’ai fait cela –cette prière- afin que vous suiviez mon exemple et que vous appreniez la manière dont je prie[11]. »
 
Ce procédé fut par la suite adopté par nos pieux prédécesseurs. À cet égard, Abou Qilabah dit :
 « Malik Ibn Al-Huwayrith, l’un des Compagnons, vint dans notre mosquée et dit : « Je dirige votre prière sans que la prière soit mon seul dessein. Je prie plutôt pour vous montrer comment j’ai vu le Prophète prier[12]. »
 
Par ailleurs, Cho'bah rapporta, selon Mu'auyah Ibn Qurrah, selon Abdullah Ibn Mughaffal Al-Muzani que : « Le jour de la conquête de la Mecque, j'ai vu le Prophète sur le dos de son chameau en train de réciter la sourate Al-Fath, ou un passage de sourate Al-Fath. » Il ajouta : « Et Il répétait le son "a" au fond du gosier. » Mu'auyah imita la récitation d’Ibn Mughaffal, puis il dit : « Si je ne craignais pas de rassembler les gens autour de vous, j’aurais récité à la manière d’Ibn Mughaffal, lorsqu’il a imité le Prophète. ». Cho'bah demanda alors à Mu'auyah : « Comment récitait-il? ». Il répondit : « il répétait le son (a) trois fois du fond du gosier[13]. »
 
En effet, avoir vu quelque chose est plus touchant qu’en entendre dire, comme l’affirme ce Hadith :
« Le témoignage oculaire l'emporte sur le récit narré. Quand Allah — Exalté soit-Il — informa Moïse de ce que son peuple avait fait du veau, il ne jeta pas les tables de la Loi. Mais lorsqu’il vit lui-même ce qu’ils en avaient fait, il jeta à terre les tables, qui se cassèrent[14]. »
 
De ce qui précède, on conclut que rien n’empêche l’enseignement des rites de la `Omra de la manière décrite dans la question. Cela pourrait être recommandé, voire obligatoire lorsqu’il s’avère impossible de comprendre les rites du pèlerinage autrement. Cet enseignement doit cependant se faire dans une atmosphère d’exaltation des rites d’Allah :
« ...Et quiconque exalte les injonctions sacrées d’Allah, s’inspire en effet de la piété des cœurs[15]»
 
Puisse Allah nous accorder ainsi qu’aux Musulmans le savoir utile et nous guider vers la bonne application de la religion !
 
 
[1]Coran, az-Zumur, 9
[2]Coran, al-‘Imran, 187.
[3] Coran, al-Baqara, 196.  
[4] Coran, Mohammad, 19.  
[5]Cité par al-Boukhari et Musleim d’après Aicha.
[6]Cité par al-Boukhari et Musleim.  
[7]Cité par al-Boukhari et Musleim d’après Djâbir.  
[8]Cité par al-Boukhari.  
[9]Cité par al-Boukhari et Musleim selon les termes d’al-Boukhari.  
[10]Les versions de ce Hadith sont citées dans Sahih Musleim (166/169)
[11]Cité par al-Boukhari et Musleim.  
[12]Cité par al-Boukhari dans son Sahih sous le chapitre intitulé « Celui qui dirige la prière en commun seulement pour apprendre aux gens la manière dont le Prophète accomplissait la prière. »  
[13]Cité par al-Boukhari.
[14]Cité par Ibn Hibân, al-Hakem et at-Tabarani selon les termes d’Ibn ‘Abbas. 
[15]Coran, al-Hajj, 32.
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