Le pourquoi la multiplication des écoles de fiqh
Question
L’Islam ne nous impose pas l’adoption d’une seule école de fiqh déterminé ; c’est pourquoi, j’aimerais savoir la sagesse divine de l’existence de quatre écoles de fiqh et de la multiplication des avis divergents ? Pourquoi les savants ne s’accordent-ils pas sur l’adoption et l’application des arguments formels ?
Réponse
Les questions traitées par la charia sont divisées en deux catégories :
Questions faisant l’unanimité des Musulmans : nombre de prières prescrites, mois de Ramadan, direction de la Qibla, lieu du pèlerinage, interdiction du vin, de la fornication et de l’usure. Autrement dit, il s’agit des questions qui forment l’entité de l’Islam et ses préceptes incontestables. En effet, les arguments relatifs à cette catégorie de questions religieuses sont formels et catégoriques.
Questions sur lesquelles divergent les jurisconsultes :
Dans cette catégorie de questions religieuses, Allah a voulu que ses textes soient conjecturels et susceptibles de plusieurs interprétations. Allah, s’Il le voulait, Il aurait fait de l’ensemble des questions de la charia une seule catégorie faisant l’unanimité de tous les savants. Mais c’est pour une raison et une sagesse particulière qu’Il a prescrit des lois susceptibles de plusieurs interprétations. En effet, l’Islam, en tant que message ultime et universel, se caractérise par la flexibilité et la possibilité d’application en toutes les circonstances, en tout lieu et à tout temps. De sa part, le Prophète, lui-même, a approuvé les avis divergents à propos du texte susceptible de plusieurs interprétations. En voici l’exemple : un jour, il dit à ses compagnons : « Que l’un de vous n’accomplisse la prière d’al-‘Asr qu’à Banou Korayza. ». On appelle à la prière d’al-‘Asr, certains compagnons insistent à accomplir la prière d’al-‘Asr à son temps habituel. D’autres attendent l’arrivée à Banou Korayza pour l’y accomplir même après le coucher du soleil. Pour les premiers, ils interprètent cet ordre par la nécessité d’accélérer le pas ; c’est pourquoi, ils accomplissement la prière à mi-chemin avant le coucher du soleil. Ainsi, ils appliquent le sens implicite de l’ordre. Pour les derniers, ils appliquent à la lettre le sens apparent de l’ordre prophétique. A la lumière de cet exemple, nous pouvons comprendre que l’application du sens apparent du texte ou l’attachement à son esprit représente une nature bien ancrée en l’homme. De plus, l’approbation du Prophète de ces deux attitudes sans adresser de reproches à personne constitue, en fait, un argument évident sur la légitimité de la divergence d’avis. A cet effet, le Prophète dit également : « La divergence des points de vue de ma communauté est une miséricorde. ».
En effet, si jamais tous les textes religieux étaient formels et incontestables, les savants n’auraient point divergé là-dessus. Mais la sagesse divine a voulu qu’une grande partie de textes soient susceptibles de plusieurs interprétations pour faciliter et alléger à la communauté musulmane la pratique de la religion. C’est, en effet, un des traits caractéristiques de l’Islam.
Pourtant, la dispute et la division ont éclaté entre certains Musulmans qui comprennent mal ces hautes finalités prévues par la philosophie islamique. C’est pourquoi, ils se mettent à prendre les arguments conjecturels pour des arguments formels et catégoriques. Raison pour laquelle, ils adoptent une opinion unique et qualifient leur contestataire d’égaré, d’innovateur ou de pervers, acte formellement interdit par la charia.
Et Allah Seul le sait par excellence