Emission de fatwa ﴾Aperçu historiq...

Dar al-Iftaa d'Égypte

Emission de fatwa ﴾Aperçu historique﴿

Question

Quelle est l’histoire de la fatwa ?

Réponse

 

Plusieurs savants tels que Ibn Hazm, Ibn al-Qaym et beaucoup d'autres étaient les premiers à jeter la lumière sur l’histoire de la fatwa depuis l'époque du Prophète jusqu'aux débuts de l'époque des imams moujahids, fondateurs des Ecoles Juridiques.

 

En effet, le premier à assumer cette noble tâche était Mohamad, maître des Messagers, Prophète Ultime, Serviteur et Messager d'Allah :

Prophète ! Dis aux impies : « Je ne vous réclame aucun salaire pour ce que je vous enseigne et je ne suis pas un maniéré imposteur[1]﴿

 

Les avis religieux (fatwas) émis par le Prophète étaient tellement sages et rédigées dans un style éloquent ; ils constituent, en fait, sa Tradition, deuxième source de la législation islamique après le Coran. Donc, il faut la suivre et ne pas y tourner le dos.  

Après la mort du Prophète, ses Compagnons ont pris le soin d’émettre les avis religieux, chacun selon sa vocation.

 

Les Compagnons qui nous ont laissé un grand patrimoine de fatwas sont au nombre de trente et quelques.

 

On peut les classer en trois catégories :

1- Compagnons ayant laissé en patrimoine un grand nombre de fatwas. Ce sont ‘Omar Ibn al-Khattab, Ali Ibn Abi-Taleb, Abdullah Ibn Massoud, Aicha, Mère des croyants, Zayd Ibn Thabet, Abdullah Ibn al-‘Abbas et Abdullah Ibn 'Omar.

En effet, les fatwas émises par chaque Compagnon de cette catégorie peuvent être renfermées dans un livre de grand volume.

 

 2- Compagnons qui ont émis une quantité moyenne de fatwas. Ce sont Abou-Bakr as-Siddiq, Om-Salama, Anas Ibn Malek, Abou-Said al-Khédréy, Abou Horayra, Othman Ibn ‘Affane, Abdullah Ibn Amr Ibn al-A'as, Abdullah Ibn az-Zobayr, Abou-Moussa al-Ach'ari, Saad Ibn Abi-Waqqas, Salman al-Faréci, Abdullah Ibn Jaber et Mo’az Ibn Jabal.

On peut y ajouter également Talha, az-Zubair, Abdul Rahman Ibn ‘Ouf, Imran Ibn Hacin, Abou Bakra, Obayda Ibn as-Samet et Muawiya Ibn Abi Sufyan.

 

3- Compagnons d'après qui on a rapporté une ou deux fatwas au plus.

 

En général, c'est aux disciples d'Ibn Massoud, de Zayd Ibn Thabet, d'Abdullah Ibn ‘Omar et d'Abdullah Ibn al-’Abbas revient le mérite d’avoir diffusé, dans la Communauté, les savoirs religieux. Les Médinois, en particulier, ont reçu ces savoirs des disciples de Zayd Ibn Thabet et d'Abdullah Ibn ‘Omar, les Mecquois, de leur côté, des disciples d'Abdullah Ibn ‘Abbas et enfin les Irakiens des disciples d'Abdullah Ibn Massoud.

 

Aicha, la Mère des croyants, excellait également en matière de sciences religieuses surtout celles relatives à la Succession et au Licite et à l’Illicite. Parmi ses fidèles disciples sont ses neveux Qasim Ibn Muhammad Ibn Abi Bakr et ‘Orwa Ibn az-Zubayr, fils d’Asmaa. A cet effet, Masrouq dit :

 « J'ai vu les grands Compagnons venir lui poser des questions relatives à l’Héritage. »

 

 ‘Orwa Ibn az-Zubayr dit :

« Je n'ai jamais assisté à une science plus savante en matière de justice, d'événements de l'époque préislamique, de poésie, d’Héritage et de médecine que celle donnée par Aicha. »  

 

Ensuite, l’émission de fatwas a été assumée par d'autres disciples tels que Saïd Ibn al-Mothayab, rapporteur et disciple d'Omar. Grand jurisconsulte de Médine, Ibn al-Mothayab savait le plus les questions juridiques de l'époque du Prophète, d'Abou-Bakr as-Siddiq, d'Omar, d'Othman et était expert de premier ordre en matière de Coutume.

 

Outre Saïd Ibn al-Mosayab, il y avait 'Orwa Ibn az-Zobayr, grand rapporteur de Hadith à son époque, Ibn Chihab a puisé dans le savoir des prédécesseurs sans oublier d’y ajouter le sien ; ainsi d'autres tels que les sept jurisconsultes de la Médine à savoir, Ibn al-Mosayab, ‘Orwa Ibn az-Zubayr, Muhammad Ibn Qasim, Kharija Ibn Zayed, Abû Bakr Ibn Abd ar-Rahman Ibn Harith Ibn Hicham, et Sulayman Ibn Yasar, et ‘Obaidullah Ibn Abdullah Ibn ‘Otba Ibn Mass’oud.

 

Parmi les hommes de la fatwa de la Médine, figurent également Abban Ibn ‘Osman, Salem, Nafé', Abu Salama Ibn Abdul Rahman Ibn ‘Auf, Ali Ibn al-Hussein, Abu Bakr Ibn Muhammad Ibn ‘Amr Ibn Hazm, et ses deux fils, Mohammed et Abdullah, Abdullah Ibn ‘Omar Ibn Othman et son fils Mohammed, Abdullah et al-Hussein, fils de Mohammed Ibn al-Hanafiyyah, Ja’far Ibn Muhammad Ibn Ali, et Abdul Rahman Ibn Mohammed Ibn al-Qasim Ibn Abi Bakr, Muhammad Ibn al-Munkadir, Mohamed Ibn Shihab al-Zahri, et beaucoup d'autres. Enfin, arrive l'imam Malek Ibn Anas, fondateur de l’Ecole malékite, devenue une des quatre Ecoles juridiques encore suivies dans la Communauté musulmane.

 

A la Mecque, les célèbres muftis étaient ‘Ataa Ibn Abi Rabah, et Ibn Taous Kisan, Mujahid Ibn Jabr, Amir Ibn ‘Obaid, ‘Amr Ibn Dinar, Abdullah Ibn Abi Malika, Abdul Rahman Ibn Sabt et Ekrema. Puis, après eux, Abu al-Zubayr, le Mecquois, ‘Abdullah Ibn Khalid Ibn Acid, et ‘Abdullah Ibn Taous. Puis, après eux, Abdul Malek Ibn Abdul ‘Aziz Ibn Jourej, et Sufian Ibn ‘Oyayna, et à leur suite Muslim Ibn Khalid Ibn az-Zénji, Sa’id Ibn Salem al-Qaddah, l'imam Mohammad Ibn Idris ach-Chaféï _ qui a su profiter du savoir des jurisconsultes mecquois, médinois et koufians pour fonder sa doctrine connue plus tard par l'Ecole chaféite, une des quatre Ecoles juridiques encore suivie dans la Communauté) _, ‘Abdullah Ibn Zubair Humaidi, Ibrahim Ibn Muhammad, cousin de Mohamed esh-Shaféi, Mousa Ibn Abi Jaroud et autres.

 

Parmi les célèbres muftis de Bassora, figurent ‘Amr Ibn Salamah aj-Jourméi, Abu Mariam, le Hanafite, Ibn Ka'b mur, de Hasan al-Basri, contemporain de cinq cents Compagnons, Abou ach-Cha'thaa Jabir Abu Ibn Zayd, Muhammad Ibn Sirin, Abu Qlaba Abdullah Ibn Zayd aj-Jourméi, Muslim Ibn Yasar, Abou al-‘Aléia, Hamid Ibn Abdul Rahman, Motrif Ibn ‘Abdullah ach-Chokheir, Zourara Ibn Abi ‘Awfa, et Abou Borda Ibn Abi Moussa. Puis, viennent Ayoub as-Sakhtyani, Solayman at-Taymi, ‘Abdullah Ibn ‘Awf, Younis Ibn ‘Obeid, al-Qassim Ibn Rabi’a, Khalid Ibn Abi ‘Imran, ach'ath Ibn Abdel-Malek al-Hemrani, Qutaadah, Hafs Ibn Sulayman, le juge Eyas Ibn Muawiya, puis, le juge Siwar, Abu Bakr al-‘Tki, ‘Osman Ibn Sulaiman Alabati, le juge Talha Ibn Iyas, ‘Obaidullah Ibn Hassan al-'Anbari, Ach'ath Ibn Jaber Ibn Zayd.

 

Il y a ensuite Abdul Wahab Ibn Abdul Majid al-Thaqafi, Sa’id Ibn Abi Orouba, Hammad ibn Salamah, Hammad Ibn Zayd, Abdullah Ibn Daoud Alhrchi, Ismail Ibn Olaya, Bichr Ibn al-Mofaddal, Moaaz Ibn Moaaz al-Anbari, Muammar Ibn Rashid, et ad-Dhak Ibn Mukhalad, et Mohamed Ibn Abdullah al-Ansari.

 

Et parmi les muftis de Koufa nous pouvons compter ‘Alqamah Ibn Qays an-Nakha'i, et son oncle parternel al-Aswad Ibn Yazid an-Nokha'i, ‘Amr Ibn Charhabayl al-Hamdani, Masrouq Ibn al-Agda' al-Hamdani, Obeida as-Salmani et Chrih ibn Harith al-Qadi, Solayman  Ibn Rabi’a Albahli, Zayd Ibn Souhan, Suède Ibn-Ghafla, Harith Ibn Qais Aljafee, Abdul ar-Rahman Ibn Yazeed an-Nokha'i, Abdullah Ibn ‘Otba Ibn Masud al-Qadi, Kaithama Ibn Abdul Rahman, Salamah Ibn Suhayb, Malék Ibn Amer, Abdullah Ibn Schbara, Zer Ibn Habish, Khalas Ibn ‘Amr, Amr Ibn Maimon al-Audi, Hammam Ibn al-Harith, al-Harith Ibn Suède, al-Yazid ibn Muawiyah An-Nokha'i, Ar-Rabi' Ibn Kthim, ‘Otba Ibn Farqad, Sela Ibn Zafr, Charik Ibn Hanbal, Abou Wael Chaqiq Ibn Salamah et Abid Ibn Nadla, partisans et disciples de Ali et Ibn Mass’oud.

 

Au temps même des Compagnons et en leur présence, les disciples éminents émettaient des fatwas et répondaient aux questions des fidèles. La plupart d’entre eux se référait dans sa fatwa aux avis d’Omar, d'Aїcha et d'Ali. D'ailleurs, ‘Amr Ibn Maymoun Al-Audi était contemporain de Moadh Ibn Jabal et ses compagnons et suivait ses opinions. A sa mort, Moadh  lui a recommandé d'aller voir Ibn Massoud et profiter de son savoir. Et c'est ce qu'a fait ‘Amr.

Sur cette liste, il faut ajouter, Abou ‘Obayda et Abderrahmane, fils d'Ibn Massoud, Abdullah Ibn Abi Layla qui a adopté les avis de cent vingt Compagnons, Maysara, Zadhan et ad-Dahhaq. Après eux viennent Ibrahim an-Nokha'i, ‘Amer Ach-Cha'bi, Sa'id ibn Jubair, al-Qassim Ibn ‘Abdul Rahman Ibn ‘Abdullah Ibn Mass’oud, Abu Bakr Ibn Abi Musa, Mohareb Ibn Dathar, al-Hakam Ibn Otaiba, Jabala Ibn Suhaim contemporain d'Ibn ‘Omar.

 

Ensuite, ils furent suivis par Hammad Ibn Abi Sulayman, Suleiman Ibn Al-Mu'tamer, Solayman al-A'mach, Mossa'ar Ibn Kdam. Puis, après eux, Muhammad Ibn ‘Abd ar-Rahman Ibn Abi Layla, Abdullah Ibn Cheberma, Saeed Ibn ‘Achua', Charik al-Qadi, al-Qassem Ibn Ma'n, Sufyaan ath-Thawrey, l'imam Abu Hanifa an-Nu’man Ibn Thabit, qui faisait autorité en matière de sciences kufiques et qui a fondé une doctrine (connue plus tard par la doctrine hanéfite, et devenue l'une des quatre écoles juridiques les plus suivies par la communauté) et el-Hassan Ibn Saleh Ibn Hayyey. Après eux, viennent Hafs Ibn Ghiyath, Waki Ibn al-Jarrah, les disciples d’Abu Hanifa comme al-Qadi Abu Youssef, Zofar Ibn al-Hadhil, Hammad Ibn Abi Hanifa, al-Qadi Hassan Ibn Ziyad al-lo'lo'i, Mohammed Ibn al-Hassan, juge d'al-Réqqa, Aféya, Osd Ibn ‘Amr, Nouh Ibn Darraj, ainsi que les disciples de Sufian ath-Thawrey ; à savoir al-Achja'éi et Mo'afa Ibn ‘Omran et les compagnons d'al-Hassan Ibn Hay al-Zuli et Yahya Ibn Adam.

 

Pour les muftis du Cham, on peut mentionner Abou Idris al-Khoulani, Charhabayl Ibn as-Samt, ‘Abdullah Ibn Abi Zakaria al-Khuzaie, Qossayb Ibn Zowaib al-Khuzaie, Hibbaan Ibn Omaya, Solayman Ibn Habib al-Maharbi, al-Harith Ibn Amir az-Zubaidi, Khalid Ibn M'dane, Abdul Rahman Ibn Ghanam Al-Ash'ari, Jubayr Ibn Nafir et puis ils furent suivis par ‘Abdul Rahman Ibn Jubair Ibn-Nafir et Mak'houl, ‘Omar Ibn Abdel ‘Aziz et Raja Ibn Haywa. Avant d'accéder au Califat, ‘Abdul-Malik Ibn Marwan était compté parmi les muftis. Et enfin, Haydar Ibn Kreb, Yahya Ibn Hamza Al-Qadi, Abou ‘Amer ‘Abdel Rahman Ibn ‘Amr al-Awzai, Ismail Ibn Abi al-Muhajir, Solayman Ibn Moussa al-Omawi, Saeed Ibn ‘Abdul ‘Aziz, puis Mukhalad Ibn al-Hussein, al-Walid Ibn Muslim, al-‘Abbas Ibn Yazid, compagnon d’al-Awzai, Shuaib Ibn Is'haq, le disciple de Abou Hanifa et Abou Is'haq al-Fasari, disciple d'Ibn al-Mobarak.

 

En Egypte, il y avait Yazid Ibn Abi-Habib, Bekir Ibn ‘Abdullah Ibn Alochdj, ‘Amr Ibn al-Harith.

Ibn Wahb dit :

« Si la vie de ‘Amr Ibn al-Harith était plus longue, nous n'aurions besoin ni de Malek ni d'autres. »

 

En outre, parmi les muftis d’Egypte on trouve Layth Ibn Sa'd, et ‘Ubayd Allah Ibn Abi Jafar. Puis, les disciples de Malek tels que ‘Abdullah Ibn Wahab, ‘Osman Ibn Kenana, Ach'hab, Ibn al-Qassem qui adoptait le plus souvent la doctrine de Malek, en plus, les partisans d'El-Shafei comme almozni, Alboaiti et Ibn ‘Abdel-Hakam, qui ont souvent suivi l'avis de Malek et celui d'ash-Shafei, sauf une minorité qui avait un raisonnement individuel tels que Mohamed bin Ali bin Yusuf, et Abu Jafar eltahawy.

 

A Kairouan aussi, il y avait Sahnoun Ibn Saїd qui faisait beaucoup de raisonnements individuels et Saїd Ibn Mohamed al-Haddad.

 

En Andalousie, Yahia Ben Yahia, Abdul Malik Ibn Habib, Baqqey Ben Mukhalad, Qasim Ibn Muhammad auteur des documents, et Maslama Ibn Abdul ‘Aziz, le juge, Munther Ibn Sa'eed, Mas'ood Ibn Sulayman, Yusuf Ibn ‘Abdullah Ibn Muhammad Ibn ‘Abd al-Barr.

 

Au Yémen, Motraf Ibn Mazen le Juge de San'a, Abdul-Razeq Ibn Hammam, Hesham Ibn Youssef, Mohamed Ibn Thawr et Sammak Ibn al-Fadl.

A Bagdad, il y avait beaucoup de muftis. Une fois construite par al-Mansour, cette ville attirait vers elle les grands imams, les jurisconsultes et les compilateurs de hadith. Parmi ses muftis les plus éminents figurent ‘Abu ‘Obeid Ibn Qasim Ibn Salam, Abou Thawr Ibnrahim Ibn Khaled al-Kalbéy, disciple d'ach-Chaféi et l'imam Ahmed Ibn Hanbal qui faisait autorité en matière de Hadith, et de fiqh et qui a fondé une doctrine, connue plus tard par le hanbalisme, une des quatre écoles juridiques suivies jusqu'à nos jours.

 

A la fin, les huit écoles juridiques de l'Islam ont été ainsi établies : quatre sunnites authentiques (Chafiisme, Hanafisme, Malékisme et Hanbalisme), deux chiites (Imâmisme et Zaydisme), Ibadisme et aussi Zâhirisme.

 

Chacune de ses écoles de pensée établit des règles et des fondements juridiques à suivre par les jurisconsultes musulmans. Elles, faute de texte clair, recourent à d’autres sources de législation telles que l’ijtihad, l’analogie al-qias, etc.. Une fois établies ces écoles de pensée, il est devenu rare de trouver, à l’époque, un jurisconsulte musulman qui s’est fait une célébrité pareille ; presque tous les jurisconsultes qui viennent après se trouvaient attachés à l’une de ces écoles de pensées, on peut en mentionner par exemple an-Nawawi (le chaféite) et Ibn Tayméya (le hanbalite). En toutes les époques, la fatwa est la responsabilité des imams et des grands savants de ces écoles de pensée.

 

Ceci est un aperçu historique de la fatwa en Islam mettant en relief son histoire glorieuse, ses règles, ses fondements et son développement remarquable.



          [1]Coran, Sâd, 86.

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