Quel est le procédé sur lequel s'appuie Dar Al-Iftaa d'Egypte pour émettre une fatwa ?

En émettant ses fatwas, Dar Al-Iftaa d'Egypte adopte une méthodologie qui consiste à transmettre soigneusement les avis de quatre Ecoles fiqhites les plus connues (Hanafite, Malékite, Chaféite, et Hanbalite). Pourtant, elle reconnaît les autres Ecoles de jurisprudence islamique et ne s'empêche pas de s'y référer. Plus encore, elle tient parfois à leur donner la priorité pour réaliser l'intérêt des gens et mettre en pratique les objectifs principaux de la charia. Certaines de ces Ecoles fiqhites peu connues sont, intégralement, adoptées par une partie de Musulmans, à titre d'exemple l'Ecole Ja'farite, Zaydite, Ibadite, et même l'Ecole Dhahirite soutenue, remarquablement, par certains Ulémas de différents pays islamiques.

Dans son choix des preuves religieuses, le cercle d'argumentation, chez Dar Al-Iftaa, s'étend pour contenir les avis des Moujtahides de renommée dont le nombre s'élève à 80. Nous en citons à titre d'exemple, Al-Awza'i, Al-Tabary, et Al-Layth Ibn Sa'ad. En effet, Dar Al-Iftaa s'intéresse à leurs avis et se met parfois à les faire prévaloir pour leur force probante ou pour le besoin qu'éprouvent les gens ou enfin pour la réalisation des objectifs de la charia. C'est, en fait, la même méthodologie agréée par le groupe savant de notre époque aussi bien en Orient qu'en Occident ainsi que par les sages de toutes écoles juridiques islamiques. Qu'Allah en soit loué !

Dar Al-Iftaa s'engage également d'appliquer les décisions des Complexes Islamiques à la tête desquels figurent celui de Recherches Islamiques attaché à l'Azhar, celui de Jurisprudence Islamique dépendant de l'Organisation de la Conférence Islamique à Jedda et celui de Fiqh Islamique à la Mecque et surtout dans les questions d'actualité d'ordre public ayant besoin d'être tranchées par une consultation commune.

Parfois, Dar Al-Iftaa se réfère directement au Coran et à la Tradition pour en dégager les sentences religieuses. Ces deux sources de législation sont, en effet, d'une étendue plus large que les autres sources ; leur espace est sûrement plus large que ceux des huit Ecoles et des travaux des 80 Moujtahides. C'est pourquoi, elle recourt directement aux preuves coraniques et traditionnelles pour en déduire les prescriptions religieuses surtout aux points non mentionnés dans les autres références religieuses ou bien déjà mentionnés ; mais incompatible aux exigences de l'époque. Et ce, à condition que les textes dont on déduit les preuves répondent aux critères établis par les savants de Fondements du Fiqh.

En tant qu'institution de Fatwas, Dar Al-Iftaa est responsable de toute fatwa déjà publiée à son nom sans le contredire à moins qu'il n'ait un changement ayant eu lieu dans les domaines du temps, du lieu, des circonstances, et des personnes.

En somme, nous souhaitons, à partir de ce qui a été dit qu'on sache la réalité à propos de l'émission d'une fatwa, ses conditions, ses procédés, ses composants, et ses convenances. Conscient de tout cela, on réalise, certes, que l'émission d'une fatwa n'est pas un processus facile pour encourager n'importe qui à prétendre être capable de le traiter.

Dans ces jours-ci et avec l'instabilité de notre situation culturelle créant une atmosphère favorable à l'apparition du faux Messie dont nous parlé le Prophète (P.B.S.L) dans le hadith rapporté Samora Ibn Jondob :
" Tout cela (Signes Précurseurs de l'Heure) ne pourrait avoir lieu qu'après avoir assisté à des événements déplorables qui prennent de l'ampleur aux tréfonds de vous-mêmes au point que vous vous interrogez si le Prophète en a fait mention ou non. "

Dans cette situation culturelle encore instable dont beaucoup de concepts n'ont pas encore pris forme, on assiste à l'apparition des Rowaybida (les soi-disant savants) qui débattent des questions touchant un grand public. Ils se dressent pour donner des conseils même d'ordre médical et émettre en fin du compte de fatwas même sans fondement scientifique et sans savoir du Coran que certains versets de petites sourates. Ces prétendus savants qui ne se soucient que d'accéder aux grands postes publics ne cessent pas de nous parler du communisme révolu ou de l'art moderne et cherchent à nous dépouiller de notre identité, de notre religion, et de notre histoire, et pour tout dire ils exercent sur nous une forme de terrorisme culturel.

Ils nous mettent devant un dilemme ou bien eux ou bien l'enfer. D'ailleurs, leur enfer n'est que le paradis et vice-versa. Ils ne sont, en fait, que des charlatans. Et pour échapper à leurs manœuvres, nous devons se munir de la patience, s'accrocher à la liberté responsable et laisser aux gens le soin de démasquer la banalité et la pensée superficielle de ces soi-disant savants. Nous demandons à Allah de nous accorder le bon sens et la réussite.