Emettre des fatwas est un devoir collectif
Question
L’émission d’une fatwa représente-t-elle un devoir collectif ou individuel ?
Réponse
Emettre des fatwas est un devoir collectif "Fard kifaya فرض كفاية[1]" ; car les Musulmans doivent avoir une personne bien qualifiée pour leur éclaircir l'avis religieux concernant les questions auxquelles ils sont confrontés. En fait, il n'est pas donné à tout le monde la possibilité d'assumer cette responsabilité ; ce noble poste doit être réservé à celui qui a la capacité de s'en charger.
D'ailleurs, prononcer des fatwas n'est pas un devoir individuel "Fard 'ayn فرض عين[2]" ; car, pour s'y procéder, on doit, tout d'abord, avoir une connaissance approfondie dans diverses branches de science. Si jamais cette tâche était imposée comme devoir individuel, cela aurait, pour conséquence, de détourner les gens de leurs soucis quotidiens pour se consacrer entièrement à l'acquisition des sciences nécessaires à ce noble poste.
On peut tirer la preuve de l'obligation d'émettre une fatwa du verset suivant :
" Allah a pris acte de la promesse des gens de l’Écriture de l’expliquer aux hommes et de ne pas en dissimuler la teneur. Mais, au lieu de cela, ils l’ont rejetée derrière leur dos et l’ont vendue à vil prix, pour recevoir la plus ignoble des marchandises en retour. [3]"
" Quiconque dissimule son savoir au point de refuser de donner des réponses à ceux qui l'interrogent se verra, le Jour Dernier, la bouche bâillonnée par une bride infernale[4]. "
Pour qu'on soit apte à accéder au poste du mufti ou du juge, les Ulémas ont compté comme devoir collectif le fait d'avancer les preuves, de trouver solution aux problèmes d'ordre religieux, de dissiper les doutes jetés dans l'esprit, et de se vouer aux sciences religieuses (Interprétation du Coran, sciences de Hadith, Fiqh.
L'émission des fatwas en tant que devoir collectif ne devient un devoir individuel "Fard 'yen" que dans ces cas précis :
1-Au cas où il n'existe, dans la région, qu'un seul savant pour répondre aux questions posées.
S'il y a bien d'autres savants, on est autorisé de leur laisser le soin d'y répondre. A cet égard, Abel Al Rahman Ibn Layla dit : " J'ai assez vécu pour voir 120 Compagnons ansarites dont chacun s'abstenait de prononcer une fatwa et demandait au questionneur d'aller en interroger un autre et ainsi de suite au point que le demandeur se trouve obligé de retourner, de nouveau, au premier à qui il a posé la question. "
On dit également qu'il appartient au seul savant trouvé dans la séance de fatwa d'assumer cette tâche.
2- Au cas où la personne à qui on pose la question connaît effectivement ou potentiellement l'avis religieux en la matière, sinon elle sera dispensée d'émettre une fatwa vu la peine à éprouver en cherchant une réponse convenable.
3- Au cas où il n'y pas de quoi qui empêche de donner une réponse, s'il agit par exemple d'une question absurde ou inutile, etc…