La fatwa occupe une plac" /> La fatwa occupe une plac" /> La fatwa occupe une plac" /> Dar al-Iftaa d'Égypte | Piliers de la fatwa

Piliers de la fatwa

Dar al-Iftaa d'Égypte

Piliers de la fatwa

Question

Quels sont les piliers de la fatwa ?

Réponse

La fatwa occupe une place de premier ordre en Islam. Les textes religieux illustrent bien cette réalité : 

 

« Ils te consultent au sujet des femmes, réponds-leur : « Dieu vous dictera Ses directives à leur sujet[1]. »

 

Dans le Coran, notre Seigneur déclare que c'est Lui, Exalté soit-Il, qui dicte Ses commandements à Ses fidèles ; alors, émettre une fatwa n’est qu’appliquer ces commandements divins.

 

 La fatwa est donc une loi appliquée au nom d’Allah au même titre que la prescription divine.

 

La fatwa n'est en fait qu'une interprétation des lois divines, en vue de les appliquer aux actes des serviteurs. Il s'agit donc d'une loi émise au nom d’Allah dans la mesure où le mufti dit au demandeur: « Il faut que tu fasses une telle chose ou il t'est interdit de faire une telle chose. ». Pour cette raison, on comparele mufti à celui qui interprète la Révélation d’Allah et sa tache ressemble à celle du vizir mandaté à signer à la place du roi.

Sur trois piliers est basé le processus de la fatwa :
 
Mufti – demandeur fatwa.
 
Mufti
 

 C’est celui qui, appuyé sur des preuves crédibles, donne l’avis religieux à quiconque le demande[2].

 
Demandeur
 

C’est celui qui demande l'avis religieux concernant une certaine question. A cet égard, il faut noter qu’il est obligatoire de demander l'avis religieux à propos d’une question dont la qualification religieuse est ignorée, pour, d’une part, se conformer à la Chari'a et éviter, d’autre part, de commettre, par ignorance, un péché ou de négliger une obligation religieuse. Ainsi, il incombe aux fidèles de demander la fatwa et de prêter oreille aux conseils des Oulémas.

 

En outre, il y a des règles à respecter en s’adressant au mufti, afin de profiter, autant que possible, de son savoir. S’y conformer crée, en fait, une atmosphère harmonieuse entre toutes les parties du processus de fatwa. Parmi ces règles, on cite :

 

_ Faire preuve de politesse à l'égard du mufti par respect pour son savoir et son poste prestigieux en tant que guide religieux.

 

- Ne pas insister à demander au mufti la preuve et le fondement sur lesquels est basée la fatwa émise.

 

Selon l’avis le plus prépondérant, il est déconseillé que le fidèle demande au mufti les preuves sur lesquelles il s’est appuyé pour émettre sa fatwa. En effet, cacher les preuves au demandeur ne doit pas faire penser que le mufti est intransigeant. Il faut prendre en compte que le demandeur, en tant qu’homme du commun, n’a pas assez du savoir lui permettant d’assimiler bien les techniques des arguments et leur force probante ou probable. Réclamer néanmoins les preuves, c’est alors causer des troubles et provoquer une polémique inutile entre spécialistes et non-spécialistes. Nous ne sommes pas contre les débats et l’enrichissement culturel et scientifique tant qu’ils soient restreints aux spécialistes. Le patient par exemple, en demandant au médecin les raisons de son diagnostic, n’en tire pas profit.     

 

-Eviter de poser beaucoup de questions hors sujet, surtout celles n’ayant aucune importance religieuse, celles basées sur l’imagination, et celles bien compliquées dont la solution est complètement inconnue.

Parlant des Compagnons, Ibn Abbas dit :

« Ils ne posaient que des questions utiles. »

 

 Ibn Abbas dit à 'Ekrema :

 « Donne aux gens des conseils d’ordre religieux et ne réponds pas à quiconque te demande ce qui ne le regarde pas. Ainsi, tu seras à l'abri des insistances des gens. »

 

- Chercher soigneusement le mufti. Le demandeur doit s'adresser à un savant bien versé dans les sciences religieuses dont l'habilité d’émettre des fatwas est bien reconnue. Il faut chercher, surtout ces jours-ci, le bon mufti tout comme on cherche le médecin habile. Avoir recours à un mauvais médecin, c'est mettre en danger sa vie, alors que demander conseil à un soi-disant savant c'est risquer de perdre la vie d'ici-bas et celle de l'au-delà.

 

 - Etre sincère, surtout lorsqu’il connaît que sa question contredit la réalité. Dans ce cas, le mufti émet sa fatwa selon ce que disent le demandeur et les indices explicites. En effet, si l’on s'attribue faussement un droit en se procurant des preuves et des faux témoins, la fatwa émise par le mufti est juste, pourtant, le demandeur de telle fatwa n’est pas tenu de s’y conformer sous prétexte qu’elle est délivrée par un mufti ; car le mufti n’aurait pas délivrée sa fatwa s’il était au courant de la réalité des choses et même s’il faisait confiance aux propos du demandeur. Le Prophète dit :

« Vous portez devant moi vos différends et il se peut que l'un de vous soit plus habile dans son argumentation que son frère et je juge, par conséquent, contre l’ayant-droit conformément à ce que j'ai entendu. Alors, s'il obtient, grâce à mon jugement, un droit qui ne lui appartient pas, qu'il ne le prenne pas, car c'est un morceau de l'Enfer que je lui donne[3]. »

 

- Le demandeur ne doit pas croire qu’une fois la fatwa est émise, il lui est autorisé de s’appliquer à la réponse contredisant la réalité ; car personne n’est plus consciente de la réalité que lui.  

 
Fatwa

La fatwa est l’éclaircissement, à l’appui d’une preuve, de l'avis religieux relatif aux incidents, aux actes ou aux questions dont la qualification religieuse est équivoque.

 

Le mufti doit suivre une méthode basée sur l'ordre prioritaire des sources de la législation, à savoir que si l'on demande au mufti l'avis religieux à propos d'une question, il faut le chercher tout d'abord dans le Coran, s'il ne l’y trouve pas, il le cherche alors dans la Sunna, sinon, il doit avoir recours au raisonnement analogique, et ce, jusqu'à ce qu’il trouve le jugement qui soulage sa conscience et ne déroge pas à l’avis consensuel الإجماع. Quant aux sources controversées comme celles basées sur le choix référentiel الإستحسانou sur l’application des lois des peuples monothéistes, elles sont applicables si le mufti, par l’ijtihad, trouve qu'elles sont valables. Si les avis divergent, le mufti doit opter pour l’avis prépondérant.

 

En cas d’aisance, le mufti ne doit pas délivrer sa fatwa selon l’opinion d’un des Moujtahid à moins qu’il ne lui apparaisse la prépondérance de cette opinion. De même, il ne peut pas donner une fatwa en se fondant sur l’avis prépondérant d’après sa propre estimation.  

La fatwa _ accompagnée par les conditions et les règles se rapportant à la réponse _ doitêtrerédigée dans un style précis et claire loin de la concision ou de la redondance poussées à l’extrême. Et ce, pour ne pas interpréter la fatwa d’une manière incorrecte ou s’en servir en vue de provoquer la dissension entre les Musulmans. La fatwa ne doit pas non plus être rédigée en des termes prêtant à plusieurs interprétations pour épargner au lecteur de tomber dans l’indécision. A cet égard, Allah dit :

« Ô vous qui croyez ! Craignez Allah et parlez avec droiture. [4] »

 

Il est préférable de mentionner la preuve sur laquelle est basée la fatwa s’agit-il d’un verset, d’un Hadith ou d’une autre preuve. Il est également préférable de citer la raison d’être ou la finalité de la sentence religieuse, car cela est susceptible de recevoir de bon gré le jugement et de bien saisir la visée de la réponse.

 

La fatwa ne doit pas comprendre ce qui affirme catégoriquement qu'il s’agit d’une sentence divine à moins qu'il n'existe un texte religieux l’approuvant. Concernant les questions sujettes à l’ijtihad, le mufti tient à éviter semblable affirmation. En outre, la fatwa doit passer par des étapes à respecter comme il est déjà souligné dans la fatwa intitulée (Etapes de Fatwa).



[1] Coran, an-Nissaa, 127

[2] Voire « Qui est le Mufti »

[3] Cité par al-Boukhari et Musleim.

[4] Le Coran, al-Ahzab, 70.

Partager ceci:

Fatwas connexes