Est-il religieusement permis de faire un testament en faveur d’un héritier ? Qu’en est-il du Hadith « Le testament en faveur d’un héritier est nul. » ?

Le Hadith selon lequel : « Le testament en faveur d’un héritier est religieusement invalide. » est un Hadith dit marfou’ مرفوع. Il est cité par l’imam Ahmad, at-Termizi, an-Nissaï, Ibn Maja d’après ‘Amr Ibn Kharija et jugé authentique par at-Termizi. Il est également cité par l’imam Ahmad, Abu Da’oud, at-Termizi qui l’a jugé authentique et Ibn Maja, d’après Abi Omama. Et voici le texte intégral du Hadith dans les deux versions précédentes :

« Allah, le Très-Haut, a déterminé pour chacun son droit ; c’est pourquoi, tout testament en faveur d’un héritier est religieusement invalide. » Dans une autre version rapportée par l’imam ad-Daraqotni d’après Ibn ‘Abass, il est dit : « Le testament en faveur d’un héritier est invalide à moins que les autres héritiers ne l’approuvent. » Al-Hafez Ibn Hajar l’a jugé bon. Il est également rapporté en mêmes termes par ad-Daraqotni d’après ‘Amr Ibn Cho’eb d’après son père d’après son grand-père. En effet, toutes ces versions ainsi que les voies de transmission indiquent que ce Hadith est vraiment authentique.

De plus, dans son ouvrage al-Oum, l’imam ach-Chaféi le considère comme un Hadith notoire Mutawatir متواتر en corroborant cela par sa transmission de l’avis unanime des Ulémas à ce propos. Il dit : « Les Moujtahids ainsi que les savants Koraïchites résidents en pays conquis conquêtes se mettent entièrement d’accord que le Prophète dit, l’année de la Conquête de la Mecque : « Le testament fait en faveur d’un héritier est invalide. ». En effet, ils l’ont transmis de mémoire en mémoire d’après des savants. Donc, la transmission de ce Hadith s’est réalisée de groupe en groupe, ce qui le rend plus fiable par rapport au Hadith rapporté par un seul transmetteur. » Pourtant, le texte de ce Hadith prête à plusieurs probabilités :

1_ Le testament en faveur d’un héritier est religieusement invalide comme l’indiquent al-Mazni, Da’oud az-Zahiri et at-Taqi as-Sobki.
2_ La validité du testament fait en faveur d’un héritier est conditionnée par l’approbation des autres héritiers, c’est, en effet, l’avis de la plupart des Ulémas ainsi que ce qu’indique le Consensus selon le dire de certains.
3_ L’interdiction porte seulement sur le caractère obligatoire du testament en faveur d’un héritier et non pas sur la validité ou le caractère contraignant. Par conséquent, un tel testament fait en faveur d’un héritier est permis et valide selon le texte explicite de ce verset :

« Il vous est prescrit, lorsque l’un d’entre vous est sur le point de mourir en laissant quelques biens, de faire un testament en faveur de ses père et mère et de ses parents les plus proches, suivant l’usage établi. C’est un devoir pour ceux qui craignent le Seigneur. » (Coran, al-Baqara, 180)

C’est, en effet, l’avis de l’imam al-Hadi, an-Nassir, Abi Taleb, et Abi Al-’Abbas comme l’indique Saheb al-Bahr hadouite. A l’appui de leur avis, ils avancent que l’abrogation du caractère obligatoire n’entraîne pas l’abrogation de la permission. En effet, la loi égyptienne a opté pour cet avis. Dans l’article 37, loi 71 pour l’année 1946 relative au testament fait en faveur d’un héritier, on stipule que : « Le testament dans la limite du tiers de l’héritage en faveur d’un héritier ou d’autre est valide. Son exécution doit avoir lieu même sans l’acceptation des autres héritiers. S’il dépasse le tiers, il est également valide et exécutoire ; mais l’exécution du surplus ne peut avoir lieu qu’après l’accord des héritiers responsables et conscients de ce qu’ils font. » Enfin, il est bien connu que l’avis du gouverneur met définitivement fin à la divergence ; puisqu’il lui appartient de choisir l’un des avis des Moujtahids à cet égard. Donc, s’y opposer n’est qu’une usurpation du droit du gouverneur. Par conséquent, en Egypte, le testament en faveur d’un héritier est exécutoire.

Et Allah Seul le sait par excellence