Réciter le Coran lors des condoléan...

Dar al-Iftaa d'Égypte

Réciter le Coran lors des condoléances

Question

Nous vivons dans un village en haute Egypte. Lorsqu'un homme ou une femme meurt, nous lui présentons nos condoléances pendant trois jours. Nous accueillons les gens de notre village ainsi que ceux venant des villages voisins pour présenter leurs condoléances. Nous faisons appel à un récitateur du Coran pour animer la soirée des condoléances. Mais ces jours-ci, certains gens nous ont surpris par leur audace lorsqu'ils ont jugé cet acte d'innovation réprimandée et d'illicite ; car il n'était pas pratiqué ni à l'époque du Prophèteﷺ , ni à celle des Compagnons. Ces gens-là précisent également que celui qui récite le Coran lors de la réception des condoléances est désobéissant et son salaire est illicite. En effet, cet avis a provoqué des polémiques entre partisans et contestataires. Nous souhaitons nous adresser à vous pour obtenir des informations afin de résoudre le conflit entre les habitants du village et déterminer si l'opinion de certaines personnes interdisant la récitation du Coran lors des cérémonies funèbres est justifiée ou non.

Réponse

L'Islam incite à la bonté, la miséricorde, l'entraide, la solidarité et à la consolation. Le Prophète ﷺ dit :         

« Les croyants, par leur amour mutuel et leur entraide indéfectible, sont unis en un seul corps, formant une communauté où la solidarité est reine. Ainsi, dès qu'un des leurs souffre, tous les membres de cette fraternité spirituelle ressentent une douleur lancinante, qui les tenaille et les accable de manière implacable, causant insomnies et fièvre. 1. »        

L'Islam exhorte ses fidèles à réconforter celui qui est dans la peine, pour alléger son fardeau. Le prophète de l'Islam ﷺ, dans un hadith éloquent, a fait la promesse d'une immense récompense à celui qui apaise les tourments de son prochain. :        

" Celui qui réconforte une personne triste sera récompensé autant que si c'était lui qui avait enduré la douleur avec patience. »        

Il dit également :        

" Au Jour Dernier, Allah va parer de dignité celui qui, de sa compassion, vient en aide à son frère tourmenté 2. »        

Il est recommandé au croyant de présenter ses condoléances à l'ensemble des membres de la famille du défunt, sans distinction d'âge ou de genre, qu'ils soient jeunes ou vieux, hommes ou femmes. Il est à souligner que les hommes ne doivent pas présenter leurs condoléances aux jeunes filles ou à celles dont on craint les charmes. Les condoléances ne doivent pas durer plus de trois jours à moins qu'on ne soit absent lors de l'enterrement ou qu'on ne soit au courant du décès.        

La réunion dans un pavillon préparé pour ce but figure parmi nos habitudes courantes qui ne sont pas en contradiction avec la noble Charia. En effet, cette réunion facilite au fidèle l’obligation de consoler l'affligé.         

Selon la Charia, les moyens revêtent le même statut que leurs objectifs à condition qu’ils ne soient pas interdits. Par conséquent, il est autorisé d'ériger des pavillons qui seront soigneusement entretenus, sans ostentation ni gaspillage, afin de recevoir un grand nombre de visiteurs venus offrir leur soutien et leur réconfort à la famille du défunt.        

Il en va de même pour la convocation des récitateurs du Coran pour animer la soirée des condoléances. A l'origine, cet acte est permis. Le salaire attribué au récitateur est considéré comme licite dans la mesure où il est versé pour le temps qu'il consacre à son travail et non pas en échange de sa récitation, pourvu que ce salaire ne soit pas prélevé sur l'héritage du défunt, qu'il ne soit pas motivé par l’ostentation et que les auditeurs écoutent attentivement la récitation du Coran.

Si la récitation du Coran, à cette occasion, a pour objectif l’ostentation, elle fera alors partie du gaspillage interdit. Si une part des frais de la récitation incombe aux héritiers mineurs du défunt ou bien si les héritiers éprouvent un besoin de cet argent payé pour cette récitation, l'interdiction sera donc plus grave encore.        

Il n'est pas permis de dépenser des biens du défunt ou d'un autre dans de tels domaines à moins que ce ne soit avec l’accord des héritiers. Ni les mineurs parmi les héritiers du défunt, ni celui qui ne veut donner de bon gré ne doivent assumer les charges de la soirée des condoléances. Assurément, les membres de la famille du défunt, toute préoccupée et même épuisée par les préparatifs de l’enterrement, ont souvent un besoin pressant de ceux qui pourraient alléger leur peine et les consoler par la bonne parole, et même par la nourriture et l’argent. Le hadith suivant exprime ce concept : " Préparez un repas pour la famille de Jafar, car elle a d’autres préoccupations1. »        

Dans son commentaire sur l'ouvrage intitulé Tohfat al-Mohtaj Bi Charh al-Menhaj d'Ibn Hajar al-Haythami, ach-chirwani dit que si la personne endeuillée craint que son comportement puisse être mal compris, il est approprié qu'elle accueille les personnes venues lui présenter leurs condoléances avec toute l'attention et l'hospitalité qu'elle peut offrir.

Par conséquent, la mise en place de tentes ou de pavillons pour accueillir les condoléances est généralement considérée comme une pratique acceptable, sous réserve qu'elle ne soit ni gaspilleuse, ni ostentatoire, ni qu'elle conduise à l'appropriation abusive des biens d'autrui. En d'autres termes, il est important que ces pratiques soient entreprises avec modération et humilité, sans chercher à attirer l'attention sur soi ou à faire étalage de sa fortune ou de son statut social devant les autres. Si ces principes ne sont pas respectés, ces pratiques deviennent alors prohibées.

- 1- Rapporté par al-Boukhari d'après an-Nu'man Ibn Bachir. 2- Rapporté par Ibn Maja. 3- Rapporté par Abou Daoud, Ibn Maja, al-Bayhaqi d'après Abdullah Ibn Ja'far.

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