Lors de l’allocution de Son Éminence au séminaire de la Faculté des études islamiques et arabes du gouvernorat de Kafr el-Cheikh, le Mufti de la République a affirmé : l’institution religieuse constitue la première ligne de défense face aux guerres idéologiques qui prennent pour cible la religion, la langue et la patrie, et qui cherchent à déformer la conscience de la nation de l’intérieur.
Son Éminence le Professeur Docteur Naẓīr Muḥammad ʿAyyād, Mufti de la République et Président du Secrétariat général des institutions de fatwa dans le monde, a affirmé que l’institution religieuse assume un rôle central dans la confrontation aux guerres idéologiques visant à altérer la conscience de la nation, à porter atteinte à sa religion, à sa langue et à son histoire, et à insuffler chez certains de ses fils une vision dévalorisante d’eux-mêmes et de leurs patries, dans une tentative d’asservir les esprits, de les vider de leurs valeurs et d’anéantir le présent et l’avenir de la nation. Il a précisé que la nation fait aujourd’hui face à des guerres plus dangereuses encore que les guerres armées : des guerres fondées sur la déformation de la conscience collective et la propagation du doute autour de l’identité et du message civilisationnel. Il a souligné que l’atteinte aux composantes de l’identité — religion, langue, histoire et patrie — transforme la nation en un corps sans âme et en une entité sans existence réelle, la privant de sa capacité d’agir et de bâtir.
Ces propos ont été tenus lors de l’allocution de Son Éminence à l’occasion du séminaire organisé par la Faculté des études islamiques et arabes pour jeunes filles dans le gouvernorat de Kafr el-Cheikh, sous le thème : « La guerre de l’identité et les moyens de la préserver », en présence du Professeur Docteur Zakī Ṣabrī, doyen de la faculté, du Professeur Docteur Māhir al-Jabalī, vice-doyen, de plusieurs chefs de département, ainsi que d’un grand nombre de membres du corps enseignant, de l’équipe pédagogique et des étudiantes.
Son Éminence a également indiqué que l’invasion militaire, quel que soit son degré de domination, est vouée à l’échec, ce qui a conduit les agresseurs à adopter des guerres idéologiques qui épuisent les richesses et brisent les espérances sans pertes matérielles directes, à travers l’attisement des divisions, l’accusation injustifiée de la religion et la lutte contre la langue arabe, considérée comme le pont reliant la religion, l’histoire, la patrie et l’être humain.
Il a insisté sur la nécessité de faire face à cette guerre qui vise à diminuer la valeur de l’être humain et à le transformer en une tête sans pensée et un corps sans âme, mettant en garde contre les discours prétendant une incompatibilité entre la religion et la raison ou une contradiction entre la religion et la science, dans le but de saper l’identité. Il a expliqué que la religion authentique est celle qui protège l’être humain, interagit avec la réalité et l’histoire, et est capable de construire une conscience équilibrée, apte à préserver l’identité et à en défendre les fondements face aux défis contemporains.
Il a enfin souligné que l’accusation de la religion de rigidité, d’extrémisme ou de fermeture constitue l’un des outils les plus dangereux de l’extrémisme, ces accusations étant exploitées pour associer la religion à des représentations déformées, présentées en dehors des règles juridiques et des fondements méthodologiques reconnus, ce qui conduit à la détourner de ses objectifs authentiques et à la vider de son contenu scientifique rigoureux.
Son Éminence a également abordé les appels qui se multiplient en faveur de la soumission de la religion aux réalités changeantes, sans cadres juridiques capables de préserver son autorité normative et sans garde-fous susceptibles de protéger son édifice cognitif. Il a cité à cet égard les questions liées à l’héritage, dont la philosophie législative repose sur de multiples considérations, notamment la différence des charges financières, des rôles et des responsabilités. Il a précisé que la femme n’hérite pas de la moitié dans toutes les situations, mais qu’il existe des cas où elle hérite davantage que l’homme, ou encore des situations où l’homme hérite alors qu’elle n’hérite pas. Traiter ces questions de manière fragmentaire vise à présenter la religion comme rigide et hostile à la raison.
Le Mufti de la République a expliqué que la relation entre la raison et la religion est une relation de complémentarité et non d’opposition, citant à l’appui la parole d’al-Rāghib al-Aṣfahānī :
« La raison est un guide et la religion un soutien ; sans la religion, la raison ne saurait subsister, et sans la raison, la religion demeurerait hésitante. Par leur union, la lumière s’ajoute à la lumière. »
Il a mis en garde contre les intentions malveillantes qui sous-tendent la dévalorisation de la religion, soulignant que la sharīʿa a rendu obligatoire l’usage de la raison, tout en l’encadrant par la droiture de la nature originelle et l’objectivité, afin qu’elle soit un instrument de construction et non un moyen de destruction.
Son Éminence a précisé que le Saint Coran a établi le principe de la limitation de la raison humaine, affirmant que, quelle que soit l’ampleur du savoir humain, celui-ci demeure fondamentalement limité, et que le Coran est un Livre de guidance et non un ouvrage de sciences expérimentales, porteur d’une méthodologie globale apte à guider l’humanité à travers les époques.
Il a également souligné que Dar al-Iftā’ d’Égypte adopte une approche fondée sur le respect de la spécialisation et le recours aux experts compétents dans les questions contemporaines et scientifiques complexes, convaincue que la rigueur de la fatwa ne peut être garantie que par l’intégration de la connaissance religieuse et de l’expertise spécialisée dans les différents domaines. Il a expliqué que, dans le cadre des deux sphères de l’autorité et de la responsabilité, le savant, le médecin et l’ingénieur agissent selon une logique d’utilité et d’intérêt, tandis que la religion intervient pour mettre en évidence les valeurs éthiques et les normes juridiques qui encadrent ce processus.
Il a affirmé que des valeurs morales dépourvues de référence religieuse relèvent de l’absurde et d’un utilitarisme pur, incapable de réguler les comportements ni de préserver la dignité humaine. Il a ainsi critiqué les philosophies fondées sur la relativité des valeurs morales et la justification des moyens par les fins, estimant que cette conception est en contradiction avec la sharīʿa islamique, laquelle fonde l’échelle des valeurs sur des principes constants plutôt que sur les passions, et établit un lien éthique rigoureux entre les finalités et les moyens.
Le Mufti de la République a mis en garde contre les tentatives visant à marginaliser la langue arabe, en dépit de l’honneur qui lui a été conféré en tant que langue du Coran. Il a déploré cette réalité linguistique troublée qui a engendré des générations ne maîtrisant pas la langue arabe et la mêlant aux langues étrangères. Il a également attiré l’attention sur le fait qu’une nation dépourvue de mémoire historique est une nation privée de civilisation, soulignant les tentatives de promotion de certaines philosophies étrangères comme modèle unique de la pensée rationnelle, tout en occultant leurs origines orientales et leur profonde influence par l’héritage des savants musulmans. Il a précisé que la nation ne saurait se relever en posant un pied en Orient et l’autre en Occident sans une conscience claire de son identité civilisationnelle.
Son Éminence a par ailleurs réfuté l’allégation selon laquelle l’islam se serait répandu par le glaive, affirmant que l’épée n’ouvre pas les esprits mais ne fait qu’atteindre les corps. La preuve de l’inanité de cette thèse réside dans le fait que les peuples ayant embrassé l’islam ont conservé leurs spécificités culturelles et civilisationnelles, leur identité n’ayant nullement été effacée ; au contraire, ils ont contribué à l’enrichissement de la civilisation humaine. Il a insisté sur le fait que la patrie constitue le cadre protecteur de la religion et le garant des finalités de la sharīʿa, et que sa préservation et sa défense relèvent d’une responsabilité à la fois religieuse et nationale, indissociable de la sauvegarde de la religion et de l’identité.
À l’issue du séminaire, le Professeur Docteur Zakī Ṣabrī, doyen de la Faculté des études islamiques et arabes pour jeunes filles de l’Université al-Azhar – antenne de Kafr el-Cheikh, a remis le bouclier honorifique de la faculté à Son Éminence le Mufti de la République, en reconnaissance de ses efforts scientifiques et de son action de prédication, ainsi que de son rôle éminent dans l’ancrage d’une conscience religieuse éclairée et dans la confrontation aux défis intellectuels contemporains. Il a exprimé la fierté de la faculté d’avoir accueilli Son Éminence et salué la profondeur de son exposé scientifique, qui a contribué à enrichir la conscience des étudiantes et des membres du corps enseignant, et à renforcer l’attachement à la religion et à la patrie.
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