Verser la Zakat en faveur des maiso...

Dar al-Iftaa d'Égypte

Verser la Zakat en faveur des maisons de retraite

Question

Est-il religieusement permis de payer la Zakat pour construire une maison de retraite pour les personnes âgées et financièrement incapables ?

Réponse

En principe, les destinations de la Zakat sont au nombre de huit comme le précise clairement ce verset coranique : « Les aumônes sont destinées aux pauvres, aux nécessiteux, à ceux qui sont chargés de recueillir ces dons et de les répartir, à ceux dont les cœurs sont à gagner, au rachat des captifs, aux endettés insolvables, à ceux qui se consacrent à la cause de Dieu et aux voyageurs démunis. C’est là un arrêt de Dieu, et Dieu est Omniscient et Sage . ». Alors, la Zakat est destinée à l’Homme avant l’édifice. D’après les savants, elle doit être donnée en possession à la personne méritant la Zakat sauf si cela s’avère difficile tout comme la Zakat versée dans « le Sentier d’Allah ». Notons que les savants ont limité la Zakat versée dans cette destination aux travaux de Djihad, à la diffusion du savoir et à l’appel au chemin d’Allah. En effet, l’appel au chemin d’Allah peut se produire aussi bien par la force du verbe que par le djihad comme l’indique bien ce verset : « Ne cède donc point aux infidèles ! Que ce Coran te serve à les combattre avec vigueur ! ». Pourtant, certains savants ont élargi le champ de cette destination pour contenir, en cas de besoin, tous les actes de bienfaisance et de charité et la réalisation des intérêts publics sans pour autant exiger la condition de la donner en possession. Dans Bada’i as-Sana’i (2/45. Ed. Dar al-Kotob al-‘Ilmyya), l’imam al-Kasani dit : « L’expression coranique « Dans le sentier d’Allah » englobe tous les actes pieux et les actes de charité. ». Dans Mafatih al-Ghayb (16/87. Ed. Ihyaa’ at-Torath al-‘Arabi, Bayreuth), l’imam al-Fakhr ar-Razi dit : « L’expression coranique « Dans le sentier d’Allah » ne doit pas être restreinte au simple fait de fournir des provisions aux combattants. Dans son exégèse, al-Qaffal indique qu’un nombre de jurisconsultes ont autorisé de consacrer la Zakat à toutes les œuvres pieuses comme par exemple les préparatifs de l’enterrement d’un mort, la construction des forteresses ou des mosquées et qu’ils s’appuient dans leur autorisation sur le caractère général qu’implique l’expression coranique « dans le sentier d’Allah ».

Dans al-Moghni (6/469. Ed. Maktabet al-Qahera), Ibn Qodama va dans le même sens en se référant à l’avis d’Anas Ibn Malek et d’al-Hassan al-Basri : « La Zakat consacrée à la construction des ponts et au pavage des chemins est une aumône agréée auprès d’Allah. », avis également adopté par l’école imamite ainsi que par un nombre de jurisconsultes zaydites.

Et par conséquent, la Zakat est, en principe, n’est pas destinée à la construction d’un bâtiment sauf dans le cas de besoin et en absence d’autres alternatives de charité. En effet, la satisfaction des besoins nécessaires du pauvre sur le plan de l’habillement, de la nourriture, de l’habitation et de l’éducation est visée en premier lieu par l’institution de la Zakat comme l’affirme bien ce hadith : « La Zakat est prélevée sur les biens des riches pour être donnée aux pauvres . ». La construction d’une maison de retraite n’implique pas le transfert de la possession au pauvre qui représente l’objectif suprême de la Zakat. Donc, l’autorisation donnée à la construction d’une maison de retraite est une exception à la règle générale pour satisfaire un certain besoin. Une fois adopté cet avis, la maison de retraite revient de droit à l’ensemble des Musulmans sans pour autant priver les non-Musulmans d’en tirer profit par analogie à la construction des chemins et des ponts d’utilité publique. Dans ce cas d’exception, il ne convient pas d’alléguer que la Zakat est une spécificité musulmane ; car le profit tiré d’un bien d’utilité publique n’a rien à voir avec l’objectif visé avant sa réalisation tout comme la Zakat offerte à un non-Musulman par un bénéficiaire en guise d’hospitalité, acte religieusement permis sans contestation aucune.

Et Allah Seul le sait par excellence.
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[1] Coran, at-Tawba, 60.

[1] Coran, al-Furqan, 52.

[1] Rapporté par al-Boukhari (2/128 numéro 1496. Ed. Dar Touq an-Najah) et Muslim (1/51 numéro 19. Ed. Dar Ihyaa’ at-Tourath al-‘Arabi, Beyrouth).   

 

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