Haut-parleurs dans les mosquées

Dar al-Iftaa d'Égypte

Haut-parleurs dans les mosquées

Question

Est-il permis de mettre, périodiquement, des haut-parleurs dans la mosquée, pour diffuser les prières et les prêches pour habitants du quartier ? Les partisans de cette opinion prétendent que c'est une façon de faciliter l’écoute des paroles divines aux gens qui se trouvent à la mosquée ou ailleurs. Il est à noter qu’il existe, dans le même quartier, d'autres mosquées où les fidèles écoutent clairement cette voix diffusée. Peut-on justifier la légitimité de cet acte par la parole suivante du Prophète : « Ce qu'Allah aime entendre le plus, c'est la récitation coranique faite à haute voix par un Prophète doué d'une belle voix. » 

Réponse

    Cette pratique est interdite et inappropriée, elle ne fait qu'éloigner les gens du chemin d'Allah. Allah dit :  « Et ceux qui offensent les croyants et les croyantes sans qu'ils l'aient mérité, se chargent d'une calomnie et d'un péché évident1 . »      D'après Ibn-Abbas, le Prophète dit :  « En Islam, nul tort n'est à causer, ni à subir. Le Musulman est celui qui ne cause pas de préjudices aux Musulmans, ni par la parole, ni par l'acte2 . ». Ces Hadiths et beaucoup d'autres encore interdisent de nuire aux gens soit par l’acte ou la parole. En outre, cette interdiction s’aggrave davantage si cet acte préjudiciaux touche les voisins vu le caractère sacré donné aux droits du voisinage. Allah dit : « Adorez Allah et ne Lui donnez aucun associé. Agissez avec bonté envers (vos) père et mère, les proches, les orphelins, les pauvres, le proche voisin, le voisin lointain, le collègue et le voyageur, et les esclaves en votre possession, car Allah n'aime pas, en vérité, le présomptueux, l'arrogant3. »      Dans le même sens, le Prophète dit :      « Par Allah, ne sera pas compté parmi les croyants…! Par Allah, ne sera pas compté parmi les croyants …! Par Allah, ne sera pas compté parmi les croyants…! », « Qui Ô Envoyé d'Allah ? », Interrogeant-on. « Celui dont le voisin n'est pas à l'abri de ses torts. », Répondit-le Prophète.  Même s'il s'agit d’une récitation coranique ou d’un discours religieux, les haut-parleurs utilisés dans les mosquées et le bruit qu’ils provoquent représentent une agression évidente contre les gens. Il est à noter également que la situation peut s’aggraver davantage et le péché devient plus grave.     En effet, cette agression contre le calme et le repos des voisins au sein de leur maison, provoque leur colère contre les agresseurs, l'endroit duquel émane ce bruit (la mosquée) et même la matière diffusée (Parole divine ou prophétique). Pire encore, les habitants du quartier lésés peuvent, sous l’effet de la colère, aller jusqu’à tomber dans le péché en proférant des injures.     Allah interdit d’injurier les divinités des Polythéistes (une des règles principales de la foi musulmane) pour ne pas les inciter, en revanche, à insulter Allah, le Très-Haut qui dit : « N'injuriez pas ceux qu'ils invoquent, en dehors d'Allah, car par agressivité, ils injurieraient Allah, dans leur ignorance4 . ». De même, le Prophète dit : « Parmi les péchés capitaux figure l'injure que l'homme profère contre ses parents. ».  - « O Envoyé d'Allah, est-il logique qu’on injure ses propres parents ? », s'exclama-t-on. - « Oui, c'est quand on insulte le père ou la mère d'un homme qui, par vengeance, insulte aussi son père ou sa mère. ». De plus, hausser la voix de cette manière déconcentre les fidèles qui font la prière dans des mosquées voisines.  A cet égard, Allah dit : « Et dans ta Salat, ne récite pas à voix haute ; et ne l'y abaisse pas trop, mais cherche le juste milieu entre les deux5 . ». Voyant quelques gens prier le Seigneur à haute voix à la sortie de chez lui, le Prophète dit : « Le fidèle se confie à son Seigneur, qu'il fasse donc bien attention à ce qu'il dit et à la manière dont il parle, et qu'il n’élève pas la voix à la récitation du Coran6. ». Quant à la parole du Prophète « Ce qu'Allah aime entendre le plus, c'est bien la récitation à haute voix du Coran par un Prophète doué d'une belle voix. », elle est rapportée par les deux Cheikhs al-Bukhari et Muslim d’après Abou-Hurayrah. Dans son interprétation de ce Hadith, Ibn Battal dit : « Le Prophète, en disant : « Embellissez le Coran avec vos voix », s'adresse à ceux ayant une belle voix, et non pas à ceux aux voix désagréables. »     Allah dit : « La plus détestée des voix, c'est bien la voix des ânes7. ». En effet, Allah a qualifié de détestable la voix de l’âne vu sa forte tonalité inappréciée. Le Hadith figuré dans la question soutient ce sens et appuie notre point de vue. Plus précisément, la phrase (la récitation à haute voix du Coran), vise, dans son sens implicite, la lecture claire du Coran accompagnée d’une belle voix et non pas la haute voix gênante. Sans doute, réciter, avec une belle voix, le Coran est de nature à pousser les fidèles à y prêter une oreille attentive. S’adressant à Son Messager, Allah dit : « Et dans ta Salat, ne récite pas à voix haute ; et ne l'y abaisse pas trop, mais cherche le juste milieu entre les deux8 . ». S’adressant aux croyants, Allah dit : « Ô vous qui avez cru ! N'élevez pas vos voix au-dessus de la voix du Prophète, et ne haussez pas le ton en lui parlant, comme vous le haussez les uns avec les autres sinon vos œuvres deviendraient vaines sans que vous vous en rendiez compte9 ». Ce verset prouve que le fait d'élever la voix au-dessus de celle de l'interlocuteur lui fait du tort, ce qui représente un péché. Donc, s'appuyer sur ce Hadith pour justifier cet acte est inadmissible. En effet, ce Hadith recommande aux Prophètes de réciter leurs livres révélés, de se contenter de ses enseignements, de les transmettre sans réserve à leurs peuples. Le Hadith ne peut pas en aucun cas être un appel à faire des Livres Sacrés et de la Parole divine une source de gêne ou de nuisance.    

Coran, al-Ahzab, 58.

Cité par Muslim d’après Jabir.

Coran, al-Nissa, 36. 

Coran, al-An’am, 108.

Coran, al-Israa,110. 

Cité par l'imam al-Nassâ’î dans son ouvrage al-Kubra et dans d'autres, d'après Abu-Hazm al-Tammar, selon al-Bayadi.

Coran, Luqman, 19.

Coran, al-Israa, 110.

Coran, al-Hujurat, 2.

 

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