Fête des mères

Dar al-Iftaa d'Égypte

Fête des mères

Question

Célébrer la fête des mères est-il une innovation réprimandée en matière de religion ?

Réponse

    L'Homme est la création la plus honorée. Allah, le Très-Haut, le créa avec Sa Main, y souffla de Son âme, ordonna aux Anges de se prosterner devant lui et chassa Satan de Sa Miséricorde lorsqu’il désobéit orgueilleusement à cet ordre. En effet, respecter l’Homme, c’est se parer alors d’une qualité angélique sur laquelle la civilisation islamique fut établie alors que l’humilier, c’est une tendance diabolique à cause de laquelle maintes civilisations se furent effondrées comme l’indique bien ce verset :

« Le toit s'écroula au-dessus d'eux et le châtiment les surprit d'où ils ne l'avaient pas pressenti[1]. »
 
« Car quiconque prend le Diable pour allié au lieu d'Allah, sera, certes, voué à une perte évidente[2]. »
 
« Allez-vous cependant le prendre, ainsi que sa descendance, pour alliés en dehors de Moi, alors qu'ils vous sont ennemis ? Quel mauvais échange pour les injustes ![3] »
 
Quels que soient le sexe, la race ou la couleur, l’Islam a honoré l’Homme en tant que tel. A cet honneur relatif au genre, l’Islam ajoute celui accordé pour la mission à laquelle l’Homme est destiné conformément à la nature de sa création.
 
Egalement, l’Islam a honoré les parents en tant que cause de la procréation et de la continuité de la race humaine. Ainsi lia-t-Il la reconnaissance envers les parents à celle envers Allah :
 
« Nous avons commandé à l'homme [la bienfaisance envers] ses père et mère; sa mère l'a porté [subissant pour lui] peine sur peine: son servage a lieu à deux ans. «Sois reconnaissant envers Moi ainsi qu'envers tes parents. Vers Moi est la destination[4]. »
 
De même, Allah mentionne l’ordre de faire preuve de bienfaisance à l’égard des parents juste après celui de L’adorer :
« Et ton Seigneur a décrété : « N'adorez que Lui ; et (marquez) de la bonté envers les pères et les mères[5]. »
 
En outre, Il a fait des parents la cause apparente de la procréation ; c’est pourquoi, ils constituent l’aspect le plus manifeste de la création. Et c’est également, pour eux, une honorification supplémentaire.        
 
De son côté, le Prophète a fait de la mère celle qui mérite la plus la piété filiale. A cet effet, elle occupe un rang plus élevé que celui du père.
 
D'après Abou-Horayra :
Un homme vint auprès du Messager d'Allah et lui dit : « Ô Messager de Allah ! Lequel de mes parents qui mérite le plus mon affection ? »
Le Prophète répondit : « Ta mère. »
L'homme reprit : « Et qui encore ? »
Le Prophète répéta : « Ta mère. »
L'homme demanda : « Et qui encore ? »
Le Prophète répéta encore : « Ta mère. »
L'homme demanda encore une fois : « Et qui encore ? »
Le Prophète répondit : « Ton père[6]. »
 
La relation entre mère et enfant, comme l’établit bien la Chari’a, est une relation innée et héréditaire et la filiation maternelle de l’enfant ne dépend pas du fait qu’il soit le fruit d'un mariage ou d’un adultère ; il est en tous les cas son enfant contrairement au cas du père à qui la filiation n’est constatée que par la voie légale.
 
L’ordre d’avoir de l’affection pour la mère, de prendre soin d’elle et de faire preuve de gratitude à son égard constitue les plus illustres aspects de son honorification. La Chari’a n’interdit point de consacrer une occasion pour que les enfants expriment leur piété filiale envers leurs mères ; car il s'agit tout simplement d'un acte conventionnel n'ayant rien à voir avec l'innovation réprimandée comme le prétendent beaucoup de gens. En effet, l'innovation réprimandée concerne seulement les actes n’ayant aucun fondement dans la Chari'a comme l’indique bien ce Hadith :
 « Toute innovation contraire à notre religion est à rejeter[7]. »
 
D’après ce Hadith, toute pratique ayant un fondement dans la religion n'est pas à rejeter. De même, le Prophète a ratifié la commémoration des fêtes nationales chez les Arabes ainsi que des victoires réalisées par leurs tribus.  
 
D’ailleurs, le Prophète rentra un jour chez Aicha où il vit deux jeunes filles chanter les exploits du jour de Bo’ath, et il ne leur défendit pas[8]. »
 
« Le Prophète a visité la tombe de sa mère Aménah le jour de la célébration de la guerre de Alfay Mokanna’. Il n’a été jamais vu aussi pleurant que ce jour-là.[9] »
 
 En effet, chez les Musulmans, le terme maternité, dont la connotation est bien évidente, a une signification très raffinée et valorisée. Dans la langue arabe, le mot mère porte sur la racine, l'habitat, le chef ou le servant (c'est-à-dire celui qui sert les gens et les nourrit). Cette dernière signification fut rapportée par l’imam ach-Chafé’i, l’un des plus grands savants doués en matière de linguistique. A ce propos, Ibn Dorayd ajouta : 
« Tout mot servant de racine à d’autres dérivations ou subordinations est appelé chez les Arabes ‘‘mère’’ ». Donc, la Sainte Mecque est appelée Om el Qora (mère des villes), puisqu’elle est le centre de la Terre, la Qibla vers laquelle on se dirige en prières et la ville la plus noble. »
 
Et puisque la langue représente le moyen de la pensée, le reflet du concept de ce mot chez le Musulman est lié à cet être honoré, qu’Allah fit de lui le foyer de la procréation. Et pourquoi pas ? Allah a inspiré à la mère l’habilité de diriger et éduquer cette ‘petite créature’ et Il lui a fait aimer son service et le ménagement de ses affaires. C'est pourquoi, la mère constitue la source de la tendresse et de l'affection dans laquelle puisent ses enfants ces qualités sublimes.
 
Comme le sens est évident aussi bien dans la langue que dans la dérivation de la racine originale du mot, notre patrimoine culturel a également mis en valeur ce sens, notamment dans l'emploi structural de l'expression "lien de parenté", littéralement "lien de matrice" car cette qualification représente le symbole de la solidarité familiale en tant que pierre angulaire de la société humaine. Personne n'a aussi de mérite que la mère qui personnifie la vie, contribue à fonder la famille et met en évidence les sens de la clémence. Le point culminant de ce concept est accentué par l'Islam dans la métaphore que le Prophète fit dans le Hadith suivant :
« Le lien de parenté s'est accroché au Trône Divin disant : « Qu'Allah maintienne Ses liens avec celui qui me maintient ! Qu'Allah rompe avec celui qui me rompt ! »
 
De même, dans le Hadith Qodsi, Allah, le Très-Haut dit :
« Je suis Allah, et Je suis ar-Rahman (le Miséricordieux), Je créai (Al-Rahem) la matrice dont le nom est dérivé du Mien ; celui qui garde ses liens de Rahem (liens de parenté), Je garderai Mes liens avec lui, et celui qui les rompt, Je ne le connaîtrai plus[10] ! » 
      
Le concept raffiné de la maternité a une connotation précise sur le plan linguistique, culturel et religieux. Cette connotation nous permet de percevoir un grand écart entre nous et l'autrui chez qui les valeurs familiales sont disparues et les liens de parenté sont tellement disloqués. C'est pourquoi, on voit l'autre se précipiter à de telles occasions et éprouver un grand désir de les célébrer pour évoquer un de ces sens qui lui manquent. Cette sorte de fête est devenue pour les enfants une manière de "mendier ce genre de sentiments" dont ils tirent l'attention à la nécessité de se rappeler les mères en leur présentant des cadeaux symboliques. En effet, c’est une bonne chance surtout avec ce rythme rapide de la vie qui court sans arrêt.
      
Malgré la divergence et la différence entre notre culture et celle de l'autre dont la réalité a mis au jour de telles occasions, il n'y a aucun inconvénient religieux de les célébrer. Par contre, nous trouvons que la participation à ces occasions contribue à la propagation des sens de bienfaisance filiale au moment où l'ingratitude évidente cause une grande amertume et une grande peine. Nous trouvons en le Prophète le bon exemple : il aimait les bonnes mœurs, les louait et comblait d’éloges celui qui les faisait, même s'il professait une autre religion que l'Islam. Prenons ce Hadith à titre d'exemple :
« Le Prophète reçut la fille de Hatem Al-Tai' parmi les prisonnières de la tribu Tay'e. Elle suppliât le Prophète : « Ô Mohamad! Ne me libères-tu pas, pour que les rancuniers des autres tribus arabes ne se réjouissent pas de mon malheur ? Vue que je sois la fille du chef de la tribu, et que mon père protégeait les faibles, soulageait le besogneux, offrait la nourriture et les vêtements, recevait en hospitalité ses hôtes, saluait tout le monde, et ne refusait jamais une demande de quiconque. Moi, je suis la fille de cet homme. ». Alors, le Prophète répondit : « Ô jeune fille ! Tel est, vraiment, le caractère des croyants ; si ton père l'était, nous allions demander à Allah de lui accorder Sa grâce. Libérez-la pour la faveur de son père qui aimait les bonnes mœurs comme Allah, le Très-Haut, aime les bonnes mœurs. Abou Borda Ibn-Niar se leva demandant : « Ô messager d'Allah! Allah aime-t-Il les bonnes mœurs ? » Il répliqua : « Par le nom de Celui qui possède mon âme ! Personne ne rentrera au Paradis que sauf si elle aime les bonnes mœurs[11]. »
 
De même, le Prophète dit :
« Je connais un pacte fait dans la maison d'Ibn Joda'an que je préfère sur les grandes fortunes ; et si, dans l'ère islamique, on m'invite à joindre ce pacte, je le joindrai.[12] 
 

                D'après cette explication, la célébration du jour des mères est religieusement permise. Cependant, l'innovation réprimandée est celle qui a été produit sans aucun fondement religieux. En effet, tout ce qui a un fondement religieux ne saurait être rejeté et il n'y a pas de péché à celui qui le fait.

 


[1]Coran, an-Nahl, 26.
[2]Coran, an-Nissa, 119.
[3]Coran, al-Kahf, 50.
[4]Coran, Luqman, 14.
[5]Coran, Israa, 23.
[6]Cité par al-Boukhari et Musleim.
[7]Cité par al-Boukhari et Musleim d’après Aicha.
[8]Cité dans les deux Sahihs d’après Aicha.
[9] Rapporté par al-Hakem, cité et authentifié par Musleim. 
[10]Cité par Abou-Daoud et at-Termizi, et authentifié par le Hadith d’Abdul Rahman Ibn ‘Ouf.
 [11]Cité par al-Boukhari d’après le Hadith de ‘Ali Ibn Abi Taleb.
[12]Cité par al-Boukhari d’après le Hadith de talha Ibn ‘Abdullah Ibn ‘Ouf. Remarque : Dans la période préislamique, des tribus de Qorayche se sont réunis dans la maison de Ibn Joda'an (vue son honneur et sa noblesse entre les Arabes). Ils se sont mis d'accord à rendre justice à tous les innocents de la Mecque ou hors la Sainte ville. Et ils ont l'appelé pacte de Fodoul.
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