Vote des femmes
Question
Dans la mosquée de l'Université d'East Anglia qui se situe à Norwich au Royaume-Uni, on a établi un conseil consultatif comprenant certaines femmes anglaises et arabes. Il est à noter que les décisions de ce Conseil sont soumises au vote.
Les femmes ont-elles alors le droit de voter, ou seules les voix des hommes comptent ?
Réponse
L'Islam a instauré l'égalité entre hommes et femmes en termes de droits et de responsabilités, tout en prenant en compte les différences naturelles entre les deux sexes. Les droits des femmes sont entièrement assurés, leur position sociale est élevée, leur place est prestigieuse et elles ont la garantie d'une indépendance financière. Les femmes ont également le droit de gérer toutes leurs affaires légales et civiles, dans la mesure où cela ne contredit pas leur nature féminine.
Cette égalité entre hommes et femmes implique la possibilité d'échanger des points de vue sur les affaires publiques et privées, ainsi que sur des questions religieuses ou même profanes. Les preuves qui attestent cette réalité sont nombreuses. Nous en citons ce dire d’Allah :
« Les croyants et les croyantes sont alliés les uns des autres. Ils commandent le convenable, interdisent le blâmable1. »
Ce verset ordonne aux hommes et aux femmes d'accomplir ces deux devoirs, soulignant ainsi l'égalité des sexes. Le droit de vote est bien sûr inclus dans ces deux devoirs. Dans cet esprit, on peut citer le serment d'allégeance prêté par les femmes au Prophète, par lequel elles promettaient de suivre les enseignements de l'Islam de tout leur être.
A cet égard, Allah dit :
« Ô Prophète ! Quand les croyantes viennent te prêter serment d'allégeance, [et en jurent] qu'elles n'associeront rien à Allah, qu'elles ne voleront pas, qu'elles ne se livreront pas à l'adultère, qu'elles ne tueront pas leurs propres enfants, qu'elles ne commettront aucune infamie ni avec leurs mains ni avec leurs pieds et qu'elles ne désobéiront pas en ce qui est convenable, alors reçois leur serment d'allégeance, et implore d'Allah le pardon pour elles. Allah est certes, Pardonneur et Très Miséricordieux2. »
En outre, le Prophète ﷺ a consulté sa femme Om-Salama au sujet de la réconciliation de Hodaybeya. Enfin, Asmaa, fille d’Abou-Bakr, conseillait à son fils Abdoullah Ibn az-Zobayr au cours de son soulèvement en faveur de l’Islam.
Logiquement parlant, empêcher la femme de voter, c’est lui ordonner implicitement de ne pas transmettre son savoir et son expérience au service des gens, acte jugé abominable par la Charia. A cet effet, Allah dit :
« Allah prit, de ceux auxquels le Livre était donné, cet engagement : « Exposez-le, certes, aux gens et ne le cachez pas. ». Mais ils l'ont jeté derrière leur dos et l'ont vendu à vil prix. Quel mauvais commerce ils ont fait3 ! »
Il est bien connu que « ceux auxquels le Livre était donné » sont aussi bien les hommes que les femmes religieusement responsables. Personne n'ose prétendre que la responsabilité religieuse est l’apanage des hommes. En effet, le pronom relatif arabe الذين alladhina, figurant dans le verset sous forme masculine, porte, en fait, sur les deux sexes par la voie de la domination grammaticale du masculin sur le féminin, style majoritairement adopté par le Coran et la Sunna dans beaucoup d’endroits. De sa part, le Prophète ﷺ dit :
« Celui qui s’empêche de transmettre son savoir aux gens, Allah le bâillonnera, le Jour Dernier, avec une bride de feu4. »
Pour souligner l'importance d’ordonner le bien et de prodiguer de bons conseils autant que possible, on avance ce verset :
« Les faibles, les malades ainsi que ceux qui manquent de moyens pour s’équiper ne sont pas tenus d’aller à la guerre, pourvu qu’ils soient sincères envers Allah et Son Prophète. On ne doit pas s’en prendre à ceux qui font le bien, car Allah est Clément et Miséricordieux5. »
Dans ce verset, dispenser de reproche les gens qui ont raté le Djihad pour cause de faiblesse, de maladie, de manque de moyens est conditionné par la sincérité envers Allah et Son Messager ﷺ.
Dans le même esprit, le Prophète ﷺ dit en réitérant trois fois :
« La religion, c’est le bon conseil. »
- « Pour qui doit-on le donner ? » Demanda-t-on.
- « Pour Allah, répondit-il, pour Son Livre, pour Son Prophète, pour les imams et pour l'ensemble des Musulmans6. »
Cette égalité de droits et de devoirs, une fois établie et assimilée bien par les savants, il est devenu un principe de base en matière de religion le dire du Prophète :
« Les femmes sont les sœurs des hommes7. »
Si certains pensent que les femmes en tant que telles sont démunies du savoir nécessaire au vote surtout en matière de questions religieuses. Il nous suffit, pour dissiper cette idée fausse, d’avancer l’exemple d’Aicha et son école juridique où se sont formés beaucoup de savants-hommes. Sans parler de la fille de Said Ibn al-Mosayb, de Karima, rapporteuse d'al-Boukhari et d’un grand nombre de femmes savantes éminentes, pieuses et pures. Il est par ailleurs connu que parmi les raisons de la polygamie du Prophète ﷺ, sa volonté bénite à ce que sa tradition orale et oculaire soit transmise par ses épouses, constat prouvé par ce verset :
« Gardez dans vos mémoires ce qui, dans vos foyers, est récité des versets d'Allah et de la sagesse. Allah est Doux et Parfaitement Connaisseur8. »
En l’espèce, la femme a le droit de voter au conseil susmentionné sur le pied d’égalité avec l'homme.
- 1- Coran, at-Tawba, 71. 2- Coran, al-Mumtahina, 12. 3- Coran, al-‘Mran, 187. 4- Cité par Abou-Daoud, at-Termizi (qui le qualifie de bon), Ibn-Maja et Ahmad, d'après Abou-Horayra. 5- Coran, at-Tawba. 91. 6- Cité par Mouslim, Abou-Dawoud, an-Nassâ’î et Ahmad ; d'après Tamim ad-Darei, et par at-Tirmidhi (qui le qualifie de bon) et an-Nassâ’î selon Abou-Horayra. 7- Cité par at-Tirmidhi, Ibn-Maja et Ahmad, d'après le Hadith rapporté par Aicha. Al-Monawi en dit « Sa chaîne de transmission est bonne. ». Rapporté également, d’après Anas, par Abu Dawoud ad-Darami et al-Bazzar. A son sujet, Ibn al-Qattane « Sa chaîne de transmission est bonne. » 8- Coran, al-Ahzab, 34.